Ακαδημία Πλάτωνος/Akadimía Plátonos est un film sorti en 2009 de Fílipos Tsítos. La vie quotidienne à Athènes, où quelques petits commerçants pas très actifs attendent le client dans leur vie étriquée du quartier du nom d'Akadimía Plátonos. Il y a là l'ironie de l'évocation du philosophe avec cette pensée de la doxa quotidienne fondée sur l'apparence des choses.
Et l'apparence des choses, c'est que les étrangers sont présents, visibles, actifs. « On n'est plus chez nous ! » entend-on fréquemment, avec ce « on » indéfinissable, mais terriblement toxique, qui désigne deux entités, « nous » et « eux ». Mettez ce que vous voulez comme couleurs à ces deux entités, n'importe quel drapeau, ça fonctionne pareillement.
En l'occurrence, ici, à Athènes, « eux » ce sont les Albanais, les descendants de l'Illyrie qui fit partie autrefois des régions largement hellénisées, et qui fournit à la Grèce, au cours de son histoire des peuplements réguliers, s'hellénisant au fur et à mesure de ces peuplements.
Sauf que depuis que les nations occidentales ont recréé une Grèce nationale, et parfois très nationaliste, les relations avec les Albanais d'aujourd'hui sont devenues difficiles. Si vous y rajoutez que l'Albanie, avant qu'elle ne devienne communiste, conduite par Enver Hodja, fut largement islamisée par l'Empire ottoman, vous aurez perçu les dimensions du problème.
Ici, le principal protagoniste, Stávros, vit dans ce quartier avec Argíris et Thímios.
Et ils sont très albanophobes. Thímios dresse son chien, un sympathique bâtard, nommé Patriote – tout un programme ! – à aboyer après les Albanais. Ils jouent au football dans ce carrefour miteux où ils tiennent leurs boutiques.
Stávros vit avec sa mère, s'occupe d'elle, un tout petit bout de bonne femme, malicieuse, mais qui n'a plus toute sa tête. Et qui parle albanais, ce qui perturbe grandement Stávros, qu'elle appelle Ramzy.
Arrive Marenglen, un Albanais, qui est peintre en bâtiment et travaille sur un chantier, à proximité. La maman, Harikleia reconnaît Marenglen comme son autre fils, qu'elle a dû abandonner autrefois pour fuir l'Albanie et se réfugier en Grèce. On imagine les dilemmes qui s'ensuivent.
Situation dramatique, évidemment, éminemment comique dans laquelle les comédiens traduisent les tensions qui animent la Grèce aujourd'hui, et qui malheureusement fournit à l'extrême droite, Chrissi Avghi (l'Aube dorée) les sentiments de répulsion envers les étrangers. L'autre aspect de la figure de l'étranger, ce sont les Chinois qui investissent différents quartiers d'Athènes, et montrent leur goût pour le commerce.
Rire dans les moments tragiques est un autre héritage de la culture grecque !
La fiche technique du film est ici : clic
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