Je préfère le dissensus dur au caramel mou

Je préfère le dissensus dur au caramel mou
Medusa – Il Caravaggio

Parfois on aimerait, face à la violence du monde, qu’un garçon vous prenne dans ses bras et murmure : « Ça ira, je suis là, on connaîtra des jours meilleurs… »

dimanche 25 janvier 2015

Σήμερα είναι μια ελληνική ημέρα

Aujourd'hui est une journée grecque !

Depuis plus de cinq ans, l'austérité décidée par le FMI et ceux que l'on nomme la "troïka" provoquent des dégâts insupportables pour la société grecque. L'a-t-elle mérité ? Non : les responsables sont les prévaricateurs, ceux qui en complices de la banque Goldman Sachs ont détourné les finances publiques, l'institution européenne elle-même, pervertie par les lobbies financiers qui a détruit l'économie grecque déjà fragile en anéantissant l'agriculture, en favorisant la concentration urbaine sur les métropoles : Athènes a cru, avec les travaux réalisés pour les Jeux olympiques de 2004, que le départ vers une normalisation des infrastructures était permis, oubliant que le financement n'était pas acquis, comme ce fut le cas en Espagne qui crut, avec la "bulle" immobilière que l'économie redémarrait avec une activité importante du bâtiment. De manière inconséquente, l'Europe a joué un rôle extrêmement négatif qui a déstabilisé ces économies. L'agriculture espagnole s'en sort mieux, entrée dans l'Europe en 1986, aux dépens des agriculteurs du Midi de la France avec une concurrence quasiment déloyale. Cette entrée de l'Espagne et du Portugal en Europe devait être compensée, pour le Midi de la France, l'Italie et la Grèce par les "Programmes intégrés méditerranéens", permettant de conforter des mesures nouvelles pour des économies de "substitution" : cette nouvelle concurrence agricole ayant pour effet la disparition de nombreuses exploitations dans les pays cités. Substitution signifiant augmentation significative du tourisme dans des régions pour lesquelles le tourisme constitue davantage une précarisation économique qu'un enrichissement, les investissements étant portés par les capitaux de grosses sociétés et non par un investissement local, les populations locales ne disposant pas de ces mêmes capitaux.



Le résultat est catastrophique : le Midi de la France est en voie de grande paupérisation (dans une ville comme Montpellier, qui s'est voulue, du temps de l'empereur Frêche, "Montpellier la surdouée", la bétonisation de la ville, son accroissement démographique non maîtrisé, son économie à la ramasse,  ont engendré un taux de paupérisation de 31 % de la population), l'Espagne est dans l'état que l'on sait, l'Italie ne vaut guère mieux, et la Grèce est exsangue. Il faut rappeler que les économistes technocrates anglo-saxons osaient dénommer l'ensemble des pays méditerranéens les "Pigs", c'est-à-dire évidemment "les cochons", acronyme de Portugal-Italy-Greece-Spain. C'est peu dire que l'Europe géographique est un continent à, au moins, deux vitesses. Les beaux esprits "libéraux" rappelant que l'Europe du Nord avait su se garder d'une dérive économique ! Il faut rappeler également que ce "maintien" économique des pays anglo-saxons ne fut permis qu'au prix, en Grande-Bretagne, de l'énorme casse sociale organisée par le conservatisme britannique de Margaret Thatcher, appuyée par la puissance financière internationale, et qu'en Allemagne, le même conservatisme a également paupérisé l'ensemble de la société allemande. Les autres pays européens ne s'en sortent guère mieux, et si les pays d'Europe de l'Est, nouveaux venus dans cette même Europe, tirent à peu près leurs épingles du jeu, c'est au prix de salaires extraordinairement bas, et du maintien d'une agriculture vivrière.

Dans une rue de Plaka, Athènes © Celeos 2010


Bref, et pardon d'être aussi long, l'ensemble de la copie doit être revu. Les Grecs, nos frères européens, ont aujourd'hui les moyens d'exprimer l'arrêt de ce système en refusant l'austérité. Alexis Tsipras, représentant le Syriza offre cette option. Les esprits chagrins opposent l'idée que la Grèce n'a pas les moyens de financer les propositions de Syriza. Elle n'a pas non plus les moyens de financer la destruction sociale de ce pays, l'austérité empêchant de dégager les marges autorisant les remboursements de la dette organisée par les financiers (au même rythme de remboursement, la Grèce ne pourrait jamais rembourser cette dette, largement supérieure au PIB de la Grèce). Un oubli de l'Europe : l'Allemagne n'a jamais payé la dette de guerre due à la Grèce à l'issue de la Seconde Guerre mondiale. La solution est dans l'annulation pure et simple de cette dette, dans la mutualisation des moyens donnés par l'application d'une péréquation proportionnelle à la démographie des pays : la Grèce ne compte que 11 millions d'habitants !

Dans une rue de Plaka, Athènes © Celeos 2010


Je crois que nous sommes nombreux aujourd'hui à rester attentifs aux élections qui peuvent peut-être donner un nouvel élan à toute l'Europe.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Merci pour cette longue analyse généreuse.
J'espère que le courage de ce peuple sera récompensé et suivi par d'autres...
Marie

Celeos a dit…

Oui, nous sommes nombreux à l'espérer, Marie.