Je préfère le dissensus dur au caramel mou
Parfois on aimerait, face à la violence du monde, qu’un garçon vous prenne dans ses bras et murmure : « Ça ira, je suis là, on connaîtra des jours meilleurs… »
mardi 30 juin 2015
Papageno
Papageno est un fieffé imbécile. Non, je ne parle pas de Papa Gaino, qui écrivait les discours idiots de Sar Così Fa Lui, je parle de celui de Schikaneder, mis en musique par Mozart, qui pleure d'avoir perdu Papagena, ayant oublié qu'une de perdue, dix de retrouvés. En plus, avec les angelots qui le bordent, quoi demander de mieux !
Voici un extrait de la version d'Ingmar Bergman, de 1975, suivi d'une version marrante de l'air de l'oiseleur avec Simon Keenlyside.
Il va faire chaud aujourd'hui : ne vous agitez pas trop, on compte déjà un mort dans les rangs
* Cette formulation me rappelle la pub pour La cité de la peur, un film de les Nuls.
Actu Grèce : Deux prix Nobel d'économie traitent les Européens d'irresponsables ; l'article de L'Obs est ici : clic
lundi 29 juin 2015
Dousse fransse
dimanche 28 juin 2015
A taste of wisdom in USA ?
Comment pourrais-je ne pas me joindre au concert des blogueurs sautant de joie à cette bonne nouvelle de l'adoption fédérale du mariage pour tous chez nos amis étasuniens ?
On pourra ainsi, normaliser la pratique de l'union de même sexe, et divorcer dans les mêmes termes.
(En même temps, il reste à éradiquer le racisme suprématiste, et enterrer définitivement les vieilles lunes qui font que les très jeunes abrutis croient encore que le sol américain leur a été donné par un dieu qui serait, étrangement, de couleur blanche.)
Allez je vais faire un peu le rabat-joie : l'insupportabilité du mariage, c'est l'immixtion de la société, et partant, de l’État, dans ce qu'un couple est en mesure de faire de sa propre vie. Certains garçons, je le sais, sont heureux cependant de faire part de leur bonheur à leur famille, leurs amis, et il existe — si, si, ça existe ! — des parents pour qui l'amour de leurs enfants prévaut à tout regard réprobateur ou apitoyé de leurs congénères.
Mais on sait également que les archaïsmes ne sont pas morts, et l'égalité des droits pour tous est une excellente chose pour combattre ces archaïsmes.
L'ancêtre Georges Brassens écrivait La non-demande en mariage et, en bon hétéro combattant lui-même son machisme,
chantait :
Outre qu'il est possible, de manière salace, de donner un deuxième sens à ces paroles et de les masculiniser, elles ont le mérite d'évoquer le paradoxe de la nécessité de disposer d'un droit civique et égalitaire, et de ne pas en user, car il s'agit d'un droit.
Concernant ce dernier point, un président de l'assemblée nationale française, actuellement en exercice, et par ailleurs un peu imbécile, proposait de rendre obligatoire le droit de vote en France afin de lutter contre l'abstention, cette dernière attitude étant une manière tout à fait honorable pourtant d'exprimer qu'aucun candidat n'a été trouvé digne d'intérêt aux yeux de celui qui possède le droit de vote, et que la démocratie doit être un système qui fonctionne autrement que « par défaut ».
On dut certainement rappeler à cet imbécile qu'un droit qui devient obligatoire change de nom et s'appelle un devoir (et le système qui l'applique devient alors totalitaire). Ce qui caractérise ainsi un droit, c'est la capacité qui l'accompagne de ne pas en user. Quand tout n'est pas codifié, les usages entre citoyens ressortissent à ce que Norbert Élias appelait « la civilisation des mœurs ». La carte d'électeur, qui rappelle la maxime « Voter est un droit ; c'est aussi un devoir civique » est un leurre permettant de faire croire à l'efficience du système électoral, qui a, avouons-le, légèrement évolué depuis le système censitaire. Néanmoins la trahison des « élites » politiques appelle évidemment à exercer son droit de non vote et à servir autrement la pensée de la démocratie contemporaine qui ne soit pas, — on le voit avec le cas de la Grèce, dont le vote démocratique a été combattu par les « élites » occidentales inféodées aux intérêts des financiers — le moyen de mettre en œuvre une société impitoyable pour les plus faibles.
Pour évoquer les termes de l'excellent Jean-Gabriel Périot (voir le billet du 25 juin) : oui, j'ai le droit de me faire mettre pour un plaisir partagé ; en même temps ce n'est pas une obligation, et j'ai le choix de mes partenaires !
Et pour fêter cette bonne nouvelle, malgré les autres qui apportent également leur lot de douleurs, un peu de Marc-Antoine (ah ! la philanthropie de l'ouvrier Charpentier) en ce dimanche de fin du mois de juin, que je vous souhaite de passer à l'ombre, suçotant quelque beau glaçon à l'anis (ou à la menthe, c'est comme vous voudrez) !
On pourra ainsi, normaliser la pratique de l'union de même sexe, et divorcer dans les mêmes termes.
(En même temps, il reste à éradiquer le racisme suprématiste, et enterrer définitivement les vieilles lunes qui font que les très jeunes abrutis croient encore que le sol américain leur a été donné par un dieu qui serait, étrangement, de couleur blanche.)
Allez je vais faire un peu le rabat-joie : l'insupportabilité du mariage, c'est l'immixtion de la société, et partant, de l’État, dans ce qu'un couple est en mesure de faire de sa propre vie. Certains garçons, je le sais, sont heureux cependant de faire part de leur bonheur à leur famille, leurs amis, et il existe — si, si, ça existe ! — des parents pour qui l'amour de leurs enfants prévaut à tout regard réprobateur ou apitoyé de leurs congénères.
Mais on sait également que les archaïsmes ne sont pas morts, et l'égalité des droits pour tous est une excellente chose pour combattre ces archaïsmes.
L'ancêtre Georges Brassens écrivait La non-demande en mariage et, en bon hétéro combattant lui-même son machisme,
chantait :
« Laissons le champ libre à l'oiseau
nous serons tous les deux prisonniers sur parole
au diable les maîtresses queux
qui attachent les cœurs aux queues
des casseroles. »
Outre qu'il est possible, de manière salace, de donner un deuxième sens à ces paroles et de les masculiniser, elles ont le mérite d'évoquer le paradoxe de la nécessité de disposer d'un droit civique et égalitaire, et de ne pas en user, car il s'agit d'un droit.
Concernant ce dernier point, un président de l'assemblée nationale française, actuellement en exercice, et par ailleurs un peu imbécile, proposait de rendre obligatoire le droit de vote en France afin de lutter contre l'abstention, cette dernière attitude étant une manière tout à fait honorable pourtant d'exprimer qu'aucun candidat n'a été trouvé digne d'intérêt aux yeux de celui qui possède le droit de vote, et que la démocratie doit être un système qui fonctionne autrement que « par défaut ».
On dut certainement rappeler à cet imbécile qu'un droit qui devient obligatoire change de nom et s'appelle un devoir (et le système qui l'applique devient alors totalitaire). Ce qui caractérise ainsi un droit, c'est la capacité qui l'accompagne de ne pas en user. Quand tout n'est pas codifié, les usages entre citoyens ressortissent à ce que Norbert Élias appelait « la civilisation des mœurs ». La carte d'électeur, qui rappelle la maxime « Voter est un droit ; c'est aussi un devoir civique » est un leurre permettant de faire croire à l'efficience du système électoral, qui a, avouons-le, légèrement évolué depuis le système censitaire. Néanmoins la trahison des « élites » politiques appelle évidemment à exercer son droit de non vote et à servir autrement la pensée de la démocratie contemporaine qui ne soit pas, — on le voit avec le cas de la Grèce, dont le vote démocratique a été combattu par les « élites » occidentales inféodées aux intérêts des financiers — le moyen de mettre en œuvre une société impitoyable pour les plus faibles.
Pour évoquer les termes de l'excellent Jean-Gabriel Périot (voir le billet du 25 juin) : oui, j'ai le droit de me faire mettre pour un plaisir partagé ; en même temps ce n'est pas une obligation, et j'ai le choix de mes partenaires !
