Chanson de la plus haute tour
Oisive jeunesse,
À tout asservie,
Par délicatesse
J’ai perdu ma vie.
Ah ! Que le temps
vienne
Où les cœurs s’éprennent.
Je me suis dit :
laisse,
Et qu’on ne te voie ;
Et sans la promesse
De plus hautes joies.
Que rien ne t’arrête,
Auguste retraite.
J’ai tant fait patience
Qu’à jamais j’oublie
Craintes et souffrances
Aux cieux sont parties,
Et la soif malsaine
Obscurcit mes veines.
Francesco e Raffaello Petrini, Firenze nel anno 1490 - 1887 (détail), d'après Francesco Rosselli |
Ainsi la Prairie
À l’oubli livrée,
Grandie, et fleurie
D’encens et d’ivraies
Au bourdon farouche
De cent sales mouches.
Ah ! Mille veuvages
De la si pauvre âme
Qui n’a que l’image
De la Notre-Dame !
Est-ce que l’on prie
La Vierge Marie ?
Oisive jeunesse
À tout asservie,
Par délicatesse
J’ai perdu ma vie.
Ah ! Que le temps
vienne
Où les cœurs s’éprennent !
Arthur Rimbaud – mai 1872 « Fêtes
de la patience »
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