Je préfère le dissensus dur au caramel mou

Je préfère le dissensus dur au caramel mou
Medusa – Il Caravaggio

Parfois on aimerait, face à la violence du monde, qu’un garçon vous prenne dans ses bras et murmure : « Ça ira, je suis là, on connaîtra des jours meilleurs… »

dimanche 16 juillet 2017

Kerylos

La villa Kerylos (mettre un accent aigu est superfétatoire) est une utopie de Théodore Reinach, l'un des trois frères érudits, passionnés de culture antique, et donc hellénistique, qui ont été actifs dans ce passage des XIXe au XXe siècle. Théodore Reinach confie à l'architecte Emmanuel Pontremoli la construction de la villa en bord de mer, à Beaulieu, sur la Côte d'Azur, lieu rêvé de ce passage où l'on s'imagine que les Grecs ont débarqué préférentiellement. Ce qui est bien sûr une erreur : les Grecs ont établi des comptoirs sur tout le pourtour de la Méditerranée septentrionale, et dans la région niçoise bien évidemment.

Il en résulte une espèce de lieu improbable, qui reste une pure construction intellectuelle telle que la modernité pensait le monde grec, mais surtout un palais tout à fait comparable à d'autres utopies : à Hauterives, le facteur Cheval pensait l'Orient, lui aussi à sa manière, et il en résulte une autre oeuvre, impressionnante, mais inhabitable. Dans le cas de Reinach, il s'agissait de produire un palais, mais avec les fonctions que le XXe siècle naissant (la villa prendra six ans, de 1902 à 1908 pour être construite) exigeait. Il s'agit davantage aujourd'hui d'un musée, qui a été confié à la mort de Théodore Reinach à l'Institut de France.


La région niçoise  a donné nombre d'aventures architecturales. Il faut mentionner à ce sujet les maisons "bulles" d'Antti Lovag. Pierre Cardin lui commanda une villa dans le massif de l'Estérel qui reste une curiosité.

La Villa Kérylos est également le titre du roman d'Adrien Goetz paru cette année, qui imagine l'influence des frères Reinach sur Achille Eiffel le fils de la cuisinière, qui deviendra également un érudit passionné d'Antiquité. Je n'ai pas encore lu le livre. C'est prévu pour cet été.





2 commentaires:

Silvano a dit…

Vous éveillez en moi des souvenirs : la visite de la villa Kerylos était au programme des sorties des collégiens de la région, et l'est peut-être encore. Ça glousse et rit sous cape, et l'on passe pour un fayot si l'on s'y intéresse vraiment. Merci de me donner des clés que je n'avais pas pu me procurer à l'époque.

Celeos a dit…

En fait la Grèce, c'est mieux en vrai: quelques musées à Athènes dont le Musée Benaki ou le Musée d'art cycladique ont de très belles reconstitutions d'intérieurs de maisons.