À Pisogne, située près du Lac d’Iseo, se trouve l’église
Santa Maria delle Neve, sur la route
qui déjà du temps de Charlemagne, traçait les relations du commerce
dans les Alpes. Cette église a conservé quelques traces du Moyen-âge, mais surtout
la décoration intérieure due au Romanino (Girolamo Romanino, dit le Romanino),
peintre majeur de la Renaissance, qui a passionné Pier Paolo Pasolini dans son
approche réaliste de la vie du Christ.
Peintes en 1533-1534 les fresques
s’étendent sur l’ensemble des parois de l’église, et l’intérêt du travail du
Romanino est de se rattacher d’une part à la tradition imagière médiévale qui
donne à voir plutôt qu’à lire une histoire religieuse prétexte au lien social
de la communauté de Pisogne, et d’autre part d’en faire une lecture totale, de
grande dimension sur l’ensemble des murs. Il s’agit donc d’un travail important
pour le peintre, financé vraisemblablement par les mécènes localement et qui
permet de donner aux personnages une taille identique aux fidèles eux-mêmes, se
sentant, dès lors, immergés dans l’histoire sainte.
Comment ne pas imaginer que le Romanino s'est inspiré de la vie réelle
pour incarner Gabriel et Marie dans l'Annonciation ?
L'entrée dans Jérusalem au temps des Rameaux |
Il resterait à vérifier le rôle qu’ont pu jouer les fresques
du Romanino dans l’inspiration du projet du Vangelo
secondo Matteo, de manière consciente ou non. Dans ce débat, PP Pasolini indique
qu’il connaissait mal le travail du Romanino. Qui peut dire en fait la manière dont les
images s’insèrent, parfois de manière rapide et violente, dans les esprits,
pour y faire germer de nouvelles images et développer des scénarios dont on
devient à la fois l’auteur et son propre spectateur ? En tout cas, PPP
sait lire chez le Romanino l’angoisse du peintre devant le sujet qu’il traite,
comme si cette angoisse prévalait à toute forme de convention stylistique.
Le lavement des pieds |
La flagellation du Christ |
Les italianistes auront le bonheur de lire ce débat à
l’adresse suivante :
3 commentaires:
sans vouloir être exégète de l'oeuvre de Pasolini en question, il me semble que ces tableaux ont sans doute inspiré certains plans de foule et je pense ainsi au passage du récit évangélique évoqué par une marche rapide du christ et des apôtres !
Très intéressant, merci !
Possible, Joseph. PPP lui-même en était-il conscient ?
Piacere, Silvano!
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