Je préfère le dissensus dur au caramel mou

Je préfère le dissensus dur au caramel mou
Medusa – Il Caravaggio

Parfois on aimerait, face à la violence du monde, qu’un garçon vous prenne dans ses bras et murmure : « Ça ira, je suis là, on connaîtra des jours meilleurs… »

mardi 28 février 2017

Ren Hang

Le jeune artiste chinois Ren Hang a fini par quitter ce monde. C'est toujours un déchirement. Le suicide reste une hypothèse, pas une solution. Mais lorsque tout devient si douloureux, il n'est plus seulement question de choix. Voici un texte, que je ne comprends pas car je ne suis évidemment pas sinologue.

2016.09.17
这几天找到一种新的方法,让自己镇定下来,把自己摔倒也是对抑郁的一种抗衡,每当我碰触到地面就彻底躺平,行人啊,车辆啊,都可以从我身体上踩踏过去、碾轧过去。而且这种时候意识会变得无比清醒,智慧和记忆力好像也增强了,所有关注过的事件都历历在目,甚至背诵得出当事人说过的话,1997年白宝山在监狱中说:我出去就要杀人。如果判我20年,我出去杀成年人。如果判我无期徒刑,我减刑出去,杀不动成年人了,我就到幼儿园去杀孩子。

总是能听到开枪的声音,开始的时候我有点害怕,时间久了,也就习惯了,那声音也像有人在用槌子往我脑袋钉钉子,好像有一个建筑工地,有人要盖摩天大楼,盖了这么多年也没盖好,好多无家可归的人在我的脑袋里面哭啊闹啊,我要被吵死了,他们不让我睡觉,也不让我出门。不睡觉也好,不出门也好,反正每天出门前,穿上精心挑选好的衣服,照着镜子怎么看都觉得像要去参加自己的葬礼,消极得那么隆重。每一个目的地都像是为了追悼自己而要赶赴的灵堂。
我也害怕出门听到那些关心和疑问,你看起来那么开心,怎么可能抑郁呢?你有什么可以抑郁的,我还抑郁呢总是那么矫情他又在装腔作”……这些声音比我脑袋里的声音更容易使我紧张。在所有牵扯到两个或者两个人以上的人际关系中,要么我就会不停地说话,要么我就会一直沉默。所有的假装轻松都让我筋疲力尽。

这么多年,我一直在给自己治病。一人分饰医生和病人两角,有时候医生给病人治病,有时候病人也给医生治病。彻底把生活过成了一所医院,每天只是流连在各个不同的病房里,外面的人进不来,自己也走不出去。


La traduction de Google donne ceci :


« Ces jours-ci pour trouver une nouvelle façon de vous calmer, et la chute est un contrepoids à leur propre dépression, chaque fois que je touche le sol complètement à plat, piéton, ah, ah véhicules, sont disponibles à partir de mon corps piétiner le passé, grind roulé passé. Et cette fois-ci deviendra la conscience très claire, l'intelligence et la mémoire semble avoir augmenté, tous préoccupés par les événements sont frais dans notre mémoire, et même réciter venir à la fête ont dit Bai Baoshan en prison en 1997, il a dit: Je vais aller de tuer. Si moi condamné à 20 ans, je suis sorti pour tuer un adulte. Si je suis condamné à la prison à vie, et je commuée pour tuer un adulte ne bouge pas, je vais tuer des enfants à la crèche.

J'entends toujours le son de la prise de vue, je commençais un peu peur, longtemps, s'y habituer, ça sonne comme quelqu'un avec un marteau un clou dans la tête, comme s'il y a un chantier de construction, il a été de gratte-ciel couvrent, a couverture ne couvre pas tant d'années, un grand nombre de personnes sans-abri dans le centre de pleurer dans ma tête, ah, je veux être bruyant morts, ils ne me laisseront pas dormir, ne me laisse pas sortir. Ne pas dormir ou de ne pas aller Quoi qu'il en soit à la porte tous les jours, soigneusement sélectionnés pour porter de bons vêtements, regarder dans le miroir pour voir comment tout envie d'aller à votre propre enterrement, le négatif était si grand. Chaque destination est comme un mémorial pour eux-mêmes et se précipita vers la salle.
J'avais peur de sortir pour entendre ces préoccupations et questions, "Vous avez l'air si heureux, comment pourrait-il la dépression?", "Que pouvez-vous la dépression, je reste déprimé il", "Vous êtes toujours aussi hypocrite", "il gesticulations "...... ces sons plus facile que la voix dans ma tête me rend nerveux. En tout implique deux ou plusieurs relations des gens, ou je vais continuer à parler, ou je l'aurais gardé le silence. Tous prétendent facilement me faire épuisé.


