Je préfère le dissensus dur au caramel mou

Je préfère le dissensus dur au caramel mou
Medusa – Il Caravaggio

Parfois on aimerait, face à la violence du monde, qu’un garçon vous prenne dans ses bras et murmure : « Ça ira, je suis là, on connaîtra des jours meilleurs… »

dimanche 18 janvier 2015

De retour/ I'm back

     La semaine fut éprouvante pour beaucoup d'entre nous. Je n'ai pas échappé à la règle. Je ne sais pas si l'attentat contre Charlie-Hebdo fut le 11 septembre de la France, mais il est évident que cet événement historique a secoué beaucoup de choses sur lesquelles je reviendrai. 

Georges Méliès Le voyage dans la lune - 1902


     Ce qui me semble sûr, c'est que la pensée en France ne s'est pas honorée d'avoir gagné en profondeur ni en subtilité. Je ne suis pas sûr que les rassemblements de masse soient une preuve des meilleurs sentiments qui soient. Que l'on se rassemble pour dire sa peine, son chagrin contre la barbarie, la bêtise, que l'on se serre un peu plus fort pour dire la solidarité que l'on a envie de voir s'exercer dans notre pays, dans tous les espaces où peut s'établir la fraternité, oui, mille fois.

     Mais j'ai la grande crainte que, inconsciemment, ces rassemblements se saisissent d'une autre signification, bien plus redoutable. Encore une fois j'y reviendrai.

      A mes lecteurs et lectrices qui m'ont signifié leur regret d'une suspension, même temporaire, de Véhèmes, je souhaite dire que ma semaine fut très difficile. Émotionnellement, je pense avoir surmonté ces journées. Charlie-Hebdo a accompagné mes lectures il y a quelques années. Je n'approuvais pas toujours ; j'étais toutefois heureux que le journal existe. Je ne l'achetais pas toujours. Il exprimait le vieux fond anarchiste qui parfois permettait, comme le Gavroche de Victor Hugo, de tenir tête à des pouvoirs imbéciles ; il avait parfois des gratuités de point de vue hors de la nuance nécessaire à l'expression d'une pensée plus généreuse. Qu'importe ! Cette manière de vivre ensemble, propre à nos démocraties, même si on a la capacité de les contester, témoignait que tout allait encore dans le moins pire des mondes. J'en suis moins sûr maintenant.

     Véhèmes reprend ses billets, sans la régularité que j'y avais mise précédemment. Notre monde est fragile ; un blog peut l'être tout autant. Mes lecteurs et lectrices me pardonneront de ne plus être aussi assidu. J'ai toutefois, je le disais en commentaires, beaucoup à partager de ma curiosité pour les choses, pour les êtres, et notamment de ceux qui font de la générosité et de leur goût pour la beauté leur raison de vivre. Je ne m'éloignerai pas de cette ligne "éditoriale", même si je propose davantage de points de vue critiques.

     C'est donc une "saison deux" pour Véhèmes, un peu différente, plus aléatoire dans les publications. Je suis encore un peu là.

Les états d'âmes de Celeos

12 commentaires:

Bibliothèque Gay a dit…

Je voulais dire mon regret de voir s'arrêter un blog auquel je me suis vite attaché. Je n'ai pas eu le temps...
Je suis heureux de vous revoir.
Jean-Marc

Celeos a dit…

Merci, Jean-Marc, c'est très gentil.

Anonyme a dit…

Une véritable joie de vous relire...
Personnellement et sans vraiment pouvoir l'expliquer, j'ai beaucoup de mal à sortir du chagrin des derniers événements qui, bien sûr, vient percuter des chagrins privés.
La générosité et la beauté est le plus beau des programmes.
Prenez tout votre temps, Céléos ; c'est déjà très généreux de nous éclairer.
Marie

Celeos a dit…

Oui, Marie, le chagrin est toujours présent ; mais je redoute des crispations dans les temps qui viennent plus douloureuses que le chagrin. Restons vigilants à défendre toute dignité.

Silvano a dit…

Ne vous obligez pas, ne vous contraignez pas : nous patienterons entre deux billets. Ce sera bon de vous retrouver à chaque nouvelle parution. Concernant ces lignes, je suis dans un état d'esprit très proche du vôtre. Je me suis mêlé à la foule du 11 janvier où l'on trouvait tout et son contraire. Je constate néanmoins que, depuis ces évènements, dans les transports, dans les magasins du quotidien, il y a un regain de politesse, davantage de sourires. Il ne faut jamais perdre espoir.

Celeos a dit…

Réjouissons-nous que les Parisiens aient recouvré leur sens des civilités. Quant à l'espoir, comme le Sisyphe de Camus, c'est tous les jours que nous le remettons sur le métier. Vivement dimanche, selon Truffaut !

Anonyme a dit…

Heureux de votre retour. Je partage vos sentiments et vos interrogations. Nous ne sommes et ne serons malheureusement jamais à l'abri des cons, quels qu'ils soient, d'autant plus dans une société qui a tout pour en fabriquer à la pelle !
Bon courage et merci !
Jérôme

Celeos a dit…

Dankon à vous, Jérôme. Parfois je m'interroge sur les raisons de bloguer. Depuis hier je perçois des réponses : on n'est pas complètement perdu dans des solitudes enneigées...

Palomar a dit…

Les commentaires précédents ont tout dit. Je pense que tous ceux qui ont parcouru votre blog depuis son début se réjouissent de vous voir revenir.
Bon courage pour ce blog et pour le reste, évidemment plus difficile à tenir qu'un blog...

Cyril a dit…

C'est mon anniversaire, et je découvre la réouverture de vos portes…Merci de l'invitation, c'est un beau cadeau !

Celeos a dit…

Merci, Palomar, vos remarques me touchent. Je ferai en sorte que le reste n'ait pas trop d'incidence sur le blog.

Celeos a dit…

@ Cyril : Bon anniversaire Cyril, je vous fais la bise, virtuelle, à défaut de pouvoir partager le gâteau avec vous !