Et pour fêter cette bonne nouvelle, malgré les autres qui apportent également leur lot de douleurs, un peu de Marc-Antoine (ah ! la philanthropie de l'ouvrier Charpentier) en ce dimanche de fin du mois de juin, que je vous souhaite de passer à l'ombre, suçotant quelque beau glaçon à l'anis (ou à la menthe, c'est comme vous voudrez) !
samedi 27 juin 2015
Από πέρα απ' το ποτάμι - D'au-delà de la rivière (chant d’Épire)
Les miroloï sont des chants funèbres/chants du destin qui racontent les aléas de la vie quotidienne, notamment pendant la période d'occupation ottomane. Chants polyphoniques, ils sont accompagnés principalement par la clarinette, dont l'usage dans les Balkans en fait un instrument traditionnel. La clarinette grecque est accordée en sol. Elle donne au chant, sur fond de cordes, une dimension particulièrement poignante, et une parenté harmonique avec le blues est assez frappante.
vendredi 26 juin 2015
Romano Zanotti - La Tarantella
Nous échangeâmes, voici quelque temps, avec l'ami blogueur Silvano, sur les vertus respectives de Bobby Solo et de Patrizio Esposito. La chanson italienne est riche, de ses chanteurs/euses, de son répertoire. Voici une version de La tarantella, issue du répertoire traditionnel, dont on disait que la danse qui l'accompagnait permettait de guérir de la piqûre de la tarentule... Il faudra que je vérifie le fait !
La tarantella est chantée ici par Romano Zanotti, issue du disque La chanson napolitaine de 1650 à 1987, une petite merveille : faites-vous le offrir (Iris music, distribué chez Harmonia Mundi).
Excellente écoute, et mettez-vous les oreilles en joie !
La tarantella est chantée ici par Romano Zanotti, issue du disque La chanson napolitaine de 1650 à 1987, une petite merveille : faites-vous le offrir (Iris music, distribué chez Harmonia Mundi).
Excellente écoute, et mettez-vous les oreilles en joie !
jeudi 25 juin 2015
Jean-Gabriel Périot - Gay ?
Un très court métrage de Jean-Gabriel Périot : un coming out, il y a quinze ans, un tantinet provocateur. Mais cela ne va-t-il pas de pair avec la culture gaie ? La meilleure défense, paraît-il serait l'attaque...
Il a de très beaux yeux, en tout cas, Gabriel, et c'est normal, c'est un nom d'ange ! Gaby, si tu me lis, pense à me le faire savoir !
Vous remarquerez que Dalida se traduit, en anglais, par Lady Gaga ! Mystères de la linguistique...
Il a de très beaux yeux, en tout cas, Gabriel, et c'est normal, c'est un nom d'ange ! Gaby, si tu me lis, pense à me le faire savoir !
Vous remarquerez que Dalida se traduit, en anglais, par Lady Gaga ! Mystères de la linguistique...
mercredi 24 juin 2015
mardi 23 juin 2015
Dominique Fernandez : avant 1968
Hier, notre collègue blogueur Silvano publiait dans Gaycultes un lien vers un article de L'Obs sur l'étude d'un chercheur, Régis Révenin, qui relativise la répression de l'homosexualité antérieure à 1968 (« La France de l'avant-68 était moins corsetée qu'on ne le dit »). Comme c'est étrange de voir les bonds et rebonds de la manière dont on écrit l'histoire et on la révise : les faits objectifs sont pourtant que l'homosexualité fut réprimée, de toutes les manières, même si par le folklore littéraire, et par ceux qui osaient s'affirmer dans leur identité sexuelle, il est parfois apparu que l'amour des garçons pour d'autres garçons put avoir une visibilité. Cette exception ne faisait que confirmer la règle. Et la dépénalisation de l'homosexualité n'intervint qu'en 1982, même si à proprement parler, elle n'était plus vraiment criminalisée depuis longtemps (elle n'est toutefois retirée de la liste des maladies mentales de l'OMS qu'en 1991).
La réalité était que l'homophobie se traduisait (et encore aujourd'hui, hélas) par des « cassages de pédé » en divers lieux, notamment en milieu populaire, et que la possibilité de vivre sa sexualité devait obligatoirement passer par des milieux, géographiques et sociaux, auxquels la société concédait cette place. En dehors de cela, point de salut, et que dire du milieu rural où parler du fait n'était même pas pensable !
Il m'a paru intéressant de présenter les réflexions de Dominique Fernandez, qu'il n'est pas besoin de présenter. Son amour de l'Italie en fait un grand connaisseur des mœurs culturelles qui ont mené les artistes, écrivains, et esthètes de la péninsule italienne et de l'Europe de manière plus générale. Toutefois, on peut, bien évidemment, ne pas partager ses sentiments, notamment sur la question du « choix » en matière d'orientation sexuelle, et sa grande érudition ne masque pas que tout cela apparaît beaucoup plus complexe, notamment en matière de visibilité (oui, au Moyen-âge, on pouvait avoir des mœurs beaucoup plus libres que ce qu'elles furent dans les périodes suivantes !) des pratiques homosexuelles, étant entendu que le fait d'être gay peut apparaître surtout comme une affirmation sociale.
On n'est pas obligé de partager non plus le choix de Dominique Fernandez en matière de goûts pour la famille... Et il n'est pas sûr que son idée de la bisexualité généralisée soit avérée !
Dominique Fernandez est interrogé par Antoine Perraud.
La réalité était que l'homophobie se traduisait (et encore aujourd'hui, hélas) par des « cassages de pédé » en divers lieux, notamment en milieu populaire, et que la possibilité de vivre sa sexualité devait obligatoirement passer par des milieux, géographiques et sociaux, auxquels la société concédait cette place. En dehors de cela, point de salut, et que dire du milieu rural où parler du fait n'était même pas pensable !
Il m'a paru intéressant de présenter les réflexions de Dominique Fernandez, qu'il n'est pas besoin de présenter. Son amour de l'Italie en fait un grand connaisseur des mœurs culturelles qui ont mené les artistes, écrivains, et esthètes de la péninsule italienne et de l'Europe de manière plus générale. Toutefois, on peut, bien évidemment, ne pas partager ses sentiments, notamment sur la question du « choix » en matière d'orientation sexuelle, et sa grande érudition ne masque pas que tout cela apparaît beaucoup plus complexe, notamment en matière de visibilité (oui, au Moyen-âge, on pouvait avoir des mœurs beaucoup plus libres que ce qu'elles furent dans les périodes suivantes !) des pratiques homosexuelles, étant entendu que le fait d'être gay peut apparaître surtout comme une affirmation sociale.
On n'est pas obligé de partager non plus le choix de Dominique Fernandez en matière de goûts pour la famille... Et il n'est pas sûr que son idée de la bisexualité généralisée soit avérée !
Dominique Fernandez est interrogé par Antoine Perraud.
lundi 22 juin 2015
Murmure à l'oreille du baigneur
Au creux de ta main tu joues à retenir l'eau.
Tu serres tes doigts fins.
Tu t'es amusé avec les ridules de ta paume, suivant de ton index gauche chacune des lignes qui voudraient te dire les moments de ta vie, te laisser croire aux horizons d'étoiles, te donner le nom des nefs qui vont, sans souci de destination, au gré du vent de la fortune, s'abritant dans les ports où rêvent les garçons.
Mais tu joues à retenir l'eau.
Tu y parviens davantage qu'avec le temps.
Immerge-toi et ne fais qu'un avec cet élément : il est ta nature. Reste cette onde, elle sera ta plastique ; tu t'y meus sans contrainte. Elle te rend plus souple que tu ne l'as jamais été. Aime-la. Épouse-la. Fais en le plus doux de tes amants, jamais en peine de t'apporter ses caresses, te confondant avec l'ombre de ses propres ondulations.
Et quand, amant généreux toi-même, tu auras donné le meilleur de ce que tu es, quand tu auras mêlé la transparence de ton corps à celle de l'onde,
et quand le ciel lui-même ne saura vous distinguer, vous bénissant d'azur comme seul vêtement,
sois prêt à ne plus revenir,
demeure au creux de l'onde où tu seras ce nymphe, apparaissant le soir dans le vent des fontaines.
À mon tour j'y serai écoutant ton murmure. Je saisirai ta main comme tu gardais l’eau, et tu m’échapperas, riant comme un enfant.
