Je préfère le dissensus dur au caramel mou

Je préfère le dissensus dur au caramel mou
Medusa – Il Caravaggio

Parfois on aimerait, face à la violence du monde, qu’un garçon vous prenne dans ses bras et murmure : « Ça ira, je suis là, on connaîtra des jours meilleurs… »

samedi 14 mars 2015

Nan Goldin/Gilles Dusein/Gotscho

Gilles Dusein (1960-1993)
" Ce jeune galeriste parisien, unanimement reconnu pour son esprit visionnaire et novateur, a particulièrement influencé la connaissance de la photographie en France, en présentant l'œuvre non conventionnelle d'artistes de tous horizons, qui à présent, figurent au devant de la scène artistique internationale. Il fut le premier à exposer dans sa galerie Urbi et Orbi , à Paris, des artistes tels que Nan Goldin, Bernd et Hilla Becher, Zoé Léonard, ou encore Pierre Molinier, Raymond Petibon et Sylvie Fleury. Son importante collection privée est aujourd'hui en dépôt au MAMCO de Genève."


via www.photographie.com




Nan Goldin - Le baiser de Gotscho à Gilles Dusein sur son lit de mort - 1993
 La série de photographies de Nan Goldin est visible sur le site suivant :






Éric Allart reçoit GOTSCHO 

8 commentaires:

joseph a dit…

La première photo me renvoie en écho le travail du photographe sulfureux des campagnes Benetton , Toscani, et son tableau de la mort d'un sidéen dépeinte à la manière d'un peintre naturaliste , de la photographie vériste?

Celeos a dit…

Tous les chemins mènent à l'art : celui de Nan Goldin n'est pas celui d'Oliviero Toscani. Nan Goldin s'est faite témoin en contrepoint brut d'un milieu souvent marginal ; Oliviero Toscani a choisi la médiation du nom de Benetton pour imposer les images de réalités crues, parfois avec un point d'humour, parfois avec la volonté d'interpeller, comme vous l'évoquez. Par la suite, le débat entre naturalisme, vérisme et réalisme appelle de longs développements qui traversent tous les arts. Mais il est indiscutable que, inconsciemment ou non,la photographie subit directement l'héritage de la peinture, elle-même traduisant la littérature. Nan Goldin conserve toutefois une plus grande spontanéité dans ses compositions. Nous en reparlerons sans doute...

Anonyme a dit…

Quelque chose m'a toujours gênée dans ce genre de photo, c'est le réel niveau de consentement du malade, si démuni, si physiquement faible.
Ne vaut il pas mieux, absolument, respecter son ultime intégrité et l'aimer dans la plus grande intimité?
Marie

Celeos a dit…

Pardon de ne pas vous suivre sur ce sujet, Marie. Aimer c'est parfois désirer que cet amour soit patent aux yeux de tous, et encore plus au moment ultime. Dans cette belle photographie, il y a l'amour de deux hommes dont Nan Goldin se fait le témoin, dans l'exacte réplique d'une noce, funèbre celle-là. Il s'agissait alors, au même moment où Nuits fauves sortait sur les écrans, de faire savoir que cette maladie montrée du doigt comme celle qui touchait une "certaine" partie de la population, devait être combattue non seulement par la médecine, mais également par la force des sentiments et des idées. Alors que la chair avait été un objet de désir, devant des corps devenant évanescents, il fallait montrer une égale dignité entre ceux qui mouraient et ceux qui les accompagnaient jusqu'au dernier moment. Aux yeux de tous.

Anonyme a dit…

Oui Céléos, mais ce sont des propos de bien-portant. Je comprends tout ce que l'on peut développer d'intellectuel à ce sujet.
Je m'interroge seulement pour celui qui est en train de mourir ; que vale pour lui tout discours ; est il, au plus profond de son être réellement consentant?
C'était une interrogation pour moi, bien sûr pas un jugement.
Mais merci de votre réflexion, elle alimente la mienne.
Marie

Celeos a dit…

Marie, je ne vous chanterai pas la chanson d'Ouvrard. Mais il y a juste dix ans, on m'a fait le coup du « consentement éclairé », qui n'a pour but que de déculpabiliser le personnel hospitalier : le malade à l'hôpital est un objet, d'expériences, de relations de non-dits permanents qui le déshumanisent. Ceci permet au personnel de travailler sereinement. Ce système le demande pour perdurer sous cette forme.
Quand on est à l’orée de la mort, on se fout généralement de ce qui se passera ensuite : les antalgiques mettent les malades sur un petit nuage. Que reste-t-il de sa propre humanité ? La relation que portent très haut ceux qui vous aiment encore et qui ont envie de le dire calmement, dignement, faute de pouvoir le hurler.
Pour autant, j’ai été très bien soigné par des personnes magnifiques, même si j’ai vu toutes sortes de gens. Et je leur suis reconnaissant de pouvoir l’écrire aujourd’hui.

Anonyme a dit…

Pardon Céléos.
J'ai été maladroite.
Marie

Celeos a dit…

Pas du tout. J'aime votre sincérité, Marie. Je vous embrasse, et pardonnez ma familiarité.