Je préfère le dissensus dur au caramel mou

Je préfère le dissensus dur au caramel mou
Medusa – Il Caravaggio

Parfois on aimerait, face à la violence du monde, qu’un garçon vous prenne dans ses bras et murmure : « Ça ira, je suis là, on connaîtra des jours meilleurs… »

jeudi 22 octobre 2015

Il Romanino


À Pisogne, située près du Lac d’Iseo, se trouve l’église Santa Maria delle Neve, sur la route   qui déjà du temps de Charlemagne, traçait les relations du commerce dans les Alpes. Cette église a conservé quelques traces du Moyen-âge, mais surtout la décoration intérieure due au Romanino (Girolamo Romanino, dit le Romanino), peintre majeur de la Renaissance, qui a passionné Pier Paolo Pasolini dans son approche réaliste de la vie du Christ. 

Peintes en 1533-1534 les fresques s’étendent sur l’ensemble des parois de l’église, et l’intérêt du travail du Romanino est de se rattacher d’une part à la tradition imagière médiévale qui donne à voir plutôt qu’à lire une histoire religieuse prétexte au lien social de la communauté de Pisogne, et d’autre part d’en faire une lecture totale, de grande dimension sur l’ensemble des murs. Il s’agit donc d’un travail important pour le peintre, financé vraisemblablement par les mécènes localement et qui permet de donner aux personnages une taille identique aux fidèles eux-mêmes, se sentant, dès lors, immergés dans l’histoire sainte.

 

 Comment ne pas imaginer que le Romanino s'est inspiré de la vie réelle 
pour incarner Gabriel et Marie dans l'Annonciation ?

Dans un débat tenu en 1965 à Brescia, un an après la sortie dans les cinémas en Italie du Vangelo, PP Pasolini évoque la manière du Romanino en compagnie de quelques peintres.

L'entrée dans Jérusalem au temps des Rameaux

Il resterait à vérifier le rôle qu’ont pu jouer les fresques du Romanino dans l’inspiration du projet du Vangelo secondo Matteo, de manière consciente ou non. Dans ce débat, PP Pasolini indique qu’il connaissait mal le travail du Romanino. Qui peut dire en fait la manière dont les images s’insèrent, parfois de manière rapide et violente, dans les esprits, pour y faire germer de nouvelles images et développer des scénarios dont on devient à la fois l’auteur et son propre spectateur ? En tout cas, PPP sait lire chez le Romanino l’angoisse du peintre devant le sujet qu’il traite, comme si cette angoisse prévalait à toute forme de convention stylistique.

Le lavement des pieds

La flagellation du Christ

Les italianistes auront le bonheur de lire ce débat à l’adresse suivante :





3 commentaires:

joseph a dit…

sans vouloir être exégète de l'oeuvre de Pasolini en question, il me semble que ces tableaux ont sans doute inspiré certains plans de foule et je pense ainsi au passage du récit évangélique évoqué par une marche rapide du christ et des apôtres !

Silvano a dit…

Très intéressant, merci !

Celeos a dit…

Possible, Joseph. PPP lui-même en était-il conscient ?

Piacere, Silvano!