Quand on lit certains éditorialistes français, on reste surpris par une espèce de haine de la Grèce que l'on découvre entre les lignes. Il faudrait sans doute faire une psychanalyse de cette haine : comment autant devoir à la civilisation grecque, et la dénigrer aujourd'hui comme si elle était la cause de ses propres maux, elle qui fut le jouet depuis plus de deux siècles des fantasmes de la Grande-Bretagne, de l'Allemagne, de la Russie et de la France ?
La Grèce qu'on dota d'un roi bavarois, d'un premier ministre russe, qu'on érigea en rempart contre l'islam ottoman, dont on dévoya certaines élites dans le seul intérêt des grandes puissances occidentales, la Grèce dont on veut qu'elle paye des dettes préparées par une banque américaine, Goldman-Sachs, où travaillait alors Mario Draghi (de 2002 à 2005), président actuel de la Banque centrale européenne...
Et si justement cette haine ne provenait pas du fait que les Grecs essayent, tant bien que mal, d'échapper à cette vieille emprise, de sortir du jeu que les Occidentaux lui ont imposé ? Des signes sont montrés au vieux système : Syriza en Grèce, Podemos en Espagne. On ne parle guère de l'Islande qui a démocratiquement et clairement refusé les systèmes d'austérité qu'on voulait instaurer. Et si résister à tout cela, à cette austérité inacceptable qui détruit les systèmes de soins, qui privatise les services publics, qui transforme la culture en système marchand, et si résister commençait simplement par dire « non » ?
Jeunes Grecs devant le nouveau musée de l'Acropole - © Celeos 2010 |
4 commentaires:
mais le non de la rue est si souvent peu entendu par les gouvernements en place qu'on peine à lui donner encore un sens (je vois cela en Belgique où des mesures impopulaires seront votées alors que des alternatives réalistes existent)
Il y a la rue, et il y a les « non » qu'on peut prononcer en s'engageant individuellement : la créativité est à l’œuvre !
Interessant ce blog. Nous avons beaucoup de points communs, dont cet agapi gia tin Ellada, simerini kai pallia! C'est peut-etre mon amour inconsidéré pour ce pays et ses habitant-e-s, mais je pense vraiment que le gouvernement grec actuel va s'en sortir. Ils sont très forts , au final, pour résister à cette intransigeance des créanciers, qui ne souffrent aucune pensées autres, différentes. Par moments, j'ai l'impression que notre Europe libérale se complait dans "sa vérité" , comme l'URSS dans les années 80. On voit ce qu'il en est advenu. Ce qui n'est pas forcément signe d'espoir pour un projet européen humaniste et progressiste.
Γεια σου Arthur , και ευχαριστώ σου για τα λόγια σου. Ζήτω η Ελλάδα!
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