Je préfère le dissensus dur au caramel mou

Je préfère le dissensus dur au caramel mou
Medusa – Il Caravaggio

Parfois on aimerait, face à la violence du monde, qu’un garçon vous prenne dans ses bras et murmure : « Ça ira, je suis là, on connaîtra des jours meilleurs… »

jeudi 2 novembre 2017

Fernand Pouillon

Opposer Fernand Pouillon à Le Corbusier n'a pas beaucoup de sens. Peut-être vaguement une vertu heuristique : deux conceptions différentes du monde s'opposent dans leur présence dans le vingtième siècle. Les divagations sur le modulor, censé adapter les fonctions d'un habitat à la dimension humaine, ne relève finalement que d'une pseudo-naturalisation des besoins des hommes dans la société. Il ne faut donc pas s'étonner que cette approche de Le Corbusier, ce pseudo-naturalisme, l'ait également amené à concevoir un monde où l'on ferait table rase de ce qui ne paraît pas authentique, productions humaines comme présences humaines. Paradoxalement, Le Suisse Charles-Edouard Jeanneret-Gris - Le Corbusier pour l'architecture - trouve en France, terreau fertile du totalitarisme instillé depuis les rois de France, l'expression idéale de son art. On trouvera dans l'ouvrage de l'excellent François Chaslin, Un Corbusier, paru en 2015, un regard et une analyse sur son oeuvre.

Mais je reviens à Fernand Pouillon, décédé en 1986 à soixante-quatorze ans. Sa vie fut une aventure extraordinaire, dont une partie est racontée ici dans cette vidéo, interviouvé par Pierre Dumayet, après la parution de son autobiographie, Mémoires d'un architecte, en 1968. On trouvera sur la Toile les informations utiles qui le concernent. Néanmoins, sa conception du monde fut celle d'un humaniste, d'un chercheur essayant d'appliquer ses réflexions à l'amélioration des conditions de vie du plus grand nombre.

Reprenant la blague du modulor de Le Corbusier qui serait une redécouverte du nombre d'or, c'est-à-dire la mesure du rapport entre les dimensions qui constituent une oeuvre physique, naturelle, qu'on peut alors appliquer à toute oeuvre artistique, donnant le sentiment d'une harmonie, c'est-à-dire d'une sensation agréable à contempler ou à entendre, Fernand Pouillon a raconté dans un livre remarquable, un roman, Les pierres sauvages, comment les hommes du Moyen-âge se sont appropriés ces notions pour établir un monument tout aussi remarquable, l'abbaye du Thoronet, en Provence. Je présenterai dans quelques jours le livre. Le Moyen-âge hérita de l'Antiquité cette connaissance de l'art de bâtir. Il est donc assez amusant de laisser croire que Le Corbusier aurait théorisé cette approche architecturale, qui était en application dans de nombreux bâtiments, et que les peintres de la Renaissance ont utilisée également dans la composition des scènes de leur peinture. Nombre d'or qui relève principalement de la technique et non applicable à la manière dont les sociétés évoluent et choisissent leur manière d'être...


2 commentaires:

joseph a dit…

juste une question : y a t'il encore un cours d'esthétique au programme des études menant au bac en France ou au certificat à la fin des humanités en Belgique, pourtant des études comparatives sur les styles que ce soit en peinture, en sculpture, en architecture n'est il pas aussi une manière de disserter sans risque sur ce qu'est la beauté, l'expression de tant de choses par le génie humain, toutes races , ethnies confondues?

Celeos a dit…

Question pertinente,Joseph. Je crois que le sujet est au programme. Il est cependant si vaste, si dépendant des questions philosophiques qu'il est renvoyé, post bac, aux disciplines spécialisées. Ce qui est un moyen d'éluder le sujet et de faire des spécialistes en tour d'ivoire...