Tant d'années, j'ont été à leur propre traitement médical. Qui a joué de nombreux coins de médecins et de patients, parfois les médecins pour traiter les patients, mais aussi pour les médecins traitent parfois les patients. Le vécu à fond est devenu un hôpital, tous les jours juste pour traîner dans les différents quartiers, qui ne pouvait pas venir, ils seraient sortir. »

Ren Hang Sans titre 1

Finalement, si on ne savait pas que c'est une traduction Google, ça reste acceptable. Non pour le style inexistant, mais le sens s'y retrouve, comme on lisait autrefois chez Antonin Artaud cette impossibilité à être, à accepter le corps comme lieu dépositaire de son esprit dont on ne peut pas faire grand chose sinon rappeler toujours que ce corps n'est que de la barbaque, ensemble de viande irrigué de sang dont la seule réalité est une trahison de ce monde dont on ne s'échappe que dans une disparition définitive.
Actuellement  Ren Hang était présenté dans des galeries à Pékin et à Stockholm. Dans ses photos, on lit la place de ce corps, objet de désir, objet de rejet, objet médiateur entre le monde et sa réalité. Vivre reste le fait d'apprendre à gommer ses sensibilités. Sinon il faut vivre vite, très vite. Ren Hang, comme un éclair de lumière.

Deux haïkus de Ren Hang :

Beaucoup de gens sur la route
 
Sur la route, il y a beaucoup de gens que je ne connais pas
Et pourtant avec eux, j’ai de grands points communs :
ils ne sont pas encore morts sur la route.



Jeunesse

La jeunesse est très mince
Une brise peut l’emporter
Quand elle revient
Avec un cercueil à obésité

Ren Hang Sans titre 2

samedi 25 février 2017

Triomphe de la médiocrité

Je ne blogue plus. Mes lectrices et lecteurs l’auront sans doute remarqué. Ce qui m’espante est que je conserve régulièrement un niveau de visites totalement honorable. Les Russes n’y sont pas pour rien. J’ai même eu, ces deux derniers mois un pic de consultation à 1300 connexions dans une journée. Lisent-ils le français ou ne viennent-il que pour les beaux garçons que j’ai laissés dans mes pages ? Je m’en fous totalement. Bloguer est davantage un exercice de style qui permettait d’entretenir, en ce qui me concerne, ma mauvaise humeur, dont j’ai suffisamment de raisons, pas toutes avouables, de l’exprimer.
De toute façon, bloguer est en train de devenir totalement ringard. Aujourd’hui on vlogue. Ceux qui l’ont compris se retiennent de faire trop de billets – et encore faudrait-il avoir quelque texte de qualité à présenter. D’autres bloguent contre vents et marées, publiant des images pieuses de très jeunes gens dont il est aujourd’hui exclu qu’ils jettent le moindre regard sur les blogueurs en question qui ont basculé dans une tranche d’âge où la nostalgie le dispute au déni de réalité. Bref, en tout cas en ce qui me concerne, je n’ai plus de raison de publier des photos empruntées sur d’autres sites, et comme je ne photographie pas moi-même les charmants modèles qui font encore rêver, il n’est plus question d’aller faire mon marché sur d’autres blogs ou d’autres sites qui ont eux-mêmes suffisamment de grandes qualités de sujets photographiques présentés sans qu’on les plagie : seul un commentaire, une mise en scène humoristique ou poétique pouvait encore trouver à mes yeux cette justification. Ce n’est plus le cas : les temps ont changé.
Et je profite de la cérémonie des César qui s’est déroulée hier pour lâcher cet envoi qui restera maintenant le ton général de ce blog, si tant est qu’il continue vraiment.
Je regarde très peu la télévision. Pour tout dire, il m’avait échappé que la 42ème cérémonie des César avait lieu hier. 42 ! Que d’acteurs, de réalisateurs ont passé dans ces cérémonies, et certain(e)s nous ont quittés dont on garde précieusement les émotions qu’ils m’ont procurées !
Je n’évoquerai que trois moments de cette soirée : l’un de colère partagée, le deuxième de grand énervement, le troisième d’une véritable émotion.
Colère partagée avec François Ruffin, césarisé pour son documentaire Merci patron. Il interpella François Hollande, l’homme au cerveau en yaourt, dont le gouvernement prétendument socialiste applique maintenant depuis deux ans une politique répressive fascisante, une politique d'économie de délabrement de l’agriculture (son fidèle Le Foll, ministre de l’agriculture n’a pas été foutu de rencontrer, voire de convoquer, le patron du groupe Lactalis qui étrangle les producteurs de lait). Je l’avais souligné il y a quelques mois : Hollande se carre du suicide des agriculteurs – un par jour – comme de sa première carte du PPS (parti prétendument socialiste). Bref Hollande et ces clowns de socialistes encartés resteront dans l’histoire comme un épisode affligeant de l’incompétence satisfaite, mais surtout de la complicité volontaire de destruction de l’éducation publique, de l’abandon de la politique culturelle au profit des industries musicales, du marché de l’art contemporain, de l’abandon d’une politique de la lecture publique et de tant de valeurs de liens sociaux abandonnées…
Deuxième moment, d’énervement, cette fois, lors de l’attribution du César de meilleur réalisateur à Xavier Dolan, totalement immérité pour le film Juste la fin du monde. J’en ai parlé deux fois, ici et et je n’y reviendrai pas. Mais c’est un mauvais service à lui rendre que de lui laisser croire que le texte de Jean-Luc Lagarce a bien été servi par son cinéma qui s’est là fourvoyé.
Troisième moment de grande émotion, celui où le vieux maintenant Jean-Paul Belmondo a arboré son magnifique sourire d’homme blanchi sous les années, entouré de ses amis. Ce ne fut pas le plus grand, le meilleur acteur. Mais il incarnait sans doute deux choses qui ont été rappelées hier : un cinéma d’auteur bien représenté notamment par celui de Jean-Luc Godard, et celui, populaire mais de qualité toutefois, de Philippe de Broca pour lequel il joue L’homme de Rio. On pouvait croire alors qu’on pouvait encore rêver en France. Aujourd’hui la France ne sent plus que le vomi. Sans doute a-t-on le tort de ne pas assez mourir jeune. Finalement l’émotion portée par la figure de Belmondo était-elle  le constat affligé que notre époque est véritablement d’une immense médiocrité, dont la seule façon de ne pas trop participer à son expansion est de se taire. Je crois vraiment que seul le silence est véritablement vertueux. Il faudra malgré tout que quelques vices continuent de me laisser m’exprimer. C’est dans ma nature.

