Je préfère le dissensus dur au caramel mou
Parfois on aimerait, face à la violence du monde, qu’un garçon vous prenne dans ses bras et murmure : « Ça ira, je suis là, on connaîtra des jours meilleurs… »
mercredi 31 décembre 2014
El Canto General
Giorgos Dalaras - El Canto General, musique de Mikis Theodorakis sur le poème de Pablo Neruda
mardi 30 décembre 2014
Let us compare Greensleeves - 2
C'est tellement mieux avec des gants/ Gloves are better to play
Greensleeves - by Cello ensemble from Český Krumlov
lundi 29 décembre 2014
L'alité rature*
Clémentine Mélois est une jeune artiste, spécialisée dans les détournements de titres de romans ou d'essais. Les jeux de mots sont plus tordus les uns que les autres. Un vrai régal.
Quelques exemples :
Tous n'ont pas la même qualité, et parfois le jeu de mots est trop facile.
Je regrette, par exemple, l'assimilation Rimbaud/Rambo, avec la photo de Sylvester Stallone, qui n'apporte rien de très drôle, accompagnée du titre des Illuminations et Une saison en enfer, à moins que le détournement concerne également ces deux titres qui se rapporteraient au contenu des films de Stallone, mais alors ça devient trop subtil.
En tout cas, il est bien de saluer l'ensemble pour ce bel effort de détournement, qui, rappelons-le, reste un art difficile.
Pour consulter la page Facebook de Clémentine Mélois, c'est ici : clic
* J'avais fait ce très mauvais jeu de mot à propos de l'écrivain Joe Bousquet, ami du peintre Max Ernst. J'ai parfois honte, mais ça ne dure pas.
Quelques exemples :
Tous n'ont pas la même qualité, et parfois le jeu de mots est trop facile.
Je regrette, par exemple, l'assimilation Rimbaud/Rambo, avec la photo de Sylvester Stallone, qui n'apporte rien de très drôle, accompagnée du titre des Illuminations et Une saison en enfer, à moins que le détournement concerne également ces deux titres qui se rapporteraient au contenu des films de Stallone, mais alors ça devient trop subtil.
En tout cas, il est bien de saluer l'ensemble pour ce bel effort de détournement, qui, rappelons-le, reste un art difficile.
Pour consulter la page Facebook de Clémentine Mélois, c'est ici : clic
* J'avais fait ce très mauvais jeu de mot à propos de l'écrivain Joe Bousquet, ami du peintre Max Ernst. J'ai parfois honte, mais ça ne dure pas.
Histoire du côté occidental
Du temps du rêve américain, avec Georges Chakiris et Rita Moreno : West side story,
pour commencer la semaine agréablement.
pour commencer la semaine agréablement.
dimanche 28 décembre 2014
Let us compare Greensleeves - 1
Jordi Savall - Les manches vertes
samedi 27 décembre 2014
vendredi 26 décembre 2014
La peste soit de cette mauvaise limonade !
Quelques instants d'héllénitude, bien servie par ce très beau chanteur, que je découvris un jour sur ET3 :
Κάτω στα λεμονάδικα - Βαγγέλης Παπάζογλου ( 1934 )
La chanson se termine sur un zembekiko/ ζεϊμπέκικο, danse masculine en solo, que les logiques touristiques ont par la suite transformée en "sirtaki", popularisé par le film Zorba le Grec, de Mikhail Kakoyannis, avec Anthony Quinn.
jeudi 25 décembre 2014
Le pêcheur d’étoiles
Conte d'été
Cette année là, j’étais berger dans les Alpilles,
pour le mas des Thélèmes. Je ne devais pas avoir beaucoup plus que les vingt
ans qu’on me donnait. Le métier de berger était le seul que je connaissais,
pour l’avoir pratiqué depuis l’enfance et le mas des Thélèmes n’était pas le
plus désagréable, d’autant que quand on garde les troupeaux, on ne voit pas
grand monde. J’étais sur les hauteurs de ces Alpilles, qui ne sont pas bien les
plus hautes des montagnes, mais les nuits d’été, on y apprécie l’air un peu
plus frais. On reste le soir à regarder le ciel, à écouter le vent, et quand on
sait que les brebis sont à l’abri, protégées par le chien qui reste attentif,
on peut se laisser aller à s’endormir, bercé par les parfums des herbes hautes
et les odeurs fortes des arbres qui font le sommeil reposant.
Je recevais les provisions du mas par quinzaine,
qu’un valet m’apportait. Il restait le temps d’une discussion, racontant les
nouvelles des villages, puis repartait d’un pas tranquille, heureux d’avoir bu
avec moi la rasade d’un vin bien coupé d’eau. Au mois d’août, le temps se
faisait plus lourd, et orageux. Cette fois-là, j’attendais mes
provisions ; le valet, un peu âgé, me les apportait en milieu
d’après-midi. Vers les trois heures du soleil, il n’était pas arrivé. J’en
reportai la faute à l’orage qui avait, sur le coup des midis, déclenché une
averse terrible. Je n’avais eu que le temps de m’abriter avec mes brebis sous
les avancées de la falaise blanche. Puis l’averse avait cessé aussi rapidement
qu’elle était arrivée. Mais de l’autre côté de la montagne, l’orage avait
continué, et dans ces combes encaissées, il arrive que le lit des ruisseaux
soit à sec un instant pour devenir infranchissable quelques minutes après.
J’attendis donc. Je savais que même s’il ne venait
pas aujourd’hui, il me restait encore du pain un peu rassis, mais que
j’accompagnais de légumes sauvages, poireaux, et parfois des fruits que la
nature veut bien laisser sur le chemin : mûres, prunelles aigrelettes.
L’automne apportait des arbouses douces et parfumées et de petites pommes
sauvages ; jamais je ne me suis trouvé en peine de chercher à manger.
Vers la fin de l’après-midi, le chien aboya. J’en
fus étonné, car il connaissait le pas du valet, et s’avançait toujours pour lui
faire fête. Je m’avançais à mon tour et, en effet, ce n’était pas la silhouette du valet,
mais un homme de plus belle allure, plus mince, et non légèrement voûté comme
l’était le valet, mais avec un port de tête droit, et souple dans sa démarche.
Comme je l’attendais, je reconnus le jeune Augustin, le fils du maître, que
j’avais déjà croisé l’année précédente, mais il avait changé, avait légèrement
forci, et sa taille était plus haute. Son visage était avenant, avec une légère
barbe qui lui assombrissait le visage. Je le saluai, et il m’expliqua que le
valet était souffrant, et qu’il s’était proposé de le remplacer. Il connaissait
la montagne pour l’avoir parcourue à course étant enfant. Il me donna les
provisions : le pain cuit de l’avant-veille, quelques tranches de viande
séchée, des légumes secs, une courge verte, et des biscuits secs que l’on
trempe dans le vin pour tromper la faim parfois. Je les posai dans la niche de
la cabane. Nous parlâmes. Il me raconta qu’il était dans une école pour
préparer un métier lui permettant de voyager, de découvrir le monde. Il
s’inquiéta pour moi, plaignit ma vie de solitude dans la montagne. Je le
rassurai, en lui disant la paix que m’apportait tout ce qui m’entourait :
les arbres, les rochers, la source d’eau claire ; mes compagnes, les
brebis, l’amitié du chien, et le plaisir d’être un peu à l’écart du monde, dont
les intentions ne sont pas toujours bienveillantes. Je ne lui en dis pas plus.
Il devait redescendre, retourner au Mas des Thélèmes. La route prenait bien
deux à trois heures de temps, et il lui fallait arriver avant la nuit. Je le
quittai avec l’impression favorable d’un jeune homme ouvert au monde et sans
mépris pour ses gens. Je ne pensais pas le revoir de sitôt, car il devait
repartir vers son école, m’avait-il dit.
Saverio Marconi dans Padre, padrone de Paolo et Vittorio Taviani |
La soirée était commencée, et la nuit était tombée.
