Je préfère le dissensus dur au caramel mou

Je préfère le dissensus dur au caramel mou
Medusa – Il Caravaggio

Parfois on aimerait, face à la violence du monde, qu’un garçon vous prenne dans ses bras et murmure : « Ça ira, je suis là, on connaîtra des jours meilleurs… »

vendredi 14 novembre 2014

Saint Sébastien (suite)




Il Bronzino - San Sebastiano ca 1525-1528
C’est à Rome que Sébastien subit son martyre, belle occasion parfois d’apprécier les paysages représentés en arrière-plan. Il faudrait, si l’on voulait vraiment faire œuvre digne d’intérêt, recenser toutes ces représentations, et vérifier la manière choisie par les artistes de faire varier le personnage ; c’est sans doute entre le quattrocento et le cinquecento que les artistes font en quantité leur miel de la figure de saint Sébastien. Il s’y prête de bonne grâce, le bougre - si j’ose dire -, puisque son corps d’éphèbe n’est pas utilisé dans une manière doloriste, même s’il faut sacrifier à la légende, mais au contraire comme s’il s’agissait de magnifier les formes qui lui sont attribuées. On le remarque, je le répète, le sang n’est montré que très rarement. On est loin de la légende qui rapporte l’image d’une pelote d’épingle, ou d’un hérisson ! Si l’on va plus loin, on pourrait presque imaginer qu’il s’agit, déjà, d’une sorte de jeu érotique. Quittant progressivement les exemples que l’Église catholique leur demande, les artistes se prennent, dans une dimension de plus en plus païenne et rattachée à l’Antiquité gréco-romaine, à promouvoir une liberté artistique puisée dans l’imaginaire de cette Antiquité. Ne faudrait-il pas alors y voir déjà les flèches d’Éros, et non celles du bourreau ?


Portrait d'un jeune sculpteur non daté
Pour illustrer le saint Sébastien de cet épisode, c’est le Bronzino qui s’y colle – si j’ose dire – avec une figure assez étonnante : Sébastien est plutôt une espèce d’ange, blond vénitien, avec de magnifiques yeux verts qui regardent sur sa droite. Il semble assis, drapé dans un pallium (manteau léger) écarlate. Sa main droite est dépliée comme pour accompagner le sens de sa parole, - il sourit presque – et sa main gauche tient sereinement une flèche. Une autre flèche est plantée dans son flanc gauche, comme pour rappeler son identité. Peu de doute sur le sens érotique de la peinture.

On doit au Bronzino, Agnolo di Cosimo di Mariano Tori, de son nom officiel, plusieurs saint Sébastien, dont un à Madrid, et de nombreux portraits de jeunes gens, dont un au Louvre, dit Portrait d’un jeune homme, dont une version différente est présente au Metropolitan Museum of Art sous le titre Ritratto di giovane uomo con libro daté de 1535-1540.
(à suivre)

Aucun commentaire: