Je préfère le dissensus dur au caramel mou

Je préfère le dissensus dur au caramel mou
Medusa – Il Caravaggio

Parfois on aimerait, face à la violence du monde, qu’un garçon vous prenne dans ses bras et murmure : « Ça ira, je suis là, on connaîtra des jours meilleurs… »

samedi 25 février 2017

Triomphe de la médiocrité

Je ne blogue plus. Mes lectrices et lecteurs l’auront sans doute remarqué. Ce qui m’espante est que je conserve régulièrement un niveau de visites totalement honorable. Les Russes n’y sont pas pour rien. J’ai même eu, ces deux derniers mois un pic de consultation à 1300 connexions dans une journée. Lisent-ils le français ou ne viennent-il que pour les beaux garçons que j’ai laissés dans mes pages ? Je m’en fous totalement. Bloguer est davantage un exercice de style qui permettait d’entretenir, en ce qui me concerne, ma mauvaise humeur, dont j’ai suffisamment de raisons, pas toutes avouables, de l’exprimer.
De toute façon, bloguer est en train de devenir totalement ringard. Aujourd’hui on vlogue. Ceux qui l’ont compris se retiennent de faire trop de billets – et encore faudrait-il avoir quelque texte de qualité à présenter. D’autres bloguent contre vents et marées, publiant des images pieuses de très jeunes gens dont il est aujourd’hui exclu qu’ils jettent le moindre regard sur les blogueurs en question qui ont basculé dans une tranche d’âge où la nostalgie le dispute au déni de réalité. Bref, en tout cas en ce qui me concerne, je n’ai plus de raison de publier des photos empruntées sur d’autres sites, et comme je ne photographie pas moi-même les charmants modèles qui font encore rêver, il n’est plus question d’aller faire mon marché sur d’autres blogs ou d’autres sites qui ont eux-mêmes suffisamment de grandes qualités de sujets photographiques présentés sans qu’on les plagie : seul un commentaire, une mise en scène humoristique ou poétique pouvait encore trouver à mes yeux cette justification. Ce n’est plus le cas : les temps ont changé.
Et je profite de la cérémonie des César qui s’est déroulée hier pour lâcher cet envoi qui restera maintenant le ton général de ce blog, si tant est qu’il continue vraiment.
Je regarde très peu la télévision. Pour tout dire, il m’avait échappé que la 42ème cérémonie des César avait lieu hier. 42 ! Que d’acteurs, de réalisateurs ont passé dans ces cérémonies, et certain(e)s nous ont quittés dont on garde précieusement les émotions qu’ils m’ont procurées !
Je n’évoquerai que trois moments de cette soirée : l’un de colère partagée, le deuxième de grand énervement, le troisième d’une véritable émotion.
Colère partagée avec François Ruffin, césarisé pour son documentaire Merci patron. Il interpella François Hollande, l’homme au cerveau en yaourt, dont le gouvernement prétendument socialiste applique maintenant depuis deux ans une politique répressive fascisante, une politique d'économie de délabrement de l’agriculture (son fidèle Le Foll, ministre de l’agriculture n’a pas été foutu de rencontrer, voire de convoquer, le patron du groupe Lactalis qui étrangle les producteurs de lait). Je l’avais souligné il y a quelques mois : Hollande se carre du suicide des agriculteurs – un par jour – comme de sa première carte du PPS (parti prétendument socialiste). Bref Hollande et ces clowns de socialistes encartés resteront dans l’histoire comme un épisode affligeant de l’incompétence satisfaite, mais surtout de la complicité volontaire de destruction de l’éducation publique, de l’abandon de la politique culturelle au profit des industries musicales, du marché de l’art contemporain, de l’abandon d’une politique de la lecture publique et de tant de valeurs de liens sociaux abandonnées…
Deuxième moment, d’énervement, cette fois, lors de l’attribution du César de meilleur réalisateur à Xavier Dolan, totalement immérité pour le film Juste la fin du monde. J’en ai parlé deux fois, ici et et je n’y reviendrai pas. Mais c’est un mauvais service à lui rendre que de lui laisser croire que le texte de Jean-Luc Lagarce a bien été servi par son cinéma qui s’est là fourvoyé.
Troisième moment de grande émotion, celui où le vieux maintenant Jean-Paul Belmondo a arboré son magnifique sourire d’homme blanchi sous les années, entouré de ses amis. Ce ne fut pas le plus grand, le meilleur acteur. Mais il incarnait sans doute deux choses qui ont été rappelées hier : un cinéma d’auteur bien représenté notamment par celui de Jean-Luc Godard, et celui, populaire mais de qualité toutefois, de Philippe de Broca pour lequel il joue L’homme de Rio. On pouvait croire alors qu’on pouvait encore rêver en France. Aujourd’hui la France ne sent plus que le vomi. Sans doute a-t-on le tort de ne pas assez mourir jeune. Finalement l’émotion portée par la figure de Belmondo était-elle  le constat affligé que notre époque est véritablement d’une immense médiocrité, dont la seule façon de ne pas trop participer à son expansion est de se taire. Je crois vraiment que seul le silence est véritablement vertueux. Il faudra malgré tout que quelques vices continuent de me laisser m’exprimer. C’est dans ma nature.

