Il Bronzino - San Sebastiano ca 1525-1528 |
C’est à Rome que Sébastien
subit son martyre, belle occasion parfois d’apprécier les paysages représentés
en arrière-plan. Il faudrait, si l’on voulait vraiment faire œuvre digne
d’intérêt, recenser toutes ces représentations, et vérifier la manière choisie
par les artistes de faire varier le personnage ; c’est sans doute entre le
quattrocento et le cinquecento que les artistes font en quantité leur miel de la
figure de saint Sébastien. Il s’y prête de bonne grâce, le bougre - si j’ose
dire -, puisque son corps d’éphèbe n’est pas utilisé dans une manière
doloriste, même s’il faut sacrifier à la légende, mais au contraire comme s’il
s’agissait de magnifier les formes qui lui sont attribuées. On le remarque, je
le répète, le sang n’est montré que très rarement. On est loin de la légende
qui rapporte l’image d’une pelote d’épingle, ou d’un hérisson ! Si l’on va
plus loin, on pourrait presque imaginer qu’il s’agit, déjà, d’une sorte de jeu
érotique. Quittant progressivement les exemples que l’Église catholique leur
demande, les artistes se prennent, dans une dimension de plus en plus païenne
et rattachée à l’Antiquité gréco-romaine, à promouvoir une liberté artistique
puisée dans l’imaginaire de cette Antiquité. Ne faudrait-il pas alors y voir
déjà les flèches d’Éros, et non celles du bourreau ?
Portrait d'un jeune sculpteur non daté |
Pour illustrer le saint
Sébastien de cet épisode, c’est le Bronzino qui s’y colle – si j’ose dire –
avec une figure assez étonnante : Sébastien est plutôt une espèce d’ange,
blond vénitien, avec de magnifiques yeux verts qui regardent sur sa droite. Il
semble assis, drapé dans un pallium (manteau léger) écarlate. Sa main droite
est dépliée comme pour accompagner le sens de sa parole, - il sourit presque –
et sa main gauche tient sereinement une flèche. Une autre flèche est plantée
dans son flanc gauche, comme pour rappeler son identité. Peu de doute sur le sens
érotique de la peinture.
On doit au Bronzino, Agnolo
di Cosimo di Mariano Tori, de son nom officiel, plusieurs saint
Sébastien, dont un à Madrid, et de nombreux portraits de jeunes gens, dont
un au Louvre, dit Portrait d’un jeune
homme, dont une version différente est présente au Metropolitan Museum of Art sous le titre Ritratto di giovane uomo con libro daté de 1535-1540.
(à suivre)
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