Je préfère le dissensus dur au caramel mou

Je préfère le dissensus dur au caramel mou
Medusa – Il Caravaggio

Parfois on aimerait, face à la violence du monde, qu’un garçon vous prenne dans ses bras et murmure : « Ça ira, je suis là, on connaîtra des jours meilleurs… »

vendredi 28 juillet 2017

Buffet froid

Le Musée d'art moderne de la Ville de Paris présentait à l'automne dernier une rétrospective de l'oeuvre de Bernard Buffet. Ce peintre fut sans doute l'objet d'un immense malentendu duquel il ne souhaita pas forcément s'échapper. Il était d'abord un style de dessin, tellement reconnaissable que les bons dessinateurs étaient capables de reproduire à l'infini. Là était également la limite de son génie : il ne suffit pas d'avoir trouvé un style, il faut également que le style porte l'oeuvre qui est faite des fulgurances de la vie. Or ces fulgurances se retrouvent dans Bernard Buffet, au début de sa vie. Est-ce le succès, l'incompréhension d'un public davantage porté par les marchands de peintures qui ne lui ont pas permis d'imposer ce qui, en lui, l'avait porté dans sa jeunesse ? Je ne sais. Les toiles qu'il a peintes à partir notamment de la période du « cirque » sont de nature à tromper le public et à le tromper lui-même. Pour autant, le Bernard Buffet des années de jeunesse est un peintre plus intéressant qu'on ne le croit, affirmant dans une période tourmentée des choix esthétiques qu'il abandonne plus tard. Est-ce la proximité de Pierre Bergé, son compagnon alors, qui lui permet de poser ainsi cette touche, à la fois scandaleuse et ulcérée contre la mort et la folie des hommes ? Je ne sais pas s'il a lui-même répondu à la question. Il reste ses toiles que le Musée d'art moderne de Paris a eu la bonne idée de présenter. L'exposition s'est tenue du 14 octobre 2016 au 5 mars dernier.


Voici quelques peintures de la première période qui y étaient exposées. La qualité des photos n'est pas extraordinaire, mais elles illustrent la période du début de la carrière du peintre. Si je présente ici le Bœuf écorché de 1954, qui fait référence évidemment à celui de Rembrandt, la série que je n'ai pas présentée sur la guerre, dont une peinture est un hommage au Douanier Rousseau, me paraît assez remarquable et d'une grande force. On imagine, évidemment, qu'il était difficile à Bernard Buffet de continuer dans cette série qui aurait pu être une suite sans fin. Lui fit-on ce reproche, que sa peinture est d'une empreinte tragique trop difficile pour être suffisamment vendable ?  On n'imagine pas que Picasso ait pu à l'infini, peindre des Guernica. Picasso avait d'autres ressorts que n'avait peut-être pas Buffet...

Bernard Buffet - L'atelier - 1947


Bernard Buffet - Deux hommes dans une chambre - 1947


Bernard Buffet - Homme nu dans la chambre - 1948


Bernard Buffet - Vacances dans le Vaucluse - 1950


Bernard Buffet - Le bœuf écorché - 1954

2 commentaires:

joseph a dit…

titre référence à un chef d'oeuvre du film noir ....mais il est vrai que vous avez choisi des oeuvres peu connues et buffet devrait vous en remercier car , moi qui aime beaucoup cet artiste - surtout que la critique l'a souvent égratigné- j'ignorais ce pan s de sa production! Il va me falloir rechercher un livre correct sur ce peintre quoi!

Celeos a dit…

C'était, bien évidemment, un petit clin d'oeil à Bertrand Blier, grand cinéaste. Je vous conseille d'acquérir le catalogue de l'exposition que vous pouvez commandez sur le Site du Musée d'art moderne de la Ville de Paris :
https://www.leslibraires.fr/livre/9947068-bernard-buffet-retrospective-collectif-paris-musees