Marco in the box
Le joli vlog de ce charmant garcon est à déguster !


Christiane Taubira a poussé son coup de gueule contre la médiocrité de ce crétin qui a osé dire que les gens de la Manif pour tous avaient été humiliés. Pauvre garçon ! À force de faire allégeance à tous les bords, il en perd le sens commun. Pas de mystère : venu de la phynance, comme disait Alfred Jarry, il restera le candidat de la phynance.
Je vous aime, Christiane.



Oui, la France sent le vomi. J’avais ironisé il y a quelques mois sur ceux qui embrassaient les flics, disant de se méfier : d’abord on les embrasse, après ils vous enculent. Je ne croyais pas si bien dire : le jeune Théo, dont la famille est dans les affaires, semble-t-il, l’a expérimenté.
Dans le même temps, les flics encore, dans le grand froid parisien, confisquaient les couvertures des migrants. Aujourd’hui la Ville de Paris, paraît-il, fait disposer des pierres de grande taille pour que ces mêmes migrants ne puissent s’abriter sous les ponts. Et à Nice, on fait un procès à des gens qui expriment leur solidarité avec les migrants. Dans la France de Hollande, l’homme au cerveau de yaourt. C’est assez drôle. C’est à propos de Hollande que je me suis fâché avec un blogueur que je croyais suffisamment intelligent et critique pour que les mesures prises par le gouvernement soient bien comprises pour ce qu’elles étaient : des mesures fascisantes. Quand il m’arrive de passer sur le site de ce blogueur, je comprends à quel point la plupart des blogs « gay » sont des lieux insipides, au mieux le relais de critiques d’événements extérieurs, quand les rapports d’Amnesty international dénoncent la situation en France comme mettant les droits humains en danger. Je n’ai jamais lu dans ce blog la moindre chose sur ce sujet en France. Ç’aurait été sans doute été manquer à l’allégeance lècheculesque que ce blogueur nourrit vis-à-vis du PPS.
Je dédie ces vidéos à ces migrants, en pensant au jour peut-être pas si lointain où les camps rouvriront plus grands en France pour ceux qui seront estimés trop basanés, ou qui ouvriront trop leur gueule. Il restera à chanter Dance me to the end of love, chanson de la danse des amants dans l’attente du pogrome.



9 commentaires:

Silvano a dit…

Voici la preuve que bloguer n'est pas (toujours) ringard.
Sur la soirée des César, vous me devancez, mais nous convergeons.
Ça vous étonne ?

Celeos a dit…

Si, si je persiste, et devenu un vieux con d'anar, je ne suis pas sûr de converger en tous points.

Silvano a dit…

En tous points, certes pas. Je serais très bête, très maso, ou les deux à la fois de ne pas l'avoir remarqué.

Anonyme a dit…

Vous avez profondément raison, Céléos, le silence, la longue écoute du monde, l'entrée dans le regard des autres, le sourire échangé.
Le silence dans lequel résonnent nos vies et celles des autres.
Ce silence qui nous permet de les entendre, de les voir, de les aimer.
Dans l'incroyable tumulte des vies.
Merci Céléos d'avoir accepté que je chemine quelques temps dans votre espace.

Marie


Celeos a dit…

Merci d'y être venue, Marie, d'avoir éclairé des instants parfois assombris. J'ai essayé d'inviter la liberté, en commençant par la mienne. Était-ce le lieu ? Je ne sais pas. Seulement que je ne suis pas de ce temps.

joseph a dit…

A propos des luttes anti-mendicité , la Belgique n'est pas mal non plus , vous savez; un matin que j'attendais un bus pour me rendre à mon ours de musique -9h le matin d'hiver - je fus gentiment prié de m'éloigner par un agent de police , car ils avaient pour mission , elle et ses deux compagnons , de réveiller un sans abri prostré contre son chien, fidèle garde et compagnon de son infortune ; ainsi , toute la nuit, ce pauvre bougre avait été exposé aux regards des passants , devant cette enseigne dite point chaud , mais c'est le matin que cela devenait insoutenable! A quand me suis je dit , et exprimé en commentant un post d'un blog , :" Ne nourrissez plus les pauvres, cela les maintient en vie"
Mille excuses pour cette longueur de prise de parole ,mais je pense que chaque geste que nous posons et celui que vous avez d'écrire est de ceux là, est un peu comme le vol du papillon ...

Celeos a dit…

Ne vous excusez surtout pas Joseph. Il est vraiment temps d'arrêter de fermer les yeux et sans doute la France n'est-elle pas le seul pays dont il faut dénoncer le manque d'humanité. Dans le même temps beaucoup de gens s'organisent pour s'élever contre cette situation.

Anonyme a dit…

De tout cœur avec vous, Celeos ! Et que dire du reste du monde ?
Je vois néanmoins toujours des signes d'espérer.

Celeos a dit…

Merci Jérôme ! Oui, c'est le monde entier qui est en plein bazar. Tu as sans doute raison, il y a des signes encourageant à ne rien lâcher. Quel boulot cependant pour tout remettre en