Je préfère le dissensus dur au caramel mou

Je préfère le dissensus dur au caramel mou
Medusa – Il Caravaggio

Parfois on aimerait, face à la violence du monde, qu’un garçon vous prenne dans ses bras et murmure : « Ça ira, je suis là, on connaîtra des jours meilleurs… »

mardi 18 novembre 2014

Le grand Meaulnes









Le grand Meaulnes fut le livre unique d'Henri-Alban Fournier, dont le nom de plume fut Alain-Fournier. Ce livre est à ranger dans la littérature adolescente. On lira une belle lettre d'Alain-Fournier à sa fiancée, Pauline, où se trouve décrite l'absurdité du système militaire auquel il croit encore cependant : clic avant qu'il ne soit emporté par la tourmente de la Grande Guerre.

Le grand Meaulnes raconte une histoire d'amour, celle d'Augustin Meaulnes pour Yvonne de Galais, mais également la fascination de François Seurel pour son ami.
L'atmosphère reste onirique et tous les ingrédients d'une trame romantique sont réunis : les brumes de la Sologne, un amour qui finira mal, le suicide du frère d'Yvonne de Galais, Frantz, et, de manière très prosaïque, le rôle très sage de François dont le destin sera de reproduire très fidèlement le métier de son père instituteur, à une époque où ceux-ci étaient considérés comme" les hussards noirs de la République".

Jean Blaise
Si on n'a pas lu le livre, on peut se rabattre sur le film. On préfèrera de loin celui de Jean Gabriel Albicocco, sorti en 1967, et servi par des comédiens excellents : Jean Blaise, qui eut une carrière éphémère, Alain Libolt, excellent comédien dont la carrière sert davantage le théâtre. Je passe sur Brigitte Fossey, découverte enfant dans Jeux interdits, avec Georges Poujouly, au destin tragique.

Un remake  - resucée, ça se dit ?- du film sortit en 2006, réalisé par Jean-Daniel Verhaeghe, Nicolas Duvauchelle dans le rôle-titre, et Jean-Baptiste Maunier dans le rôle de François Seurel.

La dimension onirique parut absente de cette seconde version, et fut, sans doute, ratée. Il est à supposer que les droits du film ne seront plus aussi facilement accordés à un nouveau projet. Si la version de Jean-Gabriel Albicocco peut souffrir d'une approche un peu trop baroque, elle a l'avantage d'exprimer de manière magnifique les élans des jeunes gens à la découverte de l'univers des sentiments naissants de l'adolescence.

Alain Libolt
Pour ma part, j'ai toujours éprouvé une impression curieuse, qui se trouve dans le livre de manière infiniment cachée : la fascination de François pour Augustin Meaulnes, et le transfert qu'il opère de ses sentiments réprimés en aidant Augustin à retrouver Yvonne.

D'une certaine manière, Le grand Meaulnes pourrait raconter ainsi l'impossibilité de François à être autre chose que ce qui lui a été assigné, y compris les sentiments ambigus éprouvés pour Augustin ; situation que je trouve assez bien traduite dans le film d'Albicocco.

Si on rajoute que le film est servi par une photographie magnifique, celle du père de Jean-Gabriel, Quinto Albicocco, et une mise en scène d'excellente qualité, on ne peut que revoir avec un immense plaisir la version d'Albicocco, à replacer dans son contexte des années d'alors...


Un extrait du film est visible ici :

2 commentaires:

Silvano a dit…

J'avais vu le film d'Albicocco ; je garde en effet le souvenir de belles images dans les brumes. J'avais toutefois été déçu : le problème des adaptations à l'écran d’œuvres littéraires qu'on a soi-même réalisées à la lecture.

Celeos a dit…

J'avais fait strictement l'inverse, vu le film d'abord. Ma lecture s'est arrangée à recomposer ensuite un nouveau film...