Et je te gronderai. Je baiserai tes doigts. Je resterai veiller jusqu’au petit matin, et là, tu t’enfuiras.
Celeos © 2015
Jeff Buckley - We all fall in love sometimes
La voix de cet ange disparu dans les ondes du Mississippi me laisse toujours un goût étrange : celui de l'impuissance que l'on éprouve parfois dans certains moments de la vie. Il reste cette plainte fragile, la mélodie déclinée sur les plus hautes notes de sa tessiture sur laquelle se calent quelques accords de blues. On n'est pas ici dans la perfection de la voix soigneusement travaillée, de l'orchestration et du piano d'Elton John ; l'alchimie de l'interprétation, l'articulation particulière de Jeff Buckley font qu'il semble toujours chercher à arracher du néant des mots qui apparaissent alors d'une grande évidence. Ils se posent dans une sorte de temps suspendu, moment singulier où on le saisit par la même grâce qui était sans doute sa nature profonde...
dimanche 21 juin 2015
Humeurs kyriakiennes
Les récents événements en Occident, en France en particulier, le montrent :
Le 21 juin, hélas c'est la « Fête de la musique » idée saugrenue d'un ancien ministre de la culture prétendument socialiste qui nous imposa de supporter les infâmes prestations de braillage dans les rues, avant que, devant l'inanité d'une telle initiative, on remplace les bénévoles du pipeau par des groupes « professionnels » tout aussi affligeants ! Tout cela ne permit qu'une chose : faire disparaître, progressivement, l'enseignement de la musique, et des arts en général, dans les écoles. Les parents plus motivés peuvent ainsi mettre les enfants dans des conservatoires ou des écoles de musique. Les autres...
Et dans cette Europe de Panurge, les autres pays européens reprirent l'idée ! Mon dieu, qu'elle était bonne !
J'ai ouvert mon poste de télévision par hasard — quelle très mauvaise idée, je vais prochainement le jeter pour le recyclage — et suis tombé (et ça fait très mal) sur Patrick Sébastien à Nice faisant la bise à Christian Estrosi pour une fête de la musique à la niçoise, sous les sifflements de désapprobation du public. Quelle pissaladière ratée ! J'ai éteint mon poste illico, bien évidemment.
Que tu es aigri, Celeos, me suis-je dit, me tutoyant moi-même avec familiarité ! Et puis j'ai regardé le site des InRocks, où j'ai trouvé opinion encore pire que la mienne. Je vous en livre un extrait :
« Pavés parfumés à la bière et au vomi, hommages embarrassants à Noir Désir ou Téléphone, citadins heureux de prendre le métro pour entendre les reprises de Dalida qu’ils exècrent à l’année, tolérance djembé, baignades urbaines décomplexées, futurs bacheliers en état d’ébriété qui refont l’épreuve de philo avec des punks à chiens trois fois plus cramés… Chaque année, la Fête de la Musique donne lieu à une inversion des pôles qui impose des scènes de dystopie incohérentes dans toutes les rues de France. »
Oui, vous aurez remarqué que cet extrait comporte un lien vers Youtube et Dalida, parfaitement insupportable. Mais comme elle évoque « une taverne du vieux Londres », j'en profite pour donner plus bas une nouvelle qui me réjouit !
Le site des InRocks est ici : clic
La musique n'a pas besoin de fête pour être appréciée tous les jours, et autant que faire se peut sur Véhèmes. Pour cette matinée de dimanche, et pour une humeur d'ouverture au monde ferme et goûteuse, la kora de Sénégambie (une harpe utilisant la calebasse comme caisse de résonance) est une caresse dans les oreilles. Un morceau du regretté Lamine Konté.
Oui, chers lecteurs/trices, ce qui me réjouit, c'est ce qui nous vient ce jour de Londres.
Voici un extrait de L'Express :
Ce samedi, des milliers de Londoniens ont donné le top départ de ce qu'ils promettent être une véritable campagne de "désobéissance civile", contre la politique économique du gouvernement de David Cameron.
Deux jours après Athènes, plusieurs milliers de personnes manifestaient dans les rues de Londres samedi pour dénoncer eux-aussi la politique "d'austérité" du gouvernement conservateur de David Cameron, qui affrontait son premier rassemblement populaire d'ampleur depuis sa victoire aux législatives du 7 mai.Cette manifestation marque "le début d'une campagne de protestation, de grèves, d'actions directes et de désobéissance civile à travers le pays", a déclaré Sam Fairbairn, un responsable du groupe People's Assembly, à l'origine du rassemblement. "Nous n'aurons pas de répit avant que la cure d'austérité infligée au pays ne soit de l'histoire ancienne", a-t-il ajouté. Sur Twitter, l'événement est très relayé, figurant même parmi les sujets suscitant le plus de réactions dans le monde, via le hashtag #endausteritynow.Parti de la Banque d'Angleterre, au coeur de la City, quartier d'affaires de la capitale britannique, le cortège s'est ébranlé vers 13H15 locales (12H15 GMT) dans une ambiance festive et devait rejoindre dans l'après-midi le Parlement de Westminster, a constaté un journaliste de l'AFP. "L'austérité ne marche pas", "Non aux coupes budgétaires" ou "Dehors les Tories", pouvait-on lire sur les pancartes des participants, dont certains dansaient ou jouaient du tambour.
Les coupes budgétaires du gouvernement Cameron ont un "effet dramatique" sur toute la société britannique, a estimé Sian Bloor, enseignante dans une école primaire de Trafford, près de Manchester (ouest). "Les enfants viennent à l'école avec la crainte de se faire expulser de leurs logements (...) parce que les prestations sociales de leurs parents sont coupées", a-t-elle ajouté. "
Plus à lire ici : clic
samedi 20 juin 2015
vendredi 19 juin 2015
L'ombre du tao
Miguel Cabezas El lago - 2014 |
Shomei Tomatsu, Steel Helmet with Skull Bone Fused by Atomic Bomb, Nagasaki - 1963 © Shomei Tomatsu |
jeudi 18 juin 2015
Alkínoos Ioannídis - Prière/Παρακλήση
Voici, avec cette vidéo d'Alkínoos Ioannídis, Prière/Παρακλήση, la traduction du texte paru dans le billet de ce matin, texte de 2012 semble-t-il, publié sur son site, mais encore d'actualité, hélas.
« Nous vous blâmons, vous savez.»
Voilà ce que m'a dit un Anglais à Londres. Car nous, Grecs, causons du tort aux
économies des autres pays européens. En raison de la sortie de mon disque
Stranger locale, je trouve souvent des réflexions similaires dans les
lignes des journalistes étrangers.
Que répondre? Que lui dire? Que ses grands-pères colonialistes ont traité mes grands-pères chypriotes comme des animaux parce qu'ils étaient bergers et n'avaient aucun valet ? Que sa reine, cette vieille dame aux fabuleux chapeaux, quand elle était jeune signa de sa propre main les condamnations à mort de garçons de 19 ans et 20 ans qui se battaient pour la liberté de leur pays? Parlez-lui de la politique étrangère de son pays qui alimenta artificiellement la haine entre les Chypriotes grecs et les Chypriotes turcs, encouragea avec force l'appétit de la Turquie pour Chypre et, avec l'aide de notre propre machisme stupide et infini, a créé cette situation et des milliers de morts, disparus et réfugiés !
Parlez-lui de la guerre civile de
1944 -1949 ici en Grèce et le rôle que la politique étrangère de son pays a joué.
Parlez-lui de son alliance, avec les collaborateurs nazis vaincus et toutes
sortes de traîtres, contre ceux qui ont combattu pour la liberté dans les
montagnes !
Parlez-lui de la manière dont ils
ont profité de la psychorigidité et du provincialisme de notre leadership
communiste local pour se débarrasser une fois pour toutes de la partie la plus
prometteuse et la plus altruiste de la population du pays. De la manière dont,
depuis lors, la meilleure place a été accordée aux nationalistes qui ont amené
le pays à la situation actuelle, ces « patriotes » qui, en disant
« j’aime mon pays » disent au mieux, « je m’aime moi-même »
ou dans le pire des cas « je déteste tous les autres ».
Et je ne veux pas parler de
l’Allemagne, je ne veux pas vous ennuyer avec l’évidence.