J’avais fait mon repas d’une grosse tranche de pain plus frais et d’un morceau
de fromage. Un verre de vin m’avait régalé, suivi d’un peu d’eau fraîche de la
jarre, conservée à l’abri de la chaleur, et m’étais allongé sur la couche, dans
l’odeur de la paille et de quelques brassées d’herbes sèches qui faisaient mon
matelas. Quelques braises rougeoyaient dans la cheminée aménagée dans l’angle
de la cabane. Un peu de fumée se répandait dans l’unique pièce, mais la fenêtre
était restée ouverte comme un œil sur le ciel sombre. Au loin j’entendais les
roulements du tonnerre, et me rassurai en pensant que le jeune Augustin avait
dû arriver au mas. Je regardais le ciel dont les nuages commençaient à
s’estomper, laissant apparaître les premières constellations. Apaisé, je fermai
les paupières et commençai à m’assoupir.
Un bruit de pas me fit sursauter, suivi d’un
appel : c’était Augustin qui revenait. Au début, tout s’était bien passé,
et il avait suivi la route d’un bon train. Arrivé au passage du ruisseau,
l’eau était terriblement montée, et Augustin était tombé. Il lui fallait
retrouver un passage, regrimper sur de plus hautes pierres pour reprendre la
route vers le mas. Peine perdue. Il avait préféré revenir dans la montagne
pour attendre le lendemain la fin de la crue du ruisseau. Je le rassurai,
attisai les braises restant dans l’âtre, rapportai quelques morceaux de bois.
La flamme se ranima. Augustin était trempé. Je lui fis quitter sa chemise et la
mis à sécher devant la flamme. Le jeune homme n’avait pas froid. Il s’était
réchauffé d’avoir marché, et malgré l’orage du début d’après-midi, l’air était
encore tiède. Je pris un linge, et le frottai, comme un jeune cheval. Sa peau
luisait encore d’humidité, et la lueur de la flamme se reflétait sur son torse
qui était d’une grande beauté. Sa minceur, ses muscles seulement esquissés lui
donnaient une allure fière et dont la grâce me surprenait, piégeant mon propre
regard sur son corps.
Quand il fut séché, je lui proposai mon lit afin
qu’il pût se reposer et se remettre de son aventure. Il ne l’accepta que sur
mon insistance, le rassurant sur le fait que je dormirais sur la terre battue. J’avais
une grosse couverture ; lui pouvait se suffire du drap. Par la fenêtre
restée ouverte, le ciel s’était totalement dégagé des nuages qui
l’encombraient. Au ciel apparaissaient les étoiles : je les regardais avec
d’autant plus de plaisir qu’Augustin, au-dessus de moi, était allongé sur le lit
et les regardait avec étonnement. Je me surpris à lui donner du tu :
- Connais-tu le nom des
étoiles, au-dessus du ciel ?
-
Quelques unes, me
répondit-il, mais j’ai parfois un peu de mal à les reconnaître.
-
Tu as d’abord Orion,
là, tout à droite, qu’on dit fleur de carotte.
Il saisit ma main qui montrait le ciel, et me tira
à côté de lui, pour accompagner son propre regard vers le ciel. Je me laissai
faire. Il voyait Orion. Je lui montrai le Dauphin, la Lyre.
- Là, vois-tu, c’est le Chemin de saint Jacques, la Voie lactée. Je pris sa main
et lui fis accompagner le tracé de la
Voie lactée. Je me tournai vers lui. Ses yeux brillaient, les
yeux de l’enfant qu’il était encore. Il replia le bras vers moi et me saisit
pour me serrer contre lui. Je me laissai faire, heureux de cette amitié et de
ce désir mélangés. Il s’était blotti contre moi, comme un animal en recherche
de chaleur. Son visage chercha le mien, et ce fut le premier baiser que
j’échangeai depuis longtemps. Doucement nos corps se trouvèrent, les caresses se
donnèrent dans un plaisir que lui comme moi n’avions sans doute jamais
ressenti. Puis nos corps s’enflammèrent, et dans nos nudités respectives,
devant ce ciel qui n’avait jamais été aussi fleuri, la nuit se passa dans la
joie de nos virilités, sans sommeil, et comme si le monde n’avait jamais existé
que pour nous permettre de nous donner l’un à l’autre.
