Δεν πληρώνει, Αλέξη! Όχι, δεν πληρώνει!
Ne paie pas Alexis, ne paie pas ! Au nom de quoi continuer à aggraver la situation de la Grèce, alors que c'est la troïka elle-même qui a joui cyniquement de la dégradation constatée, jour après jour, et devenue catastrophique, de la vie quotidienne des Grecs ? Non il ne faut pas payer, parce que c'est une décision politique qui ose enfin ne pas céder devant le comportement honteux des gens qui ont contribué à décrédibiliser l'Europe : Jean-Claude Juncker, président de la Commission européenne, devrait avoir un peu plus de retenue, lui qui est compromis dans le système d'évasion fiscale qui implique la politique du Luxembourg alors qu'il était premier ministre ! Et ce sont les journalistes qui ont mis au jour cette affaire, qui sont mis en examen pour « violation du secret des affaires » !
Et l'Allemagne, à qui on remit ses dettes
à l'issue de la Seconde Guerre mondiale, qui voulait, il y a quelques années
que l'on privatise les îles grecques en les vendant aux grosses fortunes
internationales, n'a-t-elle pas honte d'exiger ce paiement ignoble ? Est-ce le
peuple grec qui est responsable de ces dettes ou les classes financières
internationales qui permettent aux banques de se tirer d'affaires en
asservissant l'ensemble de la population grecque ?
Ne paye pas, ne serait-ce que pour montrer
à ces petits chiens de la finance, et les
idéologues néo-libéraux, les Arnaud Leparmentier[1],
les Nicolas Baverez et beaucoup d'autres que l'on peut opposer une décision
politique aux diktats de la finance auxquels sont affidés les Hollande et
Valls, les Merkel, les Cameron et autres pseudo représentants du peuple qui ne
représentent en fait que les intérêts des banques. Comment expliquer les
taux d’intérêt invraisemblables qui ont été conclus en prêt à la Grèce,
aggravant encore la dette et empêchant le redémarrage de l’économie, puisque
l’investissement est devenu impossible ?
Il faudra bien qu'on explique un jour la haine contre les Grecs. J'ai à ce sujet quelques raisons de croire, que comme la France n'a jamais supporté l'émancipation de l'Algérie, comme la Grande-Bretagne a mal supporté que l'Inde trouve les propres voies de son indépendance, les élites occidentales, profondément inégalitaires dans leur conception du monde, n'ont jamais supporté que les Grecs ne soient pas les sauvages qu'ils imaginaient : lorsque les Allemands, à la suite de Schliemann débarquent en Grèce, d'abord à des fins de recherche archéologique, ensuite avec l'invasion nazie, ils sont désappointés de ne pas retrouver un peuple d'éphèbes qui auraient servi de modèle à Phidias et Praxitèle, mais un peuple métissé de diverses origines, et certainement depuis toujours.
Faute de ne pouvoir intervenir directement sur la modification de la race comme ils l'auraient souhaité, les nazis se servent de la Grèce comme d'un territoire à piller comme précédemment, les élites européennes avaient éradiqué tout ce qui ne correspondait pas, sur le territoire à leur vision imbécile d'une Grèce qui serait restée au siècle de Périclès. On invente alors des maisons néo-hellénistiques dessinées par des architectes allemands, on met les Russes aux commandes du pays avec un roi bavarois et on laisse les Anglais — et pas seulement les Anglais, évidemment — piller ce qui, selon eux, ne peut rester entre les mains de ces sauvages (les frises du Parthénon, par exemple). Vision caricaturale de l'histoire de la Grèce ? À peine. Tout le dix-neuvième siècle n'est qu'une longue lutte des Grecs pour retrouver le sens d'une nation, de la même manière que les pays occidentaux ont fait avec leurs propres territoires, qui n'ont jamais cessé de bouger jusqu'à la période récente de la lamentable guerre yougoslave. Cette lutte est parfaitement incompréhensible pour les Occidentaux, qui ne demandent aux Grecs que d'être les bons sauvages folkloriques danseurs de sirtaki, faisant griller des souvlaka pour le bon plaisir des touristes de passage l'été, puisqu'ils ne sont pas le peuple européen de l'est équivalent à ceux de l'ouest.