« Nous vous accusons! »
Oh, allons, Robert, restez attentif à ce que vous dites, ne vous comportez pas
comme un enfant! Je peux tout aussi bien vous mettre en accusation.
Vos entreprises et vos gouvernements ont engendré et soutenu notre corruption, afin qu'ils puissent nous vendre — au double du prix — leurs fusils défectueux, inutiles, leurs produits pharmaceutiques et leurs télécommunications. Ils mettent en place des Jeux olympiques. Les nôtres coûtent le double de ceux de Sydney, comme l'a fièrement déclaré un ministre de l'époque de notre gouvernement à une station de télévision à l'étranger. À la question « Voulez-vous dire alors que tout est financé par des capitaux étrangers ? », il répondit, assez mécontent (nous avons aussi notre dignité !) : « Non! Ils sont payé exclusivement sur notre budget. Nous saurons exactement combien après la fin des Jeux ! » C’est l’État qui a payé, à savoir nous, à savoir nos petits-enfants. Et nous avons crié « Hourra! » Et nous avons organisé de belles cérémonies d'ouverture et de clôture. De belles funérailles !
Vos entreprises et vos gouvernements ont engendré et soutenu notre corruption, afin qu'ils puissent nous vendre — au double du prix — leurs fusils défectueux, inutiles, leurs produits pharmaceutiques et leurs télécommunications. Ils mettent en place des Jeux olympiques. Les nôtres coûtent le double de ceux de Sydney, comme l'a fièrement déclaré un ministre de l'époque de notre gouvernement à une station de télévision à l'étranger. À la question « Voulez-vous dire alors que tout est financé par des capitaux étrangers ? », il répondit, assez mécontent (nous avons aussi notre dignité !) : « Non! Ils sont payé exclusivement sur notre budget. Nous saurons exactement combien après la fin des Jeux ! » C’est l’État qui a payé, à savoir nous, à savoir nos petits-enfants. Et nous avons crié « Hourra! » Et nous avons organisé de belles cérémonies d'ouverture et de clôture. De belles funérailles !
« Nous vous accusons! » Mes
deux grands-pères ont été tués à la guerre. Je ne ai jamais entendu mes
parents, qui ont grandi pauvres et orphelins, ni jamais entendu mes
grands-mères veuves réfugiées, accuser tout ensemble les Allemands, les Anglais,
les Turcs
ou les Bulgares. Elles ont gardé le silence, une profonde certitude
que la nature de l'homme, quelle que soit son ascendance, procède à la fois de
l'ange et de la bête. Il la nourrit secrètement, se dissimule derrière des
sourires et une bonté gratuite, et l’efface quand elle perturbe sa vie
quotidienne et lui donne libre cours lorsque les conditions le permettent. Sauf
lorsque sa culture et son éthique l'emportent. Dois-je insister sur ce sujet
philosophique ?
Non. Quoi, alors ? Permettez-moi d’aller
vers des choses futiles. Dois-je parler de la poubelle que votre propre
show-business nous a vendue depuis des décennies? De toutes les musiques pop,
rock stupides dont nous avons été nourris de force ? De la manière dont pour
chaque chanson de qualité, nous avons dû aussi ingurgiter un paquet de chansons
jetables et y associer notre adolescence et notre vie ? Mais alors, vous
pourriez dire: « Qu’avons-nous à faire de savoir que vous avez acheté ces chansons
jetables vendues par les maisons de disques et les stations de radio ? Il ne
tenait qu’à vous de ne pas les écouter. Devez-vous toujours rejeter les fautes
sur les autres ? »
D’accord, alors, regardons de nôtre côté : vous avez raison, Robert, et plus encore. Dans le premier parlement de notre nouvel état, chaque parlementaire se vantait d’une moyenne de 200 filleuls. Nous avons été persécutés depuis le tout début. La guerre civile grecque pendant la révolution nous a coûté plus de morts que le soulèvement contre les Ottomans. Nous avons naturalisé l’Italien Capodistria, puis l'avons tué, parce qu'il ne partageait pas nos vices. Peu importe notre sang versé, peu importent les chansons de bataille que nous chantions, peu importe le nombre d’exodes héroïques que nous avons subis ; en fin de compte c’est vous qui avez constitué notre État, un État qui aille dans le sens de vos affaires. L'un des trois premiers partis dans notre nouveau pays, celui qui prédominait, fut appelé « parti anglais ». Ça en dit long. Quels éléments ont-ils jamais pu nous permettre de croire que nous pourrions lever la tête ?
Vous avez perdu certains enfants de qualité ici, Robert, je le sais. Poètes, utopistes, de classiques savants oxfordiens, philhellènes adolescents, Grecs par l'érudition, platoniciens alors que personne ici n’avait même entendu parler de Platon depuis des siècles. Nous étions des illettrés Arvanites, Valaques, Turc-gitans, turcophones, Pomaques, Slavomacédoniens, Tsamides. C'est vous qui avez coulé l'armada à la bataille navale de Navarin, vous qui nous avez donné un État, vous qui nous avez faits Grecs. Nous étions seulement ceux qui gagnaient la Coupe Européenne de football en battant des immigrants albanais.
Mais peut-être que tout cela ne
doit pas être dit, ou seulement entre nous, ce n’est pas fait pour être
diffusé ; on dit aussitôt que c’est
une exagération et des mensonges. Je vais vous le dire cependant :
Ne croyez pas que nous avons eu la
vie facile pendant toutes ces années, Robert! Cela n'est pas drôle de dormir dans
un lit pliant dans un couloir de l'hôpital en post-chirurgie. Pas drôle d'être
une personne handicapée incapable de se déplacer dans nos villes. Pas drôle de
payer pour un dépôt de bilan et d’être considéré par définition comme un
escroc. Il n’est pas plus drôle de conduire et de mourir sur nos routes. Ou de
donner naissance par césarienne afin que l'obstétricien puisse être payé davantage,
ou avoir une prescription de lait maternisé
pour votre bébé afin qu'il puisse
percevoir une commission. Cela n’est pas drôle ne pas être confirmé dans ses
droits en justice. Pas drôle d'être gouverné par ceux qui nous ont gouvernés. Pas
drôle de vivre dans la laideur, où n’importe
qui peut construire ce qu’il veut où il veut. Pas drôle d'être un enfant sans
éducation et sans temps libre, un enfant avec cinq cours différents par jour,
un enfant stressé et déprimé. Cela n’est pas drôle d'être une personne âgée
sans soins hospitaliers ou d'une pension à proprement parler, en attendant de
mourir devant un poste de télévision. Et il n'a pas toujours été beaucoup plus drôle
d'être un Grec arrivant d’Égypte, de Chypre, de l'Asie Mineure, d'Épire, d’Imbros
ou du Pont. Donc, ne disons pas que nous avons fait la fête avec de l'argent emprunté
pendant toutes ces années. L'argent emprunté pour lequel nous payons a été fourni
par les corrupteurs de vos gouvernements et de vos entreprises et a nourri les
corrompus parmi nous, qui sont leurs prévaricateurs. Et les puissants ont fait
des fortunes sur notre misère et notre humiliation ; et aujourd'hui, ils en
veulent encore plus.
Comment est-il possible alors que
ce pays riche et incorruptible qui est le vôtre, bien qu’il ait lui-même sucé
le sang de ses colonies pendant tant d'années, doive maintenant autant d'argent,
lui-aussi ? Pourquoi subissez-vous des coupes dans l'éducation, la
sécurité sociale, les salaires et la protection sociale, pourquoi avez-vous autant
de sans-abri vivant sous les ponts depuis des années, des gens affamés dans vos
rues et analphabètes en l'an 2012 ? Voilà d’autres questions, énormes,
problème international dont il serait sage que nous parlions ensemble. Il
ne découle pas de la situation en Grèce. Donc, ne nous accusez pas pour ce dont
nous ne sommes pas responsables.
Si vous devez nous blâmer, faites
le pour n’avoir pas su nous défendre ni nous organiser contre une attaque sans
précédent, bien que prévisible. Blâmez-nous pour avoir fait la démonstration
d’être des traînards impréparés, provinciaux déconnectés, autistes, fatalistes, une ville non fortifiée face à une charge annoncée du monstre. Et blâmez vous
également un peu, aussi, car au lieu de sympathiser avec les masses souffrantes
de pauvres Grecs, vous avez cédé au plaisir de mâcher les rengaines vendues par
les marchés, les éditeurs de magazines et vous avez gobé toute crue l'analyse
raciste sur les chaînes de télévision, pendant que vous attendez votre tour.