Quand vint le matin, Augustin somnolait sur mon
épaule. Ma main, posée sur sa poitrine, ressentait le battement de son cœur, et
je ne savais plus si ce cœur était le sien ou le mien. Ses lèvres à peine
entrouvertes laissaient passer un souffle léger ; les miennes étaient
posées sur son oreille, et je restais muet à ne pas trouver les mots pour lui
dire ma joie.
Le petit jour arriva vite, instant méchant. Je dus
me lever, répondre aux obligations du métier ; pour la première fois de ma
vie je maudis mes brebis, mon chien. J’élargis les bêtes qui se précipitèrent à
l’accomplissement de leur activité routinière.
Je revins enfin. Augustin s’était levé à son tour.
Nu dans la lumière, je vis un ange qui me regardait.
- Tu dois partir, lui dis-je, on
t’attend au mas. On doit s’inquiéter pour toi. Sans doute est-on déjà parti à
ta recherche. Tu dois y aller.
Vincent Van Gogh - Nuit étoilée sur le Rhône - 1888 |
Augustin se rhabilla, Il paraissait penaud. Je le
vis partir, après un salut rapide, et quelques mots d’espérance d’un retour. Il s’éloigna
d’un pas leste. Je restai longtemps à regarder sa silhouette se découper sur le
tracé du chemin. Il passa un amas de rochers. Je ne le vis plus.
Je ne le vis plus jamais. J’appris qu’il avait continué
ses études, qu’il était parti à l’étranger où de grands projets l’attendaient.
Aucun autre Augustin n’a jamais pris sa place sur le matelas de paille et
d’herbes. Longtemps j’ai regardé le ciel d’été que traversent les flèches de
Persée. On disait parfois que les étoiles filantes étaient les âmes des morts.
Je ne sais si dans ces flèches d’or, l’âme d’Augustin a pu se trouver. Si c’est le
cas, elle a vu mon attente, elle a vu mon regard tendu vers lui. Elle sait
qu’un jour la mienne traversera aussi ce même ciel. Elle sait que j’y attendrai son retour.
© Celeos - 2014
mercredi 24 décembre 2014
Apollangelo
Apollon à l'Omphalos - Galleria degli Uffizzi, Firenze |
" Il est une statue aux « Offices » que j’aime cajoler des yeux à
chaque séjour en Toscane. Elle me console de n’avoir conservé de lui la moindre
photographie, la moindre trace, si ce n’est celle que garde, faillible, ma mémoire. Il se
peut que j’idéalise cet amant de jeunesse, qu'importe !
Son « double » est un Apollon « de l'Omphalos », de marbre pentélique, copie romaine
d’un bronze grec datant du quatrième siècle avant Jésus-Christ.
Le dieu pétrifié a d’Angelo la corpulence, la taille, la puissante musculature, sèche,
sans excès."
chaque séjour en Toscane. Elle me console de n’avoir conservé de lui la moindre
photographie, la moindre trace, si ce n’est celle que garde, faillible, ma mémoire. Il se
peut que j’idéalise cet amant de jeunesse, qu'importe !
Son « double » est un Apollon « de l'Omphalos », de marbre pentélique, copie romaine
d’un bronze grec datant du quatrième siècle avant Jésus-Christ.
Le dieu pétrifié a d’Angelo la corpulence, la taille, la puissante musculature, sèche,
sans excès."
Paul Arjaillès - Tombe, Victor! : clic
Simon Amstell pastiche Ben Whishaw
Car ce n'est qu'un pastiche, et non une parodie, qui serait désobligeante pour Ben Wishaw !
Le nom de Simon Amstell n'est pas très connu en France, contrairement au Royaume-Uni, où sa popularité est immense : acteur, présentateur d'émissions de télévision, scénariste. Il est assez hystérique, reconnaît-il lui-même, et sa voix haut perchée l'entraîne dans des monologues complètement déjantés, au point qu'il en a fait un stand up, pardon ! un one man show, pardon ! un seul-en-scène. Pour tout dire, une espèce de Woody Allen, avec un sens incroyable de la répartie et de l'ironie froide, et, ce qui ne gâche rien, une très jolie frimousse. Il présente, entre autres émissions, Never mind the buzzcocks, expression assez intraduisible, mais signifiant, en gros, "on se moque des clameurs de basse-cour". Enfin si vous voulez d'autres traductions, c'est à vous de voir.
L'autre grande émission présentée par Simon Amstell est Grandma's house, "la maison de la mamet" (c'est comme ça qu'on dit dans le Sud en tout cas !) où des situations cocasses orchestrées par Simon donnent à chaque génération l'occasion d'émettre son point de vue sur un sujet.
En l'occurrence, c'est Ben Wishaw qui est l'objet de l'émission, ou plutôt un comédien qui joue à être Ben Wishaw, qu'on connaît déjà un peu mieux en France que Simon. Or Ben Wishaw, très grand comédien, apparaît souvent en interview comme quelqu'un d'introverti, s'exprimant sans grande facilité, mal à l'aise en société (et parlant dans cet épisode de choses qu'il suppose être difficiles à comprendre pour ses interlocuteurs).
Arrive Simon, qui est tout l'inverse de Ben Wishaw, extraverti, parlant sans arrêt, bousculant son interlocuteur, se moquant même de sa façon de s'habiller, parlant de sujets évidemment d'une extrême banalité. C'est un sketch qui rappelle, dans un autre style et un autre temps, Pierre Desproges faisant l'interview de Françoise Sagan, et finissant par lui montrer ses photos de vacances avec son beau-frère.
Simon Amstell est, sans nul doute, un sale garnement qui adore faire dire des horreurs à ses personnages. Dans une interview, il dit espérer que Ben Wishaw n'ait pas vu l'épisode de Grandma's house. Une totale mauvaise foi. Tout ce que j'aime.
De plus le mordant de l'histoire est que Simon Amstell et Ben Wishaw sont tous deux ouvertement gay !
mardi 23 décembre 2014
Jaime mon ami
Mi Amigo Jaime (Gay Short)
Jaime mon ami, traduit en français, (ah ! quel jeu de mots, mais nous subissons tous la fatigue de la fin de l'année !...) gentil petit court métrage qui finit bien. Quoi de mieux en cette période où tout le monde va s'aimer ? J'adore les intérieurs... à peine léchés ! Mais quoi ? Il y a des décorateurs même dans les courts gays.
J'avais pris en photo à Nice, sur le vif, une scène très tendre, qui ressemble beaucoup à la scène de fin de ce film. Je vais me lancer dans le cinéma, je commence à avoir quelques références, claro !
Faire la figue
"Faire la figue" est un geste dérivé des traditions gréco-romaines. Il s’agit de montrer la pointe du pouce qui s'insinue entre l'index et le majeur. C'est une insulte évidemment sexuelle, que l'on trouve mentionnée chez Dante. A l'époque romaine, le geste était pratiqué au point qu'on a retrouvé de nombreuses amulettes, notamment à Pompéi, représentant le geste de "faire la figue". Puis la signification a évolué pour devenir un jeu d'enfant consistant à dire : "je vole le bout de ton nez. Où est-il ? Le voilà !" Le nez étant, évidemment, l'euphémisation du joli nom de quiquette. On peut donc le considérer comme aujourd'hui l'équivalent du "bras d'honneur", que tout le monde comprend sans besoin d'explication.
C'est en Italie que Simon Vouet, très impressionné par le Caravage, dont on retrouve une touche dans cette peinture, s'est inspiré de cette tradition - qui n'est pas qu'italienne par ailleurs.
Simon Vouet - Le jeune homme à la figue ca 1615 |
lundi 22 décembre 2014
Fauve ≠ Azulejos
Un texte seul dit par Quentin, d'une belle force poétique. Si la forme demande parfois à être davantage travaillée, le contenu rappelle Baudelaire, Lautréamont, et tant d'autres...
Personnellement, j'aime beaucoup la dernière phrase : "libre et..." Ça me réjouit toujours. Que voulez-vous, on ne se refait pas !
dimanche 21 décembre 2014
Hallelujah
Jeff Buckley interprète Hallelujah, chanson de Leonard Cohen. Certainement l'une des interprétations les plus sensibles.
J'y entends un appel, terriblement impuissant, à travers les paroles qui font un parallèle entre les accords de lyre - supposés parfaits - du roi David vers son dieu, et les manquements de l'amour. La relation de deux êtres est un espoir de fusion - alleluia ! chant d'allégresse - qui se brise dans les mesquineries du quotidien, les excès de l'ego. "L'amour n'est pas une marche victorieuse, c'est un chant d'allégresse froid et brisé".
Si Jeff Buckley en donne une interprétation aussi forte, voire douloureuse, c'est que peut-être ses propres blessures - l'absence d'un père, Tim Buckley, personnalité forte de la beat generation, peu soucieux de sa famille, mort d'overdose ; excès de présence de sa mère, Mary Guibert, qui contrôle aujourd'hui d'une poigne de fer la "mémoire" de son fils - demandent un appel d'air, audible dans sa voix.
Jeff Buckley s'est noyé accidentellement - tout habillé ! - dans un affluent du Mississipi en 1997. J'ai tout lieu de croire - mais ça n'engage que moi - qu'il aurait été utile qu'il découvre ce que ces blessures avaient créé en lui.
Par une étrange coïncidence, un autre chanteur, Rufus Wainwright, qui a été l'un des premiers à chanter en reprise Hallelujah, est lui, ouvertement gay.
Une carrière musicale qui s'annonçait pleine d'espoirs, et un magnifique garçon à la sensibilité à fleur de peau ont ainsi été fauchés il y a dix-sept ans. Regrets.
Une carrière musicale qui s'annonçait pleine d'espoirs, et un magnifique garçon à la sensibilité à fleur de peau ont ainsi été fauchés il y a dix-sept ans. Regrets.
samedi 20 décembre 2014
vendredi 19 décembre 2014
Saint Sébastien (suite 4)
Sandro Boticelli San Sebastiano - 1473 |
Ici encore, le sang n'est que très peu apparent : il a coulé principalement par la blessure de la flèche fichée dans le côté, là où le Christ a reçu le coup de lance. Le corps est celui d'un jeune homme dont les traits sont d'une grande finesse, fidèle à la manière de Boticelli. Le visage n'exprime aucun sentiment particulier, si ce n'est une lassitude visible dans les cernes des yeux. Ce visage reste d'une belle régularité avec quelques marques de féminité qui accentue l'aspect juvénile, sans toutefois évoquer l'enfance comme Lorenzo Costa ou le Bronzino.
L'arrière-plan donne toute sa place au ciel auquel appartient Sébastien. La partie inférieure est illustrée par une scène de cavaliers armés, de retour d'affrontement, qui ont laissé des morts sur le champ de bataille. Plus loin, un port de mer est défendu par une digue fortifiée de plusieurs tours. Un arbre d'une hauteur disproportionnée vient distraire ce paysage, et, tout au loin apparaît en fond une ville et un château.
L'ensemble constitue une composition assez classique, et si ce n'était la manière de Boticelli, on serait en droit de considérer un excès de convention dans son traitement. Il reste en tout cas, la force érotique du corps du supplicié que le peintre n'a pu éluder, entre exemplum religieux et intérêt pour l'influence antique.
jeudi 18 décembre 2014
Benvenuto
Benvenuto Cellini fut un immense artiste florentin, à la vie très mouvementée.
Ganymède - ca 1548 |
Persée - 1554 |
Quelques aspects ici de l'homme, de l’œuvre, et de l'imaginaire qu'il suscita .
Piazzale degli Uffizi, Florence
Giuseppe de Luca : Benvenuto Cellini " De l'art, splendeur immortelle ", musique d'Eugène-Emile Diaz.
mercredi 17 décembre 2014
Ferran Savall
Ferran Savall, fils de Jordi, et de Monserrat Figueras, instrumentiste et chanteur, pouvait-il avoir plus belle voix ? Un régal hispanique !
MARINERO SOY DE AMOR - Anónimo (Sefardí) / Cervantes
mardi 16 décembre 2014
Escapade à Paris - 2
Marcel Duchamp. La peinture, même. Sans doute sorti ici des ready-made. On lira l'article de Philippe Lançon
paru dans Libération ici : clic
Je n'avais plus beaucoup de temps pour voir l'exposition. Je me suis aventuré dans un lieu encore une fois surpeuplé de gens qui se rassurent devant des formes inquiétantes en y cherchant des explications rationnelles. Ils les trouvent parfois, mais c'est bien rare. Ou font œuvre de pédagogie en se procurant une victime qui subira un discours savant et devra écouter jusqu'au bout un bavardage aussi vain qu'inutile. Comme c'est pénible !
Et que dire de ces groupes qui, incapables de lire les matériaux mis à la disposition des visiteurs, s'en réfèrent à une visite guidée, menée avec un micro dans lequel le/la guide parle à voix ténue et reste devant une œuvre le temps de donner une explication succincte en se déplaçant parfois au pas de course : il faut rationaliser le temps de guidage et permettre une productivité optimale de la fréquentation des visiteurs.
Écrasé par des grappes humaines je me faufile, essayant de suivre le cheminement, qui n'est pas toujours d'une parfaite cohérence. L'important est que j'y trouve mon compte.
Je me réjouis des textes de recherche formelle de Duchamp. Le brave garçon se régale du contrepet, d'allitérations. On retrouve toute la tradition littéraire des écrivains libertaires qui ont permis à la langue de s'échapper de sa gangue de plomb.
"L'aspirant habite Javel - J'avais la bite en spirale" est un pur bonheur littéraire !
Je reste un long moment sur cette très belle peinture :
Déconstruire l'image revient au même protocole créatif que déconstruire les mots : chaque étape permet de retrouver un nouveau sens, et l'ensemble des formes recréées donne à la démarche initiale une dimension qui lui permet d'échapper au réel simple. Un objet peut devenir alors ce qu'il est dans son appréhension immédiate, à quoi on peut rajouter tout ce qu'il n'est pas et qui offre une infinité de possibilités.
Quelques artistes indispensables accompagnent le travail de Marcel Duchamp. J'apprécie cette œuvre de Brancusi :
Sortant de l'exposition, le soir tombe sur Paris. Une lumière crépusculaire baigne le ciel. A travers les verrières de l'escalator, un curieux Utrillo s'est dessiné, blafard, aux maisons resserrées et transies de froid.
Ce soir je dîne avec des amis très chers vers Montmartre. Le restaurant porte un joli nom.
Est-ce Montmartre qui émerge dans cet horizon où tout se confond ?
La soirée est chaleureuse, amicale, fraternelle. Je quitte mes amis fort tard, bercé par le confort de la soirée. Dans la nuit parisienne, je marche, léger. J'ai le sourire au cœur.
paru dans Libération ici : clic
Je n'avais plus beaucoup de temps pour voir l'exposition. Je me suis aventuré dans un lieu encore une fois surpeuplé de gens qui se rassurent devant des formes inquiétantes en y cherchant des explications rationnelles. Ils les trouvent parfois, mais c'est bien rare. Ou font œuvre de pédagogie en se procurant une victime qui subira un discours savant et devra écouter jusqu'au bout un bavardage aussi vain qu'inutile. Comme c'est pénible !
Et que dire de ces groupes qui, incapables de lire les matériaux mis à la disposition des visiteurs, s'en réfèrent à une visite guidée, menée avec un micro dans lequel le/la guide parle à voix ténue et reste devant une œuvre le temps de donner une explication succincte en se déplaçant parfois au pas de course : il faut rationaliser le temps de guidage et permettre une productivité optimale de la fréquentation des visiteurs.
Écrasé par des grappes humaines je me faufile, essayant de suivre le cheminement, qui n'est pas toujours d'une parfaite cohérence. L'important est que j'y trouve mon compte.
