Comment pourrais-je ne pas me joindre au concert des blogueurs sautant de joie à cette bonne nouvelle de l'adoption fédérale du mariage pour tous chez nos amis étasuniens ?
On pourra ainsi, normaliser la pratique de l'union de même sexe, et divorcer dans les mêmes termes.
(En même temps, il reste à éradiquer le racisme suprématiste, et enterrer définitivement les vieilles lunes qui font que les très jeunes abrutis croient encore que le sol américain leur a été donné par un dieu qui serait, étrangement, de couleur blanche.)
Allez je vais faire un peu le rabat-joie : l'insupportabilité du mariage, c'est l'immixtion de la société, et partant, de l’État, dans ce qu'un couple est en mesure de faire de sa propre vie. Certains garçons, je le sais, sont heureux cependant de faire part de leur bonheur à leur famille, leurs amis, et il existe — si, si, ça existe ! — des parents pour qui l'amour de leurs enfants prévaut à tout regard réprobateur ou apitoyé de leurs congénères.
Mais on sait également que les archaïsmes ne sont pas morts, et l'égalité des droits pour tous est une excellente chose pour combattre ces archaïsmes.
L'ancêtre Georges Brassens écrivait La non-demande en mariage et, en bon hétéro combattant lui-même son machisme,
chantait :
Outre qu'il est possible, de manière salace, de donner un deuxième sens à ces paroles et de les masculiniser, elles ont le mérite d'évoquer le paradoxe de la nécessité de disposer d'un droit civique et égalitaire, et de ne pas en user, car il s'agit d'un droit.
Concernant ce dernier point, un président de l'assemblée nationale française, actuellement en exercice, et par ailleurs un peu imbécile, proposait de rendre obligatoire le droit de vote en France afin de lutter contre l'abstention, cette dernière attitude étant une manière tout à fait honorable pourtant d'exprimer qu'aucun candidat n'a été trouvé digne d'intérêt aux yeux de celui qui possède le droit de vote, et que la démocratie doit être un système qui fonctionne autrement que « par défaut ».
On dut certainement rappeler à cet imbécile qu'un droit qui devient obligatoire change de nom et s'appelle un devoir (et le système qui l'applique devient alors totalitaire). Ce qui caractérise ainsi un droit, c'est la capacité qui l'accompagne de ne pas en user. Quand tout n'est pas codifié, les usages entre citoyens ressortissent à ce que Norbert Élias appelait « la civilisation des mœurs ». La carte d'électeur, qui rappelle la maxime « Voter est un droit ; c'est aussi un devoir civique » est un leurre permettant de faire croire à l'efficience du système électoral, qui a, avouons-le, légèrement évolué depuis le système censitaire. Néanmoins la trahison des « élites » politiques appelle évidemment à exercer son droit de non vote et à servir autrement la pensée de la démocratie contemporaine qui ne soit pas, — on le voit avec le cas de la Grèce, dont le vote démocratique a été combattu par les « élites » occidentales inféodées aux intérêts des financiers — le moyen de mettre en œuvre une société impitoyable pour les plus faibles.
Pour évoquer les termes de l'excellent Jean-Gabriel Périot (voir le billet du 25 juin) : oui, j'ai le droit de me faire mettre pour un plaisir partagé ; en même temps ce n'est pas une obligation, et j'ai le choix de mes partenaires !
Et pour fêter cette bonne nouvelle, malgré les autres qui apportent également leur lot de douleurs, un peu de Marc-Antoine (ah ! la philanthropie de l'ouvrier Charpentier) en ce dimanche de fin du mois de juin, que je vous souhaite de passer à l'ombre, suçotant quelque beau glaçon à l'anis (ou à la menthe, c'est comme vous voudrez) !
On pourra ainsi, normaliser la pratique de l'union de même sexe, et divorcer dans les mêmes termes.
(En même temps, il reste à éradiquer le racisme suprématiste, et enterrer définitivement les vieilles lunes qui font que les très jeunes abrutis croient encore que le sol américain leur a été donné par un dieu qui serait, étrangement, de couleur blanche.)
Allez je vais faire un peu le rabat-joie : l'insupportabilité du mariage, c'est l'immixtion de la société, et partant, de l’État, dans ce qu'un couple est en mesure de faire de sa propre vie. Certains garçons, je le sais, sont heureux cependant de faire part de leur bonheur à leur famille, leurs amis, et il existe — si, si, ça existe ! — des parents pour qui l'amour de leurs enfants prévaut à tout regard réprobateur ou apitoyé de leurs congénères.
Mais on sait également que les archaïsmes ne sont pas morts, et l'égalité des droits pour tous est une excellente chose pour combattre ces archaïsmes.
L'ancêtre Georges Brassens écrivait La non-demande en mariage et, en bon hétéro combattant lui-même son machisme,
chantait :
« Laissons le champ libre à l'oiseau
nous serons tous les deux prisonniers sur parole
au diable les maîtresses queux
qui attachent les cœurs aux queues
des casseroles. »
Outre qu'il est possible, de manière salace, de donner un deuxième sens à ces paroles et de les masculiniser, elles ont le mérite d'évoquer le paradoxe de la nécessité de disposer d'un droit civique et égalitaire, et de ne pas en user, car il s'agit d'un droit.