Chaque jour, on vous parle de la paresse grecque, la corruption grecque, le
mensonge grec. Nous allons vous dire cette vérité qu’on ne vous dit pas :
préparez-vous à perdre tout ce que vous pensez posséder actuellement. Parce que
vous allez tout perdre !
Ne me dites pas « C’est
impossible que cela ne arrive ! » Voilà ce que nous avons dit, aussi,
pour nous réveiller aujourd'hui sans sol sous nos pieds. Demain, ce sera votre
tour. Accusez-nous deux fois lorsque vous serez privé de votre retraite et de
l'argent que vous avez gagné avec votre sueur, en étant loin de vos enfants, de
l'argent que vous leur avez donné, quand vous n’aurez plus de médecin pour vous
soigner, ou une maison pour vous abriter, les services sociaux pour prendre
soin de vous, quand vous n’aurez plus de nourriture, ou de chanson à chanter. Accusez-nous
non pour avoir volé votre argent, mais parce que c’est nous qui avons laissé
casser les portes pour que d’autres viennent vous voler. Notre responsabilité n’est
pas seulement d’avoir laissé se créer une dette, voler nos propres vies, laissé
se construire illégalement, être payé en argent au noir, laissé recevoir et
donner des bakchichs, voté pour des gens incompétents et aimant la subornation.
Et non seulement en se mariant
bientôt dans des piscines kitsch, avec des
feux d'artifice et des limousines malgré nos dettes personnelles, en brûlant des
billets de banque dans des boîtes de nuit, en voulant à la fois avoir à ses
côtés le membre du parlement et l'artiste pour représenter notre côté le plus
bas de gamme.
Bien sûr, nous sommes à blâmer pour
tout cela, et bien plus encore. En vérité, cependant, notre plus grande
culpabilité réside dans ce que nous leur avons permis de commencer à sucer
votre propre sang, et tout autant.
Notre obligation est aujourd'hui de se battre pour l'amour de vos enfants. Et votre obligation est de se battre pour le nôtre. C’est la seule manière d’y arriver. Tout le reste n’a pas de sens.
« Nous vous accusons »? C’est idiot ...
Notre obligation est aujourd'hui de se battre pour l'amour de vos enfants. Et votre obligation est de se battre pour le nôtre. C’est la seule manière d’y arriver. Tout le reste n’a pas de sens.
« Nous vous accusons »? C’est idiot ...
Alkinoos Ioannidis/ Αλκίνοος Ιωαννίδης - Τριανταφυλλένη
Encore un très beau Grec, Alkínoos Ioannídis, de nationalité chypriote. Une voix magnifique, et un garçon de très grand talent, qu'on n'a pas eu souvent l'occasion de voir en France. Avec un rien de charme oriental !
Voici le lien vers son site officiel : clic
En complément à ce que j'écrivais hier, voici un texte magnifique d'Alkínoos :
(la traduction en français sera dans le prochain billet)
We blame you!
By Alkinoos Ioannidis
“We blame you, you know.” That’s what an Englishman told me in London. In the sense that us Greeks are hurting the other European countries’ economies. Because of my “Local Stranger” collection’s release, I will often be met with similar foreign journalists’ lines.
What to reply? What to tell him? That his colonialist grandfathers treated my Cypriot grandfathers like animals because they were shepherds and had no butler? That his queen, this old lady of the fabulous hats, when young would sign with her own hand the death sentences for 19 and 20 year old boys who were fighting for their land’s freedom? Tell him about his country’s foreign policy which artificially bred hatred between Greek Cypriots and Turkish Cypriots, forcefully bred Turkey’s appetite for Cyprus and, with the help of our own endless, silly machoism, created the Cyprus issue and thousands of dead, missing and refugees?
Tell him about the ’44-’49 civil war here in Greece and the role that his country’s foreign policy played? About its alliance with the defeated Nazi collaborators and all kinds of traitors against those who fought for freedom on the mountains? About how they took advantage of our local communist leadership’s brain hardening and provincialism in order to once and for all get rid of the most promising and altruistic part of the country’s population? About how since then it has been the well-placed, the selfish and the supra-Greeks devoid of Hellas –those “patriots” who, when saying “I love my homeland”, mean, in the best case, “I love myself” or even “I hate all others”- who have prevailed and brought the country to today’s ruination?
And let me not talk of Germany, I do not wish to tire you with the self-evident.
“We blame you!” Oh come on, Robert, do behave yourself, do not be a child! I can just as well put the blame on you.
Your companies and your governments have bred and supported our corruption, so they could sell us –at double the price- their useless, faulty guns, their pharmaceuticals and their telecommunications. They set up Olympics. Ours cost twice as much as those of Sydney, as was proudly declared by a then minister of our government to a TV station abroad. Asked “Do you mean then that it’s all covered by foreign capital?” he replied, quite displeased (we do have dignity!): “No! This is exclusively our money. We will know exactly how much after the Games’ end!” It was the state that paid, namely us, namely our grandchildren. And we cried “Hooray!” and we staged beautiful opening and closing ceremonies. A proper funeral home!
“We blame you!” Both my grandfathers were killed at war. I never once heard my parents, who grew up poor and orphaned, nor did I hear my refugee widower grandmothers, collectively accuse the Germans, the English, the Turks or the Bulgarians. They kept a silence, a deep knowledge that man, no matter his ancestry, hosts within him the angel, as well as the beast. He secretly feeds it, hides it behind smiles and costless goodness, suppresses it when it disturbs the everyday and sets it free whenever conditions allow for it. Unless his culture and his ethics prevail. Should I be waxing philosophical about it?
No. What then? Let me get to the “unimportant”. Shall I speak of the trash that your own show-business has been selling us for decades? Of all the pop, rock and “charts” silliness we have been force-fed with? Of how for each quality song, we have had to also love a bag of trash songs and to connect our adolescence and our life to them? But then you might say, “What do I care if you bought the trash you were sold by the record companies and the radio stations? It was up to you not to listen to them. Do you always have to blame the others?”
Ok, then, back to ours: You’re right, Robert, and more. In the first parliament of our new state, each member boasted an average of 200 godchildren. We have been rotten since the very beginning. The Greek civil strife during the revolution cost us more dead than the uprise itself against the Ottomans did. We baptized the “Italian” Capodistria a Greek and then killed him, because he didn’t share our vices. No matter the blood we shed, no matter the battle songs we sang, no matter how many heroic Exoduses we undertook, in the end it was you who made us into a state, so we could run your business. One of the three first parties in our new country, the one who basically predominated, was called “English”. This sums it all up. What fixation was it that ever made us believe we could raise our head?
You lost some noble children here, Robert, I know. Poets, utopians, Oxfordian classics scholars, adolescent philellhenes, Greeks by erudition, Platonists when no one around here had even heard about Plato for centuries. We were illiterate Arvanites, Vlachs, Turc-gypsies, Turcophones, Pomaks, Slavomacedonians, Tsamides. It was you who sank the armada at the naval Battle of Navarino, you who gave us a state, you who made us Greeks. We were the ones to simply win the Euro soccer cup and to go around beating Albanian immigrants.
Maybe not, maybe all this is to be shared between us, it’s not for export, it’s automatically turned into exaggeration and lies then. I will tell him instead:
Do not think we have had it easy all these years, Robert! It has been no fun post-surgery sleeping in a folding bed in a hospital corridor. No fun being a person with a disability not being able to move around in our cities. No fun paying for tax “closure” and being considered a crook by definition. Nor has it been fun driving and dying on our roads. Or giving birth by C-section so that the obstetrician can be paid more, or being prescribed formula milk for your infant so he can collect a commission. It has been no fun not finding your right at court. No fun being ruled by those who have ruled us. No fun living in ugliness, where anyone could build whatever, wherever. No fun being a child with no education and no free time, a child with five private classes a day, a child stressed and depressed. It has been no fun being an elderly without hospital care or a pension to speak of, waiting to die in front of a TV set. And it hasn’t always been much fun being a Greek hailing from Egypt, Cyprus, Asia Minor, Epirus, Imvros or Pontus. So do not say we have been feasting on borrowed money all these years. The borrowed money that we pay for has been provided by your governments’ and your companies’ corruptors and has fed the corrupted among us, their corrupted. And the powerful have been making fortunes out of our misery and humiliation, and today they want more.