Marco in the box
Le joli vlog de ce charmant garcon est à déguster !


Christiane Taubira a poussé son coup de gueule contre la médiocrité de ce crétin qui a osé dire que les gens de la Manif pour tous avaient été humiliés. Pauvre garçon ! À force de faire allégeance à tous les bords, il en perd le sens commun. Pas de mystère : venu de la phynance, comme disait Alfred Jarry, il restera le candidat de la phynance.
Je vous aime, Christiane.



Oui, la France sent le vomi. J’avais ironisé il y a quelques mois sur ceux qui embrassaient les flics, disant de se méfier : d’abord on les embrasse, après ils vous enculent. Je ne croyais pas si bien dire : le jeune Théo, dont la famille est dans les affaires, semble-t-il, l’a expérimenté.
Dans le même temps, les flics encore, dans le grand froid parisien, confisquaient les couvertures des migrants. Aujourd’hui la Ville de Paris, paraît-il, fait disposer des pierres de grande taille pour que ces mêmes migrants ne puissent s’abriter sous les ponts. Et à Nice, on fait un procès à des gens qui expriment leur solidarité avec les migrants. Dans la France de Hollande, l’homme au cerveau de yaourt. C’est assez drôle. C’est à propos de Hollande que je me suis fâché avec un blogueur que je croyais suffisamment intelligent et critique pour que les mesures prises par le gouvernement soient bien comprises pour ce qu’elles étaient : des mesures fascisantes. Quand il m’arrive de passer sur le site de ce blogueur, je comprends à quel point la plupart des blogs « gay » sont des lieux insipides, au mieux le relais de critiques d’événements extérieurs, quand les rapports d’Amnesty international dénoncent la situation en France comme mettant les droits humains en danger. Je n’ai jamais lu dans ce blog la moindre chose sur ce sujet en France. Ç’aurait été sans doute été manquer à l’allégeance lècheculesque que ce blogueur nourrit vis-à-vis du PPS.
Je dédie ces vidéos à ces migrants, en pensant au jour peut-être pas si lointain où les camps rouvriront plus grands en France pour ceux qui seront estimés trop basanés, ou qui ouvriront trop leur gueule. Il restera à chanter Dance me to the end of love, chanson de la danse des amants dans l’attente du pogrome.