Cette vision, ce malentendu permanent qui ferait des Grecs des malhonnêtes, des gens non fiables entraînent alors de manière consciente ou non la volonté de punir, de faire payer, d'humilier, ainsi que le dit très justement Alexis Tsipras, l'ensemble du peuple. Qui doit payer les dettes ? Les petits retraités, les employés dont on se contrefiche, à l'ouest, de savoir qu'ils ne pourront pas simplement vivre avec des revenus encore plus faibles.
Dans le journal Le Monde de samedi 13 juin, Adéa Guillot évoque, plus que la pauvreté, la misère de la population d'Athènes qui reconstitue, comme elle le peut des réseaux de solidarité :
Thanassis Tzouras, 78 ans, originaire de
Grèce centrale, a travaillé toute sa vie comme ouvrier du bâtiment. Il perçoit
aujourd'hui 651 € de retraite. Enlevé le coût du loyer, le coût de
l'alimentation, du chauffage, etc. on imagine bien qu'on ne peut pas demander
davantage pour satisfaire le seul caprice des financiers internationaux.
Chômage des jeunes (pic à 60 % en 2013), série de suicides, refus de soins dans
les hôpitaux, sans doute cette situation ne pose-t-elle pas de questions aux «
décideurs » européens de l'ouest.
Ce billet ne peut, dans sa forme, aller plus avant pour défendre la posture des Grecs et la nécessité d'annuler, purement et simplement, la dette grecque. J'ai trop de raisons de prendre ce parti, et également parce que cette authentique résistance à la domination de la finance internationale doit permettre aux peuples de l'ouest de trouver les voies de plus de démocratie, de transparence, plus de générosité avec les réfugiés d'Afrique que l'on traite aussi mal que l'on traita les réfugiés espagnols de 1939.
Une petite définition du Larousse, illustre mon propos :
« Grec Fig. fripon, escroc, surtout au jeu : expulser les grecs d’un cercle. » Nouveau petit Larousse illustré, 1935, p. 466.
Ne paie pas Alexis, ne paie pas ! Au nom de quoi continuer à aggraver la situation de la Grèce, alors que c'est la troïka elle-même qui a joui cyniquement de la dégradation constatée, jour après jour, et devenue catastrophique, de la vie quotidienne des Grecs ? Non il ne faut pas payer, parce que c'est une décision politique qui ose enfin ne pas céder devant le comportement honteux des gens qui ont contribué à décrédibiliser l'Europe : Jean-Claude Juncker, président de la Commission européenne, devrait avoir un peu plus de retenue, lui qui est compromis dans le système d'évasion fiscale qui implique la politique du Luxembourg alors qu'il était premier ministre ! Et ce sont les journalistes qui ont mis au jour cette affaire, qui sont mis en examen pour « violation du secret des affaires » !
Alexis Tsipras, alors étudiant |
Mario Draghi, président de la Banque centrale européenne |
Christine Lagarde, directrice du Fonds monétaire international |
Il faudra bien qu'on explique un jour la haine contre les Grecs. J'ai à ce sujet quelques raisons de croire, que comme la France n'a jamais supporté l'émancipation de l'Algérie, comme la Grande-Bretagne a mal supporté que l'Inde trouve les propres voies de son indépendance, les élites occidentales, profondément inégalitaires dans leur conception du monde, n'ont jamais supporté que les Grecs ne soient pas les sauvages qu'ils imaginaient : lorsque les Allemands, à la suite de Schliemann débarquent en Grèce, d'abord à des fins de recherche archéologique, ensuite avec l'invasion nazie, ils sont désappointés de ne pas retrouver un peuple d'éphèbes qui auraient servi de modèle à Phidias et Praxitèle, mais un peuple métissé de diverses origines, et certainement depuis toujours.
