Je préfère le dissensus dur au caramel mou

Je préfère le dissensus dur au caramel mou
Medusa – Il Caravaggio

Parfois on aimerait, face à la violence du monde, qu’un garçon vous prenne dans ses bras et murmure : « Ça ira, je suis là, on connaîtra des jours meilleurs… »

lundi 10 novembre 2014

Personne ne chante, personne ne danse !

J'ai évoqué dans un précédent billet la Grèce avec Nikos Ikonomopoulos. On trouve sur la toile de trop nombreux clichés touristiques - et il est insupportable de voir sans cesse ces maisons blanches aux toits bleus dans les îles de la mer Egée ! - qui  font oublier le sort tragique que subit ce pays dont les plus fragiles ne ressortent pas indemnes. Ceux qui sont attentifs savent la situation actuelle.

Je reviens ici sur la chanson, qui partout reste un reflet de la vie des Grecs.


J'ai trouvé ce petit moment de sociologie : rue Ermou, en plein centre d'Athènes, parfois à côté de mendiants qui exhibent leurs infirmités, des petits moments de grâce peuvent arriver. Ces enfants interprètent une chanson du grand Nikos Papazoglou, décédé en 2011 à Thessalonique où il vivait, qui fut l'un des artistes les plus marquants de cette période.
La vidéo est intéressante à plus d'un point : si l'interprétation laisse un peu à désirer, on remarquera la maîtrise des instruments chez ces très jeunes artistes, et le "free style" du plus jeune qui se permet des envolées très marrantes. La rue Ermou, rue très commerçante d'Athènes où j'ai un peu habité, est aussi aussi un lieu de trafic, dans leur cas bien innocent...



Et voici la version "originale" interprétée par Nikos Papazoglou lui-même. La chanson, inspirée du rébétiko, est un blues, d'une soirée dans une taverne, où entre vin et son du baglama, et plus précisément du petit baglama (l'instrument que joue Nikos Papazoglou), une fille est venue errer, faisant rêver les buveurs. Mais ç'aurait pu être un garçon... 
" Personne ne chante ici, personne ne danse, ils écoutent seulement le son du petit baglama qui fait voyager notre esprit..."

 La même chanson, tant elle est populaire, a été interprétée par le groupe Children of the Revolution (hommage à T-Rex, évidemment), repris dans le CD sur la Grèce (Greece, a musical odyssey) chez Putumayo, dans une version flamenca, très, très efficace. Voici, du même groupe, Eleftheria- Ελευθερία (Liberté) interprétée sur scène avec un enthousiasme qui est assez remarquable. Et son chanteur, Vassili, est d'une grande beauté, ce qui ne gâche rien. Même si à mon goût, il arbore un peu trop ses tatouages et les piercings de ses oreilles. J'imagine que son père était un kouros échappé du Musée national d'archéologie d'Athènes...
 On le retrouve interpréter une chanson en espagnol : ici  Ce garçon est définitivement craquant !

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Quelle superbe énergie de vie!
Je fais de jolies découvertes chez vous, Céléos.
J'ai aussi été très touchée par la fragilité émouvante de Quentin.
Malheureusement, la "beauté sauvage" du chanteur que je viens d'entendre,a conduit ma pensée auprès de Rémi Fraisse. Ce jeune homme qui me semble être mort pour avoir eu trop envie de vivre. Si vous y êtes sensible, je vous propose la lecture d'une lettre des ses parents et amis publiée sur le site Reporterre.
Marie

Celeos a dit…

Je l'ai lue Marie, et j'y ai été sensible. Régulièrement, des jeunes gens, d'où qu'ils soient, sont ainsi sacrifiés sur l'autel de la violence "légitime", ainsi que l'appelait le sociologue Max Weber. Jean aurait sans doute aimé rappeler la beauté qu'il y a gagnée. Elle ne comble bien sûr pas la peine de ceux qui l'aimaient. Rémi a aujourd'hui une tragique place dans la mémoire de notre temps, où il s'inscrit dans une trop longue continuité : j'avais aussi dédié ce blog à Clément...