Je préfère le dissensus dur au caramel mou

Je préfère le dissensus dur au caramel mou
Medusa – Il Caravaggio

Parfois on aimerait, face à la violence du monde, qu’un garçon vous prenne dans ses bras et murmure : « Ça ira, je suis là, on connaîtra des jours meilleurs… »

samedi 16 septembre 2017

Fête de l'Huma

C'est la fête de l'Humanité aujourd'hui à la Courneuve. 
Je me souviens : il y avait eu cette réunion antimilitariste rue de Vaugirard, à laquelle participait Daniel Guérin. Daniel Guérin explique que le terme «antimilitarisme» est à rejeter en ce qu'il exprimerait un courant d'idées, une idéologie, ce que n'est pas l'opposition à la militarisation de la société. Comme dans beaucoup de réunions, les idées fusent, se perdent dans des débats sans grand lendemain
 Tout cela me paraît un peu surréaliste. L'un de nous, à la peau sombre, se fait contrôler par un flic devant le Sénat. Pas les autres, dans cette France raciste depuis toujours. Les participants à la réunion s'égaillent dans ce gris Paris sans beaucoup d'attrait.
Le soir j'ai décidé d'aller à la fête de l'Humanité. Je conserve du respect pour ces militants communistes, malgré les dérives staliniennes qui les ont amenés trop souvent en des lieux impossibles, dont les pensées se sont figées à celles qu'une confiance aveugle leur a permis de croire. Il y a néanmoins souvent de la chaleur dans la volonté de témoigner leur solidarité. Je les rejoins dans cette attitude qui préexiste à toute tentative de changement de société pour un plus grand partage.
Le programme de ce soir est consacré à deux spectacles dont je sais qu'ils seront extraordinaires : Mikis Théodorakis, et ses musiciens, Maria Farantouri donnent El canto general, d'après le poème de Pablo Neruda, décédé l'année précédente, peu après le coup d'Etat qui a tué Salvador Allende, et qui a bouleversé toute la gauche mondiale. Plus que jamais, les militaires sont à combattre. En Grèce, les colonels sont encore au pouvoir. Le spectacle est magnifique ; l'émotion est à son comble. La Grèce et le Chili communient dans leur aspiration à la liberté, au refus de toutes les dominations.
C'est Leonard Cohen qui succède à Mikis Theodorakis, pareil qu'en lui-même. La poésie est ce soir à l'honneur, et je suis abreuvé de cette grâce dont leur musique et leurs textes enveloppent chaque être présent à cette nuit d'automne. «Like a bird on a wire, [...] I have tried in my way to be free...»
Le lendemain matin, je me promène dans les rues de Saint-Germain-des-Prés. Quelques joueurs de bouzouki, présents dans l'orchestre de Mikis Théodorakis, se produisent sur le trottoir, pour le simple plaisir de jouer et de partager cette musique.

J'ai le cœur léger. Je sais que mes pas me mèneront bientôt en Grèce.

6 commentaires:

estèf a dit…

Quelle chance, Theodorakis et Léonard Cohen ! La seule fois où j'y suis allé, il y avait Julien Clerc, Charlebois, le Forestier, Isabelle Aubret, c'était sympa mais bon...

Celeos a dit…

C'était pas si mal, tu avais aussi du beau linge. En tout cas ça fait un bail !

arthur a dit…

Là, je tombe en pamoison...quel concert cela devait etre!!! je pense que j'étais trop petit à l'époque , et que mes parents ne m'aurait pas laissé y aller (en plus, j'aurais pu te rencontrer!!mon dieu!!)....je vais demander à mes cousins autour de moi si ils y étaient...

Unknown a dit…

C'était quelle année ? Je me souviens de ce concert grandiose....mais était-ce en 1975 ou 76 ?

Celeos a dit…

C'était l'année précédente: 1974 !

Unknown a dit…

Perso j'y étais !