Je préfère le dissensus dur au caramel mou

Je préfère le dissensus dur au caramel mou
Medusa – Il Caravaggio

Parfois on aimerait, face à la violence du monde, qu’un garçon vous prenne dans ses bras et murmure : « Ça ira, je suis là, on connaîtra des jours meilleurs… »

vendredi 24 juillet 2015

La fin de Têtu ?

Yannick Barbe, le directeur de la rédaction du journal Têtu, rappelait dans son éditorial du numéro de l'été le danger financier dans lequel se trouvait cet organe de presse.

Le journal L'Obs annonçait hier soir la fin de Têtu, devenu, selon les termes de Didier Lestrade, co-fondateur de l'association Act Up et de Têtu, un journal « mou du cul », au sens où le mensuel, qui est davantage porté par les informations « tendance » de la vie gay, a sans doute raté le coche de la militance nécessaire au moment où les offensives des anti mariage pour tous demandaient sans doute non une invisibilité des réactions, mais, au contraire, une mobilisation encore plus forte contre les comportements archaïques et homophobes.

Quelles que soient les raisons réelles en fait qui amènent Têtu à cette situation, il est regrettable de voir disparaître à la fois un organe de presse et le seul journal ouvertement gay en France.

Je ne l'achetais pas souvent, n'y trouvant que peu de mes intérêts, avec une relative absence d'articles de fond, comme si le comportement gay devait être, depuis toujours, une affaire de bluettes, de marques de sous-vêtements, de vie nocturne et de lieux à fréquenter dans la différence du comportement hétéro.

Bref, Têtu n'était pas très convaincant à mes yeux. Mais c'est grand dommage, on n'est pas obligé non plus, quand on est gay, de ne s'intéresser qu'à des choses sérieuses, n'est-ce pas ?

6 commentaires:

Silvano a dit…

Je rejoins votre point de vue. Il y a longtemps que ce magazine avait abandonné le fond au profit de la forme ; il suffit de regarder votre visuel pour s'en convaincre : ayant acheté un exemplaire l'hiver dernier, j'en terminai la lecture effaré de tant de vacuité. Je pense, toute modestie mise à part, qu'on trouvera dans nos blogs (le vôtre, le mien, ceux que nous mettons en lien) une palette beaucoup plus représentative de notre diversité (ces deux derniers mots soulignés) que ne l'offrait ce mensuel. La disparition de Têtu est également révélatrice de la crise que subissent les "supports papiers", laquelle touche à peu près tous les titres.

Celeos a dit…

Signe des temps pour Têtu. Victime sans doute de l'effet « pipolisation ». Comme vous avez raison pour nos blogs ;) ! Et que continue à vivre notre diversité culturelle !

joseph a dit…

J'étais plus assidu à Gai Pied, je dois dire, sauf pour les numéros TETU vacances qui annonçant clairement la couleur , offraient de beaux clichés , au propre comme au figuré!

Celeos a dit…

Certes, Têtu nous offrit parfois du beau linge que je ne renie pas !

Bibliothèque Gay a dit…

J'avais acheté (et conservé) le premier numéro de Têtu. J'ai ensuite continué à le lire jusqu'à ce que j'arrive au même constat que vous et que j'arrête de l'acheter et de le lire. J'ai acheté aujourd'hui le dernier numéro, presque par fétichisme. Malheureusement, il ne m'a pas fait changer d'avis sur l'orientation du Têtu des dernières années.
Je n'oublie pas que c'est grâce à une annonce Têtu que j'ai rencontré celui qui partage ma vie depuis plus de 13 ans (nous nous sommes même mariés).
J'espère, par mon blog, apporter "une palette beaucoup plus représentative de notre diversité". Parmi mes différentes motivations pour tenir ce blog, l'idée de défendre et illustrer une certaine culture homosexuelle représente ma manière à moi d'être "militant" et défendre notre cause (il ne faut jamais baisser la garde).
Jean-Marc

Celeos a dit…

Eh, oui, dans les qualités de Têtu, il y avait aussi la touche marketing qui faisait décider de l'achat. J'ai craqué plus d'une fois sur les couvertures avant de me résoudre à ne plus l'acheter. Jusqu'à la fois suivante. Mais il y avait aussi cette touche fédérative qui permet à des garçons de se retrouver, même partiellement autour de nos thèmes communs. Bel exemple que celui de votre couple, Jean-Marc.
Et je crois que Silvano a raison : nous sommes quelques blogueurs, qui sans forcément nous connaître, arrivons à constituer autour de nos intérêts et nos personnalités respectives, un ensemble très complémentaire, soucieux de rappeler que nos billets témoignent d'une esthétique des garçons, de l'imaginaire qui l'accompagne, et de la vigilance envers les haines qui ne sont jamais éteintes.