Faute de ne pouvoir intervenir directement sur la modification de la race comme ils l'auraient souhaité, les nazis se servent de la Grèce comme d'un territoire à piller comme précédemment, les élites européennes avaient éradiqué tout ce qui ne correspondait pas, sur le territoire à leur vision imbécile d'une Grèce qui serait restée au siècle de Périclès. On invente alors des maisons néo-hellénistiques dessinées par des architectes allemands, on met les Russes aux commandes du pays avec un roi bavarois et on laisse les Anglais — et pas seulement les Anglais, évidemment — piller ce qui, selon eux, ne peut rester entre les mains de ces sauvages (les frises du Parthénon, par exemple). Vision caricaturale de l'histoire de la Grèce ? À peine. Tout le dix-neuvième siècle n'est qu'une longue lutte des Grecs pour retrouver le sens d'une nation, de la même manière que les pays occidentaux ont fait avec leurs propres territoires, qui n'ont jamais cessé de bouger jusqu'à la période récente de la lamentable guerre yougoslave. Cette lutte est parfaitement incompréhensible pour les Occidentaux, qui ne demandent aux Grecs que d'être les bons sauvages folkloriques danseurs de sirtaki, faisant griller des souvlaka pour le bon plaisir des touristes de passage l'été, puisqu'ils ne sont pas le peuple européen de l'est équivalent à ceux de l'ouest.
Cette vision, ce malentendu permanent qui ferait des Grecs des malhonnêtes, des gens non fiables entraînent alors de manière consciente ou non la volonté de punir, de faire payer, d'humilier, ainsi que le dit très justement Alexis Tsipras, l'ensemble du peuple. Qui doit payer les dettes ? Les petits retraités, les employés dont on se contrefiche, à l'ouest, de savoir qu'ils ne pourront pas simplement vivre avec des revenus encore plus faibles.
Dans le journal Le Monde de samedi 13 juin, Adéa Guillot évoque, plus que la pauvreté, la misère de la population d'Athènes qui reconstitue, comme elle le peut des réseaux de solidarité :
Une famille à la rue |
Ce billet ne peut, dans sa forme, aller plus avant pour défendre la posture des Grecs et la nécessité d'annuler, purement et simplement, la dette grecque. J'ai trop de raisons de prendre ce parti, et également parce que cette authentique résistance à la domination de la finance internationale doit permettre aux peuples de l'ouest de trouver les voies de plus de démocratie, de transparence, plus de générosité avec les réfugiés d'Afrique que l'on traite aussi mal que l'on traita les réfugiés espagnols de 1939.
Une petite définition du Larousse, illustre mon propos :
« Grec Fig. fripon, escroc, surtout au jeu : expulser les grecs d’un cercle. » Nouveau petit Larousse illustré, 1935, p. 466.
Ne paie pas, Alexis !
12 commentaires:
Je ne donnerai pas mon avis (en-ai je un qui tienne la route ?). En revanche, je serais curieux de vous entendre converser avec un ami grec qui vient d'y passer 2 mois ; je crains que cela ne finisse entre vous par un clash, car, selon lui, la situation est très différente de ce que l'on voit d'ici (où que l'on se situe "politiquement")de votre ressenti.
Il faudra bien qu'un jour la solidarité ne soit pas qu'une parole en l'air que le vent emporte dans l'au-delà!
@Silvano : ce sera avec plaisir. Tout dépend en effet du point de vue d'où l'on se place. J'ai vu en Grèce de trop belles voitures ; j'ai vu aussi les gens dormir dans la rue et le froid, j'ai vu des gens exhiber leurs moignons rue Ermou. La Banque de Chypre a des locaux magnifiques à Plaka où vivent de très, très riches Grecs. L’Église orthodoxe a fait rénover, avec l'aide de l'argent de l'Europe de très belles demeures dont je n'ai pas su la destination...
Les faits objectifs sont là : on se drogue à l'acide de batterie, les grands malades sont rejetés de l'hôpital sans médicaments, et je le disais, le taux de chômage a explosé, les revenus des fonctionnaires y sont deux fois moindres qu'en France, mais le coût de la vie identique.
Tout comme dans certaines zones françaises, hélas...
@Joseph : il y a ce beau poème de Martin Niemöller qu'on pourrait adapter aujourd'hui à la situation de la Grèce : « quand ils ont voulu étouffer les Grecs, je n'ai rien dit...»
Oui, c'est un mode vie, et une manière d'envisager l'économie bien surprenantes pour nous. Les bars de nuit font le plein, les espèces sonnantes et trébuchantes (!) circulent de la main à la main, on ne voit pas autant de voitures de luxe en France, voilà ce qu'il me disait : je pense que nous ne pouvons comprendre. Ce n'est pas l'Europe : tout le problème vient de là.