Je me réjouis des textes de recherche formelle de Duchamp. Le brave garçon se régale du contrepet, d'allitérations. On retrouve toute la tradition littéraire des écrivains libertaires qui ont permis à la langue de s'échapper de sa gangue de plomb.
"L'aspirant habite Javel - J'avais la bite en spirale" est un pur bonheur littéraire !
Je reste un long moment sur cette très belle peinture :
Marcel Duchamp Jeune homme triste dans un train 1911-1912 |
Quelques artistes indispensables accompagnent le travail de Marcel Duchamp. J'apprécie cette œuvre de Brancusi :
Constantin Brancusi La reine pas dédaigneuse 1916-1933
Sortant de l'exposition, le soir tombe sur Paris. Une lumière crépusculaire baigne le ciel. A travers les verrières de l'escalator, un curieux Utrillo s'est dessiné, blafard, aux maisons resserrées et transies de froid.
Ce soir je dîne avec des amis très chers vers Montmartre. Le restaurant porte un joli nom.
Est-ce Montmartre qui émerge dans cet horizon où tout se confond ?
La soirée est chaleureuse, amicale, fraternelle. Je quitte mes amis fort tard, bercé par le confort de la soirée. Dans la nuit parisienne, je marche, léger. J'ai le sourire au cœur.
Je perds mes forces - Giovanna Marini
Pier Paolo Pasolini fut assassiné il y a un peu plus de trente neuf ans. Son œuvre et sa vie furent baroques, scandaleuses, indispensables.
L'Italie a de grandes dames, dont Giovanna Marini. Hommage ici à PPP.
lundi 15 décembre 2014
Entre deux eaux
Pour bien commencer la semaine où l'on se rapproche du solstice d'hiver, fêté par les chrétiens avec Noël, les juifs avec Hanouka, les musulmans par l'Aïd al Mouloud (fête de la naissance d'Ishoua, alias Jésus), les païens avec le sapin de Noël et ses bougies, certains jeunes de banlieue par des feux de joie de voitures, les pompiers avec leurs lances à incendie, les commerçants de toutes confessions par l'explosion de leur chiffre d'affaire, voici un peu de soleil musical du regretté Paco de Lucía (à prononcer à la castillane, et non à l'italienne, non mais !).
(Très longue phrase, mais pas autant que certains sociologues !)
Entre deux eaux, c'était aussi le nom d'un joli blog, non, je rectifie, d'un très beau blog qui privilégie le texte, fait par le bel Olivier, qui apparemment a cessé de bloguer. C'est dommage. J'espère qu'il est heureux avec son ami d'amour.
Je ne peux m'empêcher d'en donner un passage d'une grande sensualité :
Je ne peux m'empêcher d'en donner un passage d'une grande sensualité :
" Je goûte son corps blanc picard avec délectation, je m'abandonne à lui, comme lui à moi, sans pression. Nous nous touchons, suscitons et éprouvons d'indécelables vigueurs, découvrons les parcelles sensibles de nos peaux ".
Sa dernière page est datée d'il y a un an, c'était hier, jour pour jour. Voici le lien : clic
Paco de Lucía Entre dos aguas - 1976
dimanche 14 décembre 2014
Arbres à Antibes
A Antibes
rue de l'Hôpital
où l'herbe à chats
encore indemne entre les pavés
il y a un grand micocoulier
il est dans la cour
de l'asile des vieillards
Hé oui c'est un grand micocoulier
dit un vieillard de l'asile
assis sur un banc de pierre
contre un mur de pierre
et sa voix
est doucement bercée par le soleil
Micocoulier
et ce nom d'arbre
roucoule
dans la voix usée
Et il est millénaire
ajoute le vieil homme
en toute simplicité
Beaucoup plus vieux que moi
mais tellement plus jeune encore
Millénaire et toujours vert
Et dans la voix
de l'apprenti centenaire
il y a un peu d'envie
beaucoup d'admiration
une grande détresse
et une immense fraîcheur.
Jacques Prévert - Arbres
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