Je préfère le dissensus dur au caramel mou

Je préfère le dissensus dur au caramel mou
Medusa – Il Caravaggio

Parfois on aimerait, face à la violence du monde, qu’un garçon vous prenne dans ses bras et murmure : « Ça ira, je suis là, on connaîtra des jours meilleurs… »

vendredi 5 juin 2015

Jour de Comédie



Cela faisait quelque temps que je n'avais pas eu l'occasion de passer sur l'Esplanade de Montpellier. 

Ce week-end dernier se tenait la Comédie du livre. Le temps y était superbe, et la ville, si elle n'a plus depuis longtemps le panache qu'elle a pu avoir il y a quelques années, au temps où un élu « régional-socialiste » avec beaucoup d’esbroufe et un mépris généralisé de ceux qui ne le révéraient pas, avait tenté d’en faire une mégalopole.

 
Le résultat est là : le béton a poussé en chaque endroit, les espaces verts se sont rétrécis comme peau de chagrin, la mer n’en peut plus de ne pouvoir digérer les eaux usées, les voies de circulation étouffent de trop de circulation, les lignes de tramway sont inadaptées à desservir la conurbation qu’est devenue la région montpelliéraine, et toute la périphérie urbaine n’est plus qu’une immense zone commerciale …


L’imperator, à qui le cinéaste Yves Jeuland avait consacré un film (Le Président, 2010 interview du cinéaste et extrait sur le site de Télérama : http://www.telerama.fr/cinema/yves-jeuland-georges-freche-etait-une-formidable-bete-politique,63732.php) où se mêlaient la fascination et le rejet de sa personnalité, le montrant intrigant, excessivement sûr de lui, jouant avec ses interlocuteurs comme des pions, ne sortira pas grandi par le recul de l’histoire : Montpellier, (j’en profite pour préciser que la prononciation correcte de Montpellier est [monpélié] et non [monpeulié] écorché ainsi par un usage sous effet de domination linguistique !) est devenu en quelques années une ville de grande pauvreté (30% de la population), d’une grande complexité administrative, où les structures s’imbriquent dans des enjeux de pouvoirs désolants, et les grandes institutions où la ville s’est illustrée (festival de Monpellier et de Radio-France, Théâtre des treize vents, Musée Fabre…) donnent des signes de fatigue qui cachent de moins en moins la forêt d’une ville en panne d’économie, d’emploi, mais surtout d’idées et de projets pour faire de cette région un carrefour de rencontres et de cultures. Certes, les cultures s’y rencontrent, mais bien souvent dans le conflit, et l’espace qui se rétrécit, provoquant toutes les conséquences regrettables d’une discrimination par l’économique des populations nouvellement ou anciennement implantées, y devient de moins en moins agréable. Ainsi passent les choses, et les changements surprenants montrent des conséquences parfois en contradiction avec les intentions de départ…

Mais foin de toute nostalgie déplacée : la capacité des uns et des autres à réinventer, à recréer de l’enthousiasme, et conserver du beau et l’envie de faire siens les lieux permet de donner des contrepoints à la morosité des excès de la modernité. Le quartier des Beaux-Arts, de la cathédrale Saint-Pierre, les quartiers populaires (Boutonnet, Figuerolles, par exemple), sont toujours des espaces où il est agréable de se promener et de constater qu’ils sont vivants d’une population toujours en quête de bien vivre dans des quartiers qu’elle s’est appropriés.




Le livre était ainsi bien représenté sous les chapiteaux, et j’ai eu le plaisir d’y retrouver des amis un peu perdus de vue, notamment Michèle, « éveilleuse d’écriture », qui s’est longtemps régalée, avec un vieux coffre afghan, à faire découvrir les plaisirs de la plume, du papier, celui de tracer des traits, à des personnes qui pensaient ne jamais rien avoir à faire avec ça…
Sous un autre chapiteau, Patrick Cardon et les éditions GKC (Gay Kitsch Camp) présentaient leurs ouvrages. Ce fut un moment d’échange sympathique. J’en profite pour un spécial copinage :

et puisque la culture gay n’est pas aussi visible qu’on voudrait bien le dire à Montpellier (si, si, bien sûr, il y a la Gay Pride, et il paraît qu’il y a des saunas et des plages !...), quand on est de passage, il est toujours agréable d’aller boire un verre au Café de la Mer (derrière la Préfecture) : on y est accueilli par des serveurs (-veuses) très agréables.

Sur le site suivant, il y a plein d’adresses : http://www.gayviking.com/la-vie-gay-a-montpellier/ mais il faut sans doute être un habitué des sorties en ville le soir pour – peut-être – savoir les apprécier…
Enfin, ce qui sauve, à mes yeux, encore un peu Montpellier, c’est la belle programmation que le cinéma Diagonal assure depuis de nombreuses années. Ils menèrent une jolie bataille contre l’imperator qui voulait ne voir de cinéma qu’à l’Odysseum et sous forme de complexe à consommation de popcorn, comme là-bas, de l'autre côté de l'Atlantique, où à mon sens il vaut mieux se déplacer plutôt que singer des Ersatz dans le Midi !

2 commentaires:

Gay Voyageur a dit…

Très intéressant comme message! Sincèrement, votre contenu est toujours impeccable et les sujets toujours très pertinents. Il est agréable de vous lire. Merci!

Celeos a dit…

Merci, Gay Voyageur !