Je préfère le dissensus dur au caramel mou

Je préfère le dissensus dur au caramel mou
Medusa – Il Caravaggio

Parfois on aimerait, face à la violence du monde, qu’un garçon vous prenne dans ses bras et murmure : « Ça ira, je suis là, on connaîtra des jours meilleurs… »

vendredi 27 mars 2015

Le sexe des anges

     La musique grecque est également représentée, à l'opposé de la variété, par le chant byzantin, qui aujourd'hui paraît un peu marginalisé en dehors des offices religieux orthodoxes. C'est bien dommage, car cette tradition musicale est d'une immense richesse.

     La tradition  religieuse interdit deux choses : les femmes et les instruments de musique. Aussi les voix d'hommes doivent-elles donner toute la nuance des sentiments exprimés. En arrière-plan, derrière la voix du chantre qui narre un épisode de l'évangile ou d'un moment particulier d'une vie des saints, le chœur appuie les passages les plus emblématiques du récit.

     Ici le chant raconte l'histoire de la Vierge Marie en reprenant le légendaire religieux fait pour nourrir l'imaginaire qui renforce la foi des croyants orthodoxes.

     La musique byzantine  trouve sa pleine expression dès le XIIe siècle, et fixe à ce moment là la notation musicale sous forme de neumes, notation particulière à l'Orient. Les neumes occidentaux, à la même période, sont présentés sous une forme assez différente. S'il s'agit bien d'une notation, la durée et la mesure sont relatives, et jamais rigides. L'image suivante en donne un exemple, où l'on peut lire le texte sous les neumes :


     Bien que le chœur appuie par un accompagnement harmonique en contrepoint la voix du chantre, il ne s'agit pas à proprement parler de polyphonie au sens occidental qui permettrait une écoute distincte de plusieurs lignes mélodiques. Ici le choeur de basses joue un rôle essentiellement harmonique pour donner à la voix du chantre tout son relief. Il est seulement repris en appui par une partie du chœur en répons.

     Le chant de la Vierge (Αγνί Παρθένα Δέσποινα) est ici interprété par l'Ensemble Vocal du Chantre Théodore Vassilikos. Il est chanté sur un rythme ternaire qui évoque les battements du cœur.

     Rajoutez un peu de fumée enivrante issue de la combustion des meilleurs encens, imaginez les icônes dorées d'un Christ Pantocrator en majesté, et non agonisant comme on le représente en Occident, et vous vous ferez peut-être une idée du voyage mystique que peuvent vivre encore certains moines du Mont Athos ou des monastères perchés dans les Météores :



Enjoy :

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2 commentaires:

joseph a dit…

ah ce rite byzantin, quelle hauteur il exige souvent des voix masculines! je me souviens d'un Alléluia où les ténors devaient taquiner les voix des anges de quand ils étaient "pueri cantores " pas castrats (nuance importante)

Celeos a dit…

Ah, non, Joseph, vous avez raison, pas de castrats, les anges, on les veut entiers !