A titre de comparaison, peut-être pourrait-on se rappeler les fastes du Carnaval de Rio, alors que les favelas croulent de misère ; si la situation au Brésil s'est améliorée, on est loin du compte d'une vie sociale « normale ». La Grèce fonctionne un peu ainsi, et s'oublier dans la fête sans privilégier l'essentiel est également un symptôme de problèmes réels. Encore une fois, il faut se méfier des apparences : que l'argent circule - en bien faible partie - de la manière que vous décrivez ne signifie pas que l'argent coule à flot, mais que la société qui en possède un peu essaie de le distraire des circuits où il risque d'être aspiré vers la dette que tous contestent. Le sujet est complexe, et ce ne sont pas les suicidés, très nombreux, que votre ami a pu rencontrer dans les bars, hélas pour eux... Votre ami donnerait-il ainsi raison à la politique du FMI dont tous les économistes, à commencer par le chef économiste du FMI alors, Olivier Blanchard, a reconnu lui-même en 2012 l'inanité de la pression sur la Grèce au vu des résultats catastrophiques sur le PIB. Les Grecs sont-ils à ce point retors qu'il trafiquent la journée et vont la nuit dépenser leurs gains... Si j'avais l'occasion de me trouver en Grèce avec votre ami, nous pourrions aller visiter les dispensaires, les zones agricoles désertifiées par la politique agricole européenne - comme c'est le cas en France dans le Massif-Central - les salles de musées fermées faute de personnel, les sites archéologiques menacés faute de gardiennage et de financements de campagnes de fouilles. Expliquez à votre ami que l'apparence des choses n'est pas la réalité des choses, et que la fréquentation des bars n'est pas forcément le meilleur thermomètre de la société grecque ! ;)
J'ai de plus en plus souvent l'impression que la grande majorité des économistes (il y en a d'autres qui pensent autrement, mais sont quasi inaudibles dans le brouhaha médiatique, organisé) sont devenus comme certains médecins : satisfaits de voir leur malade "mort-guéri" ou guéri mais mort.
Dans tout cela la chair a été oubliée, sa vibration, sa joie et sa douleur ; les sourires ne sont rien ; la lumière du regard...sans valeur marchande.
L'époque est vraiment douloureuse, tout du moins pour les coeurs sensibles...aux autres...
Marie
Oui, Marie, le cynisme généralisé devient effrayant.
Il est en effet difficile de tenir ce langage - le vôtre, que j'approuve dans sa presque totalité - (croyez-bien que je fais usage de prudentes circonvolutions) à qui ne veut entendre. Lors des très graves incendies qui ont sinistré ce pays, il y a quelques années, le même ami me disait que les médias français exagéraient beaucoup l'ampleur du désastre ! C'est la même attitude pour la situation économique : je crois que S. (qui ne fréquente pas les bars mais fait état, je suis d'accord avec vous, de comportements sans doute minoritaires) se veut "office du tourisme" et botte en touche sur tout sujet qui pourrait éloigner le touriste potentiel.
Quant au cynisme généralisé, vous savez que nous sommes en phase sur ce triste constat (nous l'avons évoqué de vive-voix au pays des "selfies" ;-) et que j'ai dénoncé cette dérive de nos sociétés à maintes reprises dans mon propre blog. Si la musique, l'écriture, et le sens de l'humour que certains me reconnaissent ne m'étaient salvateurs, j'en pleurerais chaque jour.
Je viens de terminer la traduction en français du texte d'Alkinoos Ioannidis : nous tenons, lui et moi, le même langage. Le texte date,je crois, de 2012. Il est toujours d'actualité.
Vous savez que l'amour des arts que nous partageons est évidemment un rempart contre le désespoir. Mais il faut cultiver la colère. C'est aussi l'un des sens de mon blog.
Ah, parce que vous croyez que je ne suis jamais en colère ? Demandez à mes jeunes dans quel état j'étais, lundi dernier en huit, lors de l'évacuation par la force des migrants devant la Halle Pajol où j'officiai précisément la veille.
Je ne crois rien, Silvano. C'est juste une justification de Véhèmes, et comme vous je m'insurge contre le traitement appliqué aux migrants qui ne méritent pas un tel mépris.
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