Concernant ce dernier point, un président de l'assemblée nationale française, actuellement en exercice, et par ailleurs un peu imbécile, proposait de rendre obligatoire le droit de vote en France afin de lutter contre l'abstention, cette dernière attitude étant une manière tout à fait honorable pourtant d'exprimer qu'aucun candidat n'a été trouvé digne d'intérêt aux yeux de celui qui possède le droit de vote, et que la démocratie doit être un système qui fonctionne autrement que « par défaut ».
On dut certainement rappeler à cet imbécile qu'un droit qui devient obligatoire change de nom et s'appelle un devoir (et le système qui l'applique devient alors totalitaire). Ce qui caractérise ainsi un droit, c'est la capacité qui l'accompagne de ne pas en user. Quand tout n'est pas codifié, les usages entre citoyens ressortissent à ce que Norbert Élias appelait « la civilisation des mœurs ». La carte d'électeur, qui rappelle la maxime « Voter est un droit ; c'est aussi un devoir civique » est un leurre permettant de faire croire à l'efficience du système électoral, qui a, avouons-le, légèrement évolué depuis le système censitaire. Néanmoins la trahison des « élites » politiques appelle évidemment à exercer son droit de non vote et à servir autrement la pensée de la démocratie contemporaine qui ne soit pas, — on le voit avec le cas de la Grèce, dont le vote démocratique a été combattu par les « élites » occidentales inféodées aux intérêts des financiers — le moyen de mettre en œuvre une société impitoyable pour les plus faibles.
Pour évoquer les termes de l'excellent Jean-Gabriel Périot (voir le billet du 25 juin) : oui, j'ai le droit de me faire mettre pour un plaisir partagé ; en même temps ce n'est pas une obligation, et j'ai le choix de mes partenaires !
Et pour fêter cette bonne nouvelle, malgré les autres qui apportent également leur lot de douleurs, un peu de Marc-Antoine (ah ! la philanthropie de l'ouvrier Charpentier) en ce dimanche de fin du mois de juin, que je vous souhaite de passer à l'ombre, suçotant quelque beau glaçon à l'anis (ou à la menthe, c'est comme vous voudrez) !
14 commentaires:
Merci pour ce commentaire sur l'ambiguïté du mariage.
Quant à votre phrase finale sur le "beau glaçon" à suçoter, est-ce qu'elle ne porte pas à la dyslexie?
musique de l'Eurovision , qui manque tellement de visions pour le futur , et qui comme tout bon ouvrier devrait remettre cent fois sur le métier son ouvrage!
L'important, c'est qu'on puisse se marier, que chacun puisse user de ce droit à sa guise. Jedem das Seine, si j'ose dire.
@Palomar : toute la difficulté est : jusqu'où le droit évite-t-il de tomber dans la norme ? (prochaine question du bac philo 2016).
F'est fûr que fufoter un beau glaçon n'aide pas à mieux v-articuler, divait Démofthènes.
@Joseph : Je propose qu'on demande à Conchita Wurst d'interpréter le Te Deum
@Anothercountry : es tot çò qu'ai dit, çò meteis.
"Comment pourrais-je ne pas me joindre au concert des blogueurs sautant de joie à cette bonne nouvelle..." : je me sens visé, mais je vous rassure, je n'ai pas encore atteint le plafond.
Mais une bonne nouvelle est une bonne nouvelle : la tendance internautilienne étant de tout relativiser, sceptiques que nous sommes devenus, gardons-nous en, sachons exulter chaque (rare) fois que l'occasion se présente.
Bonus : v'adore la dernière prhave de la réponfe à fe cher Palomar.
@Silvano : vous auffi avez un glafon dans la boufe ?
@Silvano (commentaire 1): non, ce n'était pas une critique, et bien sûr c'est une bonne nouvelle que l'accession à de nouveaux droits. Mais je ne me répéterai pas quant à mes réserves : j'ai essayé d'être clair à ce sujet, et je suis très heureux que des personnes de même sexe qui ont envie de se marier puissent le faire. En bon libertaire, je ne crois pas que la nature bourgeoise et profondément aliénante du mariage bourgeois soit un pas vers l'épanouissement et l'émancipation. Mais vous le savez, j'ai mauvais esprit, et je vous en donne un exemple de plus : je suis pour que les gens de même sexe aient le droit de regarder ensemble le téléachat, de jouer au PMU, à la loterie nationale, etc. L'intérêt du mariage réside dans les droits sociaux et éventuellement patrimoniaux que le système institutionnel accorde à ceux qui se soumettent à ce contrôle. Si nous avions les moyens de faire évoluer notre société, ce n'est pas l'accession au mariage qu'il faudrait demander, mais déclarer l'abrogation générale du mariage pour un véritable pacte civil librement consenti avec qui l'on veut sans qu'une ombre de religiosité ne vienne planer au-dessus des consentants, libres également de faire bénéficier l'intégralité des droits sociaux à la personne de leur choix.
Ah mais je suis d'accord de A à Z avec ce qui précède, ne vous méprenez pas !
Les mêmes "droits" pour tous,c'est une question de principe, e va bene cosi.
Eh ben voui, nous sommes d'accord. Je ne méprends pas, mais cherche désespérément un sujet sur lequel nous ne serions pas d'accord. Que pensez-vous de Bobby Solo, par exemple ;)?
Vous désirez ardemment un treizième commentaire. Je ne tomberai pas dans le pièg
Je serai donc celle qui fera le quatorzième, dit la petite poule rousse ! (non je ne suis pas superstitieux)
Enregistrer un commentaire