Dans le billet sur le lacrime di Giovanni, détail d'une peinture d'une Pietà du Perugino, je présentais l'amitié de Jésus pour Jean et réciproquement. En fait il s'agit bien de l'affliction de Jean, Jésus étant mort et non encore ressuscité dans l'histoire légendaire, même si le texte dit "le disciple que Jésus aimait".
Le Christ de pitié de Jean Malouel, acquis par le Musée du Louvre en 2012, est un exemple magnifique de cette relation de fidélité qui a inspiré les peintres de la fin du Moyen-âge et de la Renaissance.
La relation ternaire de cette amitié qui permet de recomposer la relation filiale du fait de la mort du Christ (" femme, voici ton fils ") reste d'une relative complexité, puisque par l'identification filiale, l'indication du Christ que Jean est le nouveau fils de Marie revient à le substituer à lui.
Par ailleurs, la place que tient Jean dans le rang des apôtres est également singulière, comme s'il avait, effectivement, un rôle que les autres apôtres n'ont pas. Dans l'iconographie, Jean, de plus, est le seul apôtre à ne pas porter la barbe, indication soit de son immaturité dans sa place sociale, soit qu'il n'est pas identifié comme un homme social dans la société juive de l'époque. Enfin, il accompagne dans sa mort le Christ, aux côtés de Marie, et parfois représentée, Marie-Madeleine. Or l'accompagnement des morts est normalement dévolu aux femmes, qui permettent aux âmes d'entrer dans le monde de vivants, et inversement de le quitter pour retourner au monde des morts. Est-ce pour cela que, classiquement, les peintres ont d'une certaine façon féminisé la représentation de Jean ?
Musée du Louvre (©DR) avant 1404
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La relation ternaire de cette amitié qui permet de recomposer la relation filiale du fait de la mort du Christ (" femme, voici ton fils ") reste d'une relative complexité, puisque par l'identification filiale, l'indication du Christ que Jean est le nouveau fils de Marie revient à le substituer à lui.
Par ailleurs, la place que tient Jean dans le rang des apôtres est également singulière, comme s'il avait, effectivement, un rôle que les autres apôtres n'ont pas. Dans l'iconographie, Jean, de plus, est le seul apôtre à ne pas porter la barbe, indication soit de son immaturité dans sa place sociale, soit qu'il n'est pas identifié comme un homme social dans la société juive de l'époque. Enfin, il accompagne dans sa mort le Christ, aux côtés de Marie, et parfois représentée, Marie-Madeleine. Or l'accompagnement des morts est normalement dévolu aux femmes, qui permettent aux âmes d'entrer dans le monde de vivants, et inversement de le quitter pour retourner au monde des morts. Est-ce pour cela que, classiquement, les peintres ont d'une certaine façon féminisé la représentation de Jean ?
4 commentaires:
J'ai toujours pensé (dès le catéchisme ?) qu'il y avait un loup.
Et toute la question est là : Jean a-t-il vu le loup ?
Il faudrait éventuellement relire La colère de l'Agneau, de Guy Hocquenghem (1985)...
Palomar
Excellente suggestion. Je mets ce bel esprit au programme de mes prochaines lectures.
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