Je préfère le dissensus dur au caramel mou

Je préfère le dissensus dur au caramel mou
Medusa – Il Caravaggio

Parfois on aimerait, face à la violence du monde, qu’un garçon vous prenne dans ses bras et murmure : « Ça ira, je suis là, on connaîtra des jours meilleurs… »

mercredi 6 septembre 2017

Là-bas

L'autre jour, évoquant Hervé Guibert, les amis Silvano et Joseph ont rappelé également la figure de Cyril Collard, ces moments d'une intense émotion après sa mort lors de la cérémonie des César pendant laquelle Romane Bohringer parlait du film et des conditions du tournage au-dessus duquel planait l'ombre de la maladie et de la mort. Je n'ai jamais revu le film, vu comme beaucoup au cinéma, et je n'ai jamais eu envie de lire le livre de Cyril Collard d'où était tiré le film Les nuits fauves.

Comment dire ? Ce qui m'a retenu de me sentir plus près de Cyril Collard est, peut-être, cette espèce d'affectation, cette volonté trop démonstrative présente dans le film, où la violence réelle est aussi présente que la violence symbolique. Néanmoins, qui aurait pu ne pas se sentir concerné par les sujets évoqués par Cyril Collard ? Cette incertitude de l'orientation sexuelle, la belle gueule de Cyril et cette terrible problématique du déni de la maladie qui a entraîné des contaminations épouvantables à un moment où les thérapies n'en étaient qu'à leurs balbutiements...

Ce n'est pas excessif que de dire que le film  Les nuits fauves, sorti en 1992, a marqué la génération des trentenaires d'alors, avec cette tempête culturelle sur la sexualité que ce film avait permise, et autorisant une prise de conscience sur une maladie incompréhensible dont parlaient fort les artistes et les intellectuels.

Quant au film, il n'était pas d'une immense qualité, peut-être un peu trop exhibitionniste dans sa volonté de dire les choses, et rompant avec l'intention d'une esthétique plus importante. Aujourd'hui, il reste sans doute marqué par son époque ; Cyril Collard a un peu disparu des mémoires, et le revoyant interpréter cette chanson du film, je conserve le sentiment que tout cela était très surjoué.

Ce qui n'était pas surjoué, c'était le sida, ses manifestations biologiques, le sarcome de Kaposi et autres joyeusetés que la maladie entraînait dans l'affaiblissement de l'organisme. Cyril Collard laisse cette impression mitigée d'une geste au romantisme sans doute excessif dans un monde qui recherchait sa liberté. Par une terrible et amère ironie du destin, les événements traduisaient que la recherche de liberté devait être payée d'un prix insupportable.


2 commentaires:

Anonyme a dit…

Peut-être surjoue-t-il parcequ'il est en train de mourir et qu'il le sait.
Ce ne doit pas être facile d'être habile face à la mort.
Marie

Celeos a dit…

Non vous avez raison, Marie, regarder la maladie et la mort en face n'aide en rien quand la vie est encore pleine de promesses.