Vu cette semaine, de Yannis Youlountas, un cinéaste gréco-occitan-français (le métissage produit toujours d'heureuses rencontres), le très beau Je lutte donc je suis, qui se présente comme un documentaire, mais va au-delà, en faisant du point de vue du réalisateur une approche esthétique que je trouve originale. Non qu'il innove vraiment : il existe une tradition française et internationale du film militant où l'on trouve aussi bien des documentaires (ah! l'horrible terme que celui de « non-fiction », traduction littérale de l'anglais, qu'a repris le pourtant excellent Frédéric Martel, sociologue de la culture comme titre d'un site que je trouve illisible, trop foullis...) que de pures fictions, dont le cinéma hispanique nous a servi de magnifiques pages (pour n'en citer qu'un : Le sel de la terre de Herbert J. Biberman, en 1953).
La structure narrative de ces films a pour point commun de donner la parole à des exclus ou des groupes minoritaires qui ne veulent pas accepter les conditions de vie qui leur sont faites par des groupes industriels, miniers, forestiers, etc. auxquels le pouvoir en place apporte son aide policière et judiciaire le plus souvent.
On est bien ici dans le même cas de figure, avec des exemples pris en Grèce (Attique, Crète notamment) en Italie et en Espagne où la crise d'une part, les choix financiers du pouvoir de l'autre mettent en péril des régions entières au mépris le plus total des populations concernées.
Il ne s'agit pas pour autant d'un manifeste politique précis mais plutôt de montrer comment réagit la population à l'asservissement, et les stratégies qu'elle choisit pour conserver sa dignité. Il s'agit davantage d'une posture que je place dans le champ de la philosophie dont Yannis Youlountas est un acteur pragmatique : à l'instar de la formule de René Descartes, penser, aujourd'hui, se décline également dans l'action, dans le faire. C'est en s'opposant aux décisions iniques du pouvoir et des injustices que l'on peut enfin exister, comme, de tout temps, on a appris à dire non aux arbitraires, lettres de cachet, oukases et autres expressions de la violence « légitime», selon l'expression de Max Weber.
Un autre aspect, qui n'est pas le moindre, dans cette manière de se lever contre l'iniquité : la beauté des gens, de leur langue, et la force de leurs sentiments d'humanité.
Je vous souhaite un excellent dimanche.
5 commentaires:
je ne sais pourquoi mais votre résumé de film me renvoie à une fiction mais qui pourrait être documentaire "Favelas " de Stephen Daldry
Je ne l'ai pas vu, Joseph ; je le verrai volontiers quand l'occasion se présentera.
quelle culture encyclopédique, ce Joseph. respectueux bravo.
Vous avez raison, Céléos.
En plus
Ils sont tous Beaux.
Du genre de beauté qui redonne sourire et espoir.
Merci
Belle journée à vous et aux promeneurs de ce blog.
Marie
Belle journée, Marie.
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