How is it possible then that this rich and incorruptible country of yours, despite having sucked the blood of its colonies for so many years, now owes money, too? Why do you suffer cuts in education, social security, wages and welfare, why have you been having homeless living under bridges for years, hungry people on your streets and illiterates in the year 2012? That is another, huge, international issue that it would be wise if we approached together. It doesn’t stem from the situation in Greece. So don’t blame us for what we are not responsible for.
If you want to blame us, do so for the lack of an organized defense against an unprecedented, yet expected assault. Blame us for proving unprepared, disconnected provincials, autistic, fatalists, loiterers, an unfortified city in the face of the monster’s announced charge. And do blame yourself a bit, too, for instead of sympathizing with the suffering masses of poor Greeks, you have been sucking on the candy sold to you by the markets, the editors’ magazines and the racist analysis on TV stations, while you’re waiting for your turn. Every day you are being told of the Greek laziness, the Greek corruption, the Greek lying. We will tell you the truth you are not being told: Prepare to lose everything you think you own. Because you will lose it all!
Don’t be telling me “This cannot possibly happen!” That is what we said, too, only to wake up today with no ground beneath our feet. Tomorrow it will be your turn. Blame us twice when you will be deprived of your pension and of the money you’ve won with your sweat and with your being absent from your children’s lives, of the money you gave them to safeguard, when you won’t have a doctor to treat you, or a house to shelter you, welfare services to care for you, food to eat, or a song to sing. Blame us not for stealing your money, but because it was we who breached the doors for others to rob you. Our responsibility lies not only in creating debt, robbing our own lives, constructing illegally, being paid in undeclared money, both receiving and giving cash gifts, voting for the inadequate and bribing. Not only in getting married next to kitsch swimming pools, with fireworks and limos despite our personal debts, in burning banknotes at nightclubs, in wanting both the member of parliament and the artist to represent our cheapest, most inelegant side. Of course we are at fault for all these, and more. In all truth, though, our biggest guilt lies in that we made the beginning for them to suck on your own blood, too.
Our obligation today is to fight for your children’s sake. And your obligation is to fight for ours. This is the only way.
The rest is nonsense.
“We blame you”? Idiot...
Translation: Elisa Papageorgiou
The Greek original was posted here: http://www.alkinoos.gr/el/news.html
Voici le lien vers son site officiel : clic
En complément à ce que j'écrivais hier, voici un texte magnifique d'Alkínoos :
(la traduction en français sera dans le prochain billet)
We blame you!
By Alkinoos Ioannidis
“We blame you, you know.” That’s what an Englishman told me in London. In the sense that us Greeks are hurting the other European countries’ economies. Because of my “Local Stranger” collection’s release, I will often be met with similar foreign journalists’ lines.
What to reply? What to tell him? That his colonialist grandfathers treated my Cypriot grandfathers like animals because they were shepherds and had no butler? That his queen, this old lady of the fabulous hats, when young would sign with her own hand the death sentences for 19 and 20 year old boys who were fighting for their land’s freedom? Tell him about his country’s foreign policy which artificially bred hatred between Greek Cypriots and Turkish Cypriots, forcefully bred Turkey’s appetite for Cyprus and, with the help of our own endless, silly machoism, created the Cyprus issue and thousands of dead, missing and refugees?
Tell him about the ’44-’49 civil war here in Greece and the role that his country’s foreign policy played? About its alliance with the defeated Nazi collaborators and all kinds of traitors against those who fought for freedom on the mountains? About how they took advantage of our local communist leadership’s brain hardening and provincialism in order to once and for all get rid of the most promising and altruistic part of the country’s population? About how since then it has been the well-placed, the selfish and the supra-Greeks devoid of Hellas –those “patriots” who, when saying “I love my homeland”, mean, in the best case, “I love myself” or even “I hate all others”- who have prevailed and brought the country to today’s ruination?
And let me not talk of Germany, I do not wish to tire you with the self-evident.
“We blame you!” Oh come on, Robert, do behave yourself, do not be a child! I can just as well put the blame on you.
Your companies and your governments have bred and supported our corruption, so they could sell us –at double the price- their useless, faulty guns, their pharmaceuticals and their telecommunications. They set up Olympics. Ours cost twice as much as those of Sydney, as was proudly declared by a then minister of our government to a TV station abroad. Asked “Do you mean then that it’s all covered by foreign capital?” he replied, quite displeased (we do have dignity!): “No! This is exclusively our money. We will know exactly how much after the Games’ end!” It was the state that paid, namely us, namely our grandchildren. And we cried “Hooray!” and we staged beautiful opening and closing ceremonies. A proper funeral home!
“We blame you!” Both my grandfathers were killed at war. I never once heard my parents, who grew up poor and orphaned, nor did I hear my refugee widower grandmothers, collectively accuse the Germans, the English, the Turks or the Bulgarians. They kept a silence, a deep knowledge that man, no matter his ancestry, hosts within him the angel, as well as the beast. He secretly feeds it, hides it behind smiles and costless goodness, suppresses it when it disturbs the everyday and sets it free whenever conditions allow for it. Unless his culture and his ethics prevail. Should I be waxing philosophical about it?
No. What then? Let me get to the “unimportant”. Shall I speak of the trash that your own show-business has been selling us for decades? Of all the pop, rock and “charts” silliness we have been force-fed with? Of how for each quality song, we have had to also love a bag of trash songs and to connect our adolescence and our life to them? But then you might say, “What do I care if you bought the trash you were sold by the record companies and the radio stations? It was up to you not to listen to them. Do you always have to blame the others?”
Ok, then, back to ours: You’re right, Robert, and more. In the first parliament of our new state, each member boasted an average of 200 godchildren. We have been rotten since the very beginning. The Greek civil strife during the revolution cost us more dead than the uprise itself against the Ottomans did. We baptized the “Italian” Capodistria a Greek and then killed him, because he didn’t share our vices. No matter the blood we shed, no matter the battle songs we sang, no matter how many heroic Exoduses we undertook, in the end it was you who made us into a state, so we could run your business. One of the three first parties in our new country, the one who basically predominated, was called “English”. This sums it all up. What fixation was it that ever made us believe we could raise our head?
You lost some noble children here, Robert, I know. Poets, utopians, Oxfordian classics scholars, adolescent philellhenes, Greeks by erudition, Platonists when no one around here had even heard about Plato for centuries. We were illiterate Arvanites, Vlachs, Turc-gypsies, Turcophones, Pomaks, Slavomacedonians, Tsamides. It was you who sank the armada at the naval Battle of Navarino, you who gave us a state, you who made us Greeks. We were the ones to simply win the Euro soccer cup and to go around beating Albanian immigrants.
Maybe not, maybe all this is to be shared between us, it’s not for export, it’s automatically turned into exaggeration and lies then. I will tell him instead:
Do not think we have had it easy all these years, Robert! It has been no fun post-surgery sleeping in a folding bed in a hospital corridor. No fun being a person with a disability not being able to move around in our cities. No fun paying for tax “closure” and being considered a crook by definition. Nor has it been fun driving and dying on our roads. Or giving birth by C-section so that the obstetrician can be paid more, or being prescribed formula milk for your infant so he can collect a commission. It has been no fun not finding your right at court. No fun being ruled by those who have ruled us. No fun living in ugliness, where anyone could build whatever, wherever. No fun being a child with no education and no free time, a child with five private classes a day, a child stressed and depressed. It has been no fun being an elderly without hospital care or a pension to speak of, waiting to die in front of a TV set. And it hasn’t always been much fun being a Greek hailing from Egypt, Cyprus, Asia Minor, Epirus, Imvros or Pontus. So do not say we have been feasting on borrowed money all these years. The borrowed money that we pay for has been provided by your governments’ and your companies’ corruptors and has fed the corrupted among us, their corrupted. And the powerful have been making fortunes out of our misery and humiliation, and today they want more.
