Je parlais dans un billet précédent de l'éclat des corps, suppliciés, chosifiés, transformés en marchandises. L'industrialisation du corps par sa destruction de masse a accompagné tout le XXe siècle et la critique de ce rapport s'est exprimée sous toutes ses formes. Les sociologues, les philosophes, les artistes se sont interrogés sur tous ces aspects sans parvenir vraiment à d'autres ressources que d'en exprimer l'effroi le plus souvent, car il nous est impossible de nous abstraire de ce propre corps qui nous appartient dans ses formes les plus vaines, dans ses côtés les plus éphémères. Le temps de passer de l'émerveillement à la déploration.
Il y a peut-être, entre la célébration du corps vu par les canons de la beauté, celle héritée de l'Antiquité et de la période hellénistique, et sa réduction en poussière par des méthodes les plus sophistiquées, en les regroupant sous l’œil d'un Chronos débarrassé de toute pitié, un simple axe où selon les lieux et les époques, un artiste ou un bourreau jouent à déplacer le curseur. Nous assistons, impuissants, à ce spectacle dont Guy Debord avait compris la vanité et la cruauté.
La danse butō est née dans les années 1960 de cette sensibilité au monde, dans l'horreur digérée des massacres de Hiroshima et Nagasaki. En France, en 1959, le grand Alain Resnais, sur un scénario et des dialogues de Marguerite Duras, en fit Hiroshima mon amour, en collaboration avec le Japon, qui essaie d’exprimer l'indicible et la difficulté de communiquer le traumatisme subi lors d’événements de l'ampleur de ce qui s'est passé au Japon, mais qui est tout aussi valable pour le système des camps de la mort en Occident. Ou ailleurs.
Le butō, qui reste une expression propre à la culture japonaise, procède de la même démarche et explore, par la confrontation du corps à son espace, les moyens de retrouver les spécificités d'une autre humanité : celle qui recherche l'attitude lui permettant de vivre une nouvelle stature, une nouvelle inscription dans le monde, grevée de la mémoire du malheur collectif.
La vidéo qui suit est un extrait de la performance du danseur Imre Thormann au temple d'Hiyoshi Taisha, au Japon, en 2006.
La musique est due au pianiste suisse Nik Baertsch et son groupe "Mobile".
Il y a peut-être, entre la célébration du corps vu par les canons de la beauté, celle héritée de l'Antiquité et de la période hellénistique, et sa réduction en poussière par des méthodes les plus sophistiquées, en les regroupant sous l’œil d'un Chronos débarrassé de toute pitié, un simple axe où selon les lieux et les époques, un artiste ou un bourreau jouent à déplacer le curseur. Nous assistons, impuissants, à ce spectacle dont Guy Debord avait compris la vanité et la cruauté.
La danse butō est née dans les années 1960 de cette sensibilité au monde, dans l'horreur digérée des massacres de Hiroshima et Nagasaki. En France, en 1959, le grand Alain Resnais, sur un scénario et des dialogues de Marguerite Duras, en fit Hiroshima mon amour, en collaboration avec le Japon, qui essaie d’exprimer l'indicible et la difficulté de communiquer le traumatisme subi lors d’événements de l'ampleur de ce qui s'est passé au Japon, mais qui est tout aussi valable pour le système des camps de la mort en Occident. Ou ailleurs.
Le butō, qui reste une expression propre à la culture japonaise, procède de la même démarche et explore, par la confrontation du corps à son espace, les moyens de retrouver les spécificités d'une autre humanité : celle qui recherche l'attitude lui permettant de vivre une nouvelle stature, une nouvelle inscription dans le monde, grevée de la mémoire du malheur collectif.
La vidéo qui suit est un extrait de la performance du danseur Imre Thormann au temple d'Hiyoshi Taisha, au Japon, en 2006.
La musique est due au pianiste suisse Nik Baertsch et son groupe "Mobile".
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