Il y a quelques années je vis avec curiosité apparaître des cadenas accrochés sur le Pont des Arts à Paris. Je m'en suis beaucoup amusé : rien de tel qu'un peu de folie populaire pour agrémenter l'environnement d'une ville qui a tendance à se figer par l'excès de ses monuments, et où les seules interventions autorisées seraient celles des architectes ; ces derniers très jaloux en général de l'image de leurs œuvres au point de revendiquer parfois des droits de copie de toute image faite de leurs "gestes" (c'est ainsi que dans une terminologie contemporaine on utilise le terme pompeux de "geste architectural" pour désigner le dessin [design] d'un projet de bâtiment).
En quelques années, à Paris et dans de grandes villes du monde sont apparus ces cadenas. Certains s'en sont offusqués, car jugés incompatibles avec l'image que l'on se fait du "beau" patrimoine.
Un argument, imparable, contre ces cadenas, est celui du surpoids imposé à la structure des passerelles, mettant en danger les promeneurs. Je propose une solution : que les architectes intègrent, dès la conception de leur ouvrage, le fait qu'il sera chargé de milliers de cadenas, et que les matériaux utilisés soient aptes à résister à ce poids de l'amour.
Je conserve, quant à moi, l'idée qu'une cité est riche de toutes ses créations, et que ces cadenas constituent une part de l'art modeste, comme dirait Hervé di Rosa, un continuateur de Keith Haring, art modeste qui peut se réfugier n'importe où et n'a pas besoin d'être théorisé pour exister : il n'a pas de code, pas de forme, pas de couleur pas même de pérennité, cet évangile que l'on voudrait appliquer à tous les arts comme une sorte de fétichisme absolu.
Je ne suis pas sûr toutefois qu'il faille cadenasser l'amour, mais ces cadenas sont là justement pour rappeler la fragilité des sentiments, et que derrière ces petits objets de métal, il y a un désir d'éternité, celui de rendre inoxydables les baisers, la tendresse de ceux qui se sont enlacés sous les effets "d'un vent fripon".
Et derrière ces cadenas, il y a, je veux le croire, de l'amour entre des filles et des garçons, des filles et des filles, des garçons et des garçons...
Paris, Le Pont des Arts (2011) - Photo Celeos |
En quelques années, à Paris et dans de grandes villes du monde sont apparus ces cadenas. Certains s'en sont offusqués, car jugés incompatibles avec l'image que l'on se fait du "beau" patrimoine.
Paris, Passerelle Léopold Sédar Senghor (2015) - Photo Celeos |
Un argument, imparable, contre ces cadenas, est celui du surpoids imposé à la structure des passerelles, mettant en danger les promeneurs. Je propose une solution : que les architectes intègrent, dès la conception de leur ouvrage, le fait qu'il sera chargé de milliers de cadenas, et que les matériaux utilisés soient aptes à résister à ce poids de l'amour.
Je conserve, quant à moi, l'idée qu'une cité est riche de toutes ses créations, et que ces cadenas constituent une part de l'art modeste, comme dirait Hervé di Rosa, un continuateur de Keith Haring, art modeste qui peut se réfugier n'importe où et n'a pas besoin d'être théorisé pour exister : il n'a pas de code, pas de forme, pas de couleur pas même de pérennité, cet évangile que l'on voudrait appliquer à tous les arts comme une sorte de fétichisme absolu.
Je ne suis pas sûr toutefois qu'il faille cadenasser l'amour, mais ces cadenas sont là justement pour rappeler la fragilité des sentiments, et que derrière ces petits objets de métal, il y a un désir d'éternité, celui de rendre inoxydables les baisers, la tendresse de ceux qui se sont enlacés sous les effets "d'un vent fripon".
Et derrière ces cadenas, il y a, je veux le croire, de l'amour entre des filles et des garçons, des filles et des filles, des garçons et des garçons...
2 commentaires:
L'architecte du Pont des Arts ne pouvait prévoir. Les premiers cadenas d'amour que j'ai vus,c'était au bord du joli canal de Trieste. J'avais trouvé ça très original et touchant. Aujourd'hui, c'est devenu banal. Dans certains cas l'amour nous captive : au sens premier du terme.
En fait, ce sont les rambardes qui souffrent. Il suffit de les renforcer ! Oui, l'amour est un poison : il faudrait l'interdire. La police s'y emploie.
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