How is it possible then that this rich and incorruptible country of yours, despite having sucked the blood of its colonies for so many years, now owes money, too? Why do you suffer cuts in education, social security, wages and welfare, why have you been having homeless living under bridges for years, hungry people on your streets and illiterates in the year 2012? That is another, huge, international issue that it would be wise if we approached together. It doesn’t stem from the situation in Greece. So don’t blame us for what we are not responsible for.
If you want to blame us, do so for the lack of an organized defense against an unprecedented, yet expected assault. Blame us for proving unprepared, disconnected provincials, autistic, fatalists, loiterers, an unfortified city in the face of the monster’s announced charge. And do blame yourself a bit, too, for instead of sympathizing with the suffering masses of poor Greeks, you have been sucking on the candy sold to you by the markets, the editors’ magazines and the racist analysis on TV stations, while you’re waiting for your turn. Every day you are being told of the Greek laziness, the Greek corruption, the Greek lying. We will tell you the truth you are not being told: Prepare to lose everything you think you own. Because you will lose it all!
Don’t be telling me “This cannot possibly happen!” That is what we said, too, only to wake up today with no ground beneath our feet. Tomorrow it will be your turn. Blame us twice when you will be deprived of your pension and of the money you’ve won with your sweat and with your being absent from your children’s lives, of the money you gave them to safeguard, when you won’t have a doctor to treat you, or a house to shelter you, welfare services to care for you, food to eat, or a song to sing. Blame us not for stealing your money, but because it was we who breached the doors for others to rob you. Our responsibility lies not only in creating debt, robbing our own lives, constructing illegally, being paid in undeclared money, both receiving and giving cash gifts, voting for the inadequate and bribing. Not only in getting married next to kitsch swimming pools, with fireworks and limos despite our personal debts, in burning banknotes at nightclubs, in wanting both the member of parliament and the artist to represent our cheapest, most inelegant side. Of course we are at fault for all these, and more. In all truth, though, our biggest guilt lies in that we made the beginning for them to suck on your own blood, too.
Our obligation today is to fight for your children’s sake. And your obligation is to fight for ours. This is the only way.
The rest is nonsense.
“We blame you”? Idiot...
Translation: Elisa Papageorgiou
The Greek original was posted here: http://www.alkinoos.gr/el/news.html
mercredi 17 juin 2015
Δεν πληρώνει, Αλέξη!
Δεν πληρώνει, Αλέξη! Όχι, δεν πληρώνει!
Ne paie pas Alexis, ne paie pas ! Au nom de quoi continuer à aggraver la situation de la Grèce, alors que c'est la troïka elle-même qui a joui cyniquement de la dégradation constatée, jour après jour, et devenue catastrophique, de la vie quotidienne des Grecs ? Non il ne faut pas payer, parce que c'est une décision politique qui ose enfin ne pas céder devant le comportement honteux des gens qui ont contribué à décrédibiliser l'Europe : Jean-Claude Juncker, président de la Commission européenne, devrait avoir un peu plus de retenue, lui qui est compromis dans le système d'évasion fiscale qui implique la politique du Luxembourg alors qu'il était premier ministre ! Et ce sont les journalistes qui ont mis au jour cette affaire, qui sont mis en examen pour « violation du secret des affaires » !
Et l'Allemagne, à qui on remit ses dettes
à l'issue de la Seconde Guerre mondiale, qui voulait, il y a quelques années
que l'on privatise les îles grecques en les vendant aux grosses fortunes
internationales, n'a-t-elle pas honte d'exiger ce paiement ignoble ? Est-ce le
peuple grec qui est responsable de ces dettes ou les classes financières
internationales qui permettent aux banques de se tirer d'affaires en
asservissant l'ensemble de la population grecque ?
Ne paye pas, ne serait-ce que pour montrer
à ces petits chiens de la finance, et les
idéologues néo-libéraux, les Arnaud Leparmentier[1],
les Nicolas Baverez et beaucoup d'autres que l'on peut opposer une décision
politique aux diktats de la finance auxquels sont affidés les Hollande et
Valls, les Merkel, les Cameron et autres pseudo représentants du peuple qui ne
représentent en fait que les intérêts des banques. Comment expliquer les
taux d’intérêt invraisemblables qui ont été conclus en prêt à la Grèce,
aggravant encore la dette et empêchant le redémarrage de l’économie, puisque
l’investissement est devenu impossible ?
Il faudra bien qu'on explique un jour la haine contre les Grecs. J'ai à ce sujet quelques raisons de croire, que comme la France n'a jamais supporté l'émancipation de l'Algérie, comme la Grande-Bretagne a mal supporté que l'Inde trouve les propres voies de son indépendance, les élites occidentales, profondément inégalitaires dans leur conception du monde, n'ont jamais supporté que les Grecs ne soient pas les sauvages qu'ils imaginaient : lorsque les Allemands, à la suite de Schliemann débarquent en Grèce, d'abord à des fins de recherche archéologique, ensuite avec l'invasion nazie, ils sont désappointés de ne pas retrouver un peuple d'éphèbes qui auraient servi de modèle à Phidias et Praxitèle, mais un peuple métissé de diverses origines, et certainement depuis toujours.
Faute de ne pouvoir intervenir directement sur la modification de la race comme ils l'auraient souhaité, les nazis se servent de la Grèce comme d'un territoire à piller comme précédemment, les élites européennes avaient éradiqué tout ce qui ne correspondait pas, sur le territoire à leur vision imbécile d'une Grèce qui serait restée au siècle de Périclès. On invente alors des maisons néo-hellénistiques dessinées par des architectes allemands, on met les Russes aux commandes du pays avec un roi bavarois et on laisse les Anglais — et pas seulement les Anglais, évidemment — piller ce qui, selon eux, ne peut rester entre les mains de ces sauvages (les frises du Parthénon, par exemple). Vision caricaturale de l'histoire de la Grèce ? À peine. Tout le dix-neuvième siècle n'est qu'une longue lutte des Grecs pour retrouver le sens d'une nation, de la même manière que les pays occidentaux ont fait avec leurs propres territoires, qui n'ont jamais cessé de bouger jusqu'à la période récente de la lamentable guerre yougoslave. Cette lutte est parfaitement incompréhensible pour les Occidentaux, qui ne demandent aux Grecs que d'être les bons sauvages folkloriques danseurs de sirtaki, faisant griller des souvlaka pour le bon plaisir des touristes de passage l'été, puisqu'ils ne sont pas le peuple européen de l'est équivalent à ceux de l'ouest.
Cette vision, ce malentendu permanent qui ferait des Grecs des malhonnêtes, des gens non fiables entraînent alors de manière consciente ou non la volonté de punir, de faire payer, d'humilier, ainsi que le dit très justement Alexis Tsipras, l'ensemble du peuple. Qui doit payer les dettes ? Les petits retraités, les employés dont on se contrefiche, à l'ouest, de savoir qu'ils ne pourront pas simplement vivre avec des revenus encore plus faibles.
Dans le journal Le Monde de samedi 13 juin, Adéa Guillot évoque, plus que la pauvreté, la misère de la population d'Athènes qui reconstitue, comme elle le peut des réseaux de solidarité :
Thanassis Tzouras, 78 ans, originaire de
Grèce centrale, a travaillé toute sa vie comme ouvrier du bâtiment. Il perçoit
aujourd'hui 651 € de retraite. Enlevé le coût du loyer, le coût de
l'alimentation, du chauffage, etc. on imagine bien qu'on ne peut pas demander
davantage pour satisfaire le seul caprice des financiers internationaux.
Chômage des jeunes (pic à 60 % en 2013), série de suicides, refus de soins dans
les hôpitaux, sans doute cette situation ne pose-t-elle pas de questions aux «
décideurs » européens de l'ouest.
Ce billet ne peut, dans sa forme, aller plus avant pour défendre la posture des Grecs et la nécessité d'annuler, purement et simplement, la dette grecque. J'ai trop de raisons de prendre ce parti, et également parce que cette authentique résistance à la domination de la finance internationale doit permettre aux peuples de l'ouest de trouver les voies de plus de démocratie, de transparence, plus de générosité avec les réfugiés d'Afrique que l'on traite aussi mal que l'on traita les réfugiés espagnols de 1939.
Une petite définition du Larousse, illustre mon propos :
« Grec Fig. fripon, escroc, surtout au jeu : expulser les grecs d’un cercle. » Nouveau petit Larousse illustré, 1935, p. 466.
Ne paie pas Alexis, ne paie pas ! Au nom de quoi continuer à aggraver la situation de la Grèce, alors que c'est la troïka elle-même qui a joui cyniquement de la dégradation constatée, jour après jour, et devenue catastrophique, de la vie quotidienne des Grecs ? Non il ne faut pas payer, parce que c'est une décision politique qui ose enfin ne pas céder devant le comportement honteux des gens qui ont contribué à décrédibiliser l'Europe : Jean-Claude Juncker, président de la Commission européenne, devrait avoir un peu plus de retenue, lui qui est compromis dans le système d'évasion fiscale qui implique la politique du Luxembourg alors qu'il était premier ministre ! Et ce sont les journalistes qui ont mis au jour cette affaire, qui sont mis en examen pour « violation du secret des affaires » !
Alexis Tsipras, alors étudiant |
Mario Draghi, président de la Banque centrale européenne |
Christine Lagarde, directrice du Fonds monétaire international |
Il faudra bien qu'on explique un jour la haine contre les Grecs. J'ai à ce sujet quelques raisons de croire, que comme la France n'a jamais supporté l'émancipation de l'Algérie, comme la Grande-Bretagne a mal supporté que l'Inde trouve les propres voies de son indépendance, les élites occidentales, profondément inégalitaires dans leur conception du monde, n'ont jamais supporté que les Grecs ne soient pas les sauvages qu'ils imaginaient : lorsque les Allemands, à la suite de Schliemann débarquent en Grèce, d'abord à des fins de recherche archéologique, ensuite avec l'invasion nazie, ils sont désappointés de ne pas retrouver un peuple d'éphèbes qui auraient servi de modèle à Phidias et Praxitèle, mais un peuple métissé de diverses origines, et certainement depuis toujours.
Faute de ne pouvoir intervenir directement sur la modification de la race comme ils l'auraient souhaité, les nazis se servent de la Grèce comme d'un territoire à piller comme précédemment, les élites européennes avaient éradiqué tout ce qui ne correspondait pas, sur le territoire à leur vision imbécile d'une Grèce qui serait restée au siècle de Périclès. On invente alors des maisons néo-hellénistiques dessinées par des architectes allemands, on met les Russes aux commandes du pays avec un roi bavarois et on laisse les Anglais — et pas seulement les Anglais, évidemment — piller ce qui, selon eux, ne peut rester entre les mains de ces sauvages (les frises du Parthénon, par exemple). Vision caricaturale de l'histoire de la Grèce ? À peine. Tout le dix-neuvième siècle n'est qu'une longue lutte des Grecs pour retrouver le sens d'une nation, de la même manière que les pays occidentaux ont fait avec leurs propres territoires, qui n'ont jamais cessé de bouger jusqu'à la période récente de la lamentable guerre yougoslave. Cette lutte est parfaitement incompréhensible pour les Occidentaux, qui ne demandent aux Grecs que d'être les bons sauvages folkloriques danseurs de sirtaki, faisant griller des souvlaka pour le bon plaisir des touristes de passage l'été, puisqu'ils ne sont pas le peuple européen de l'est équivalent à ceux de l'ouest.
Cette vision, ce malentendu permanent qui ferait des Grecs des malhonnêtes, des gens non fiables entraînent alors de manière consciente ou non la volonté de punir, de faire payer, d'humilier, ainsi que le dit très justement Alexis Tsipras, l'ensemble du peuple. Qui doit payer les dettes ? Les petits retraités, les employés dont on se contrefiche, à l'ouest, de savoir qu'ils ne pourront pas simplement vivre avec des revenus encore plus faibles.
Dans le journal Le Monde de samedi 13 juin, Adéa Guillot évoque, plus que la pauvreté, la misère de la population d'Athènes qui reconstitue, comme elle le peut des réseaux de solidarité :
Une famille à la rue |
Ce billet ne peut, dans sa forme, aller plus avant pour défendre la posture des Grecs et la nécessité d'annuler, purement et simplement, la dette grecque. J'ai trop de raisons de prendre ce parti, et également parce que cette authentique résistance à la domination de la finance internationale doit permettre aux peuples de l'ouest de trouver les voies de plus de démocratie, de transparence, plus de générosité avec les réfugiés d'Afrique que l'on traite aussi mal que l'on traita les réfugiés espagnols de 1939.
Une petite définition du Larousse, illustre mon propos :
« Grec Fig. fripon, escroc, surtout au jeu : expulser les grecs d’un cercle. » Nouveau petit Larousse illustré, 1935, p. 466.
Ne paie pas, Alexis !
mardi 16 juin 2015
Patrizio - 'A miseria 'e Napule
J'évoquais voici quelque temps Joselito, « L'enfant à la voix d'or » de l'Espagne franquiste.
Naples eut aussi son jeune chanteur prodige : Patrizio Esposito, né en 1960, mort trop jeune, à vingt-quatre ans d'une surdose (pas de montepulciano, évidemment).
On apprécie dans sa voix un tempérament, une voix pas toujours parfaite, mais pétrie de cette sincérité de la musique populaire dont Naples a su forger un immense répertoire.
On peut regretter que sa carrière, comme ce fut le cas pour beaucoup de jeunes chanteurs, évolua dans le sens d'une musique dite de « variétés » qui affadit largement les talents du jeune garçon. On peut retrouver sur Youtube de nombreuses vidéos d'émissions de télévision ou de ses 45 tours qui eurent un grand succès.
Destin tragique, certainement, de ces jeunes gens qui ne furent que jouets, sans doute, de machines à bizness...
Je n'ai pas retrouvé beaucoup d'informations sur Patrizio, cependant voici quelques notes glanées sur la toile : il est le dernier d'une famille de cinq enfants, dont la mère est veuve très tôt. Il chante « naturellement » comme on le fait dans un quartier populaire où la chanson accompagne la vie quotidienne. Il est remarqué en 1975 lors d'une noce où il vient honorer les époux ; l'auteur de la chanson est présent et le fait entrer dans le milieu professionnel de la musique. Il lui propose une nouvelle chanson, Papà,.. è Natale! qui obtient un grand succès.
Et vogua la galère de l'engrenage qui l'amena à devoir répondre à un public dans un milieu très concurrentiel et pas toujours fraternel...
La deuxième vidéo, où Patrizio interprète Papà,.. è Natale! donne quelques éléments d'explications de la vie consumée de cet enfant napolitain.
Naples eut aussi son jeune chanteur prodige : Patrizio Esposito, né en 1960, mort trop jeune, à vingt-quatre ans d'une surdose (pas de montepulciano, évidemment).
On apprécie dans sa voix un tempérament, une voix pas toujours parfaite, mais pétrie de cette sincérité de la musique populaire dont Naples a su forger un immense répertoire.
On peut regretter que sa carrière, comme ce fut le cas pour beaucoup de jeunes chanteurs, évolua dans le sens d'une musique dite de « variétés » qui affadit largement les talents du jeune garçon. On peut retrouver sur Youtube de nombreuses vidéos d'émissions de télévision ou de ses 45 tours qui eurent un grand succès.
Destin tragique, certainement, de ces jeunes gens qui ne furent que jouets, sans doute, de machines à bizness...
Je n'ai pas retrouvé beaucoup d'informations sur Patrizio, cependant voici quelques notes glanées sur la toile : il est le dernier d'une famille de cinq enfants, dont la mère est veuve très tôt. Il chante « naturellement » comme on le fait dans un quartier populaire où la chanson accompagne la vie quotidienne. Il est remarqué en 1975 lors d'une noce où il vient honorer les époux ; l'auteur de la chanson est présent et le fait entrer dans le milieu professionnel de la musique. Il lui propose une nouvelle chanson, Papà,.. è Natale! qui obtient un grand succès.
Et vogua la galère de l'engrenage qui l'amena à devoir répondre à un public dans un milieu très concurrentiel et pas toujours fraternel...
La deuxième vidéo, où Patrizio interprète Papà,.. è Natale! donne quelques éléments d'explications de la vie consumée de cet enfant napolitain.
lundi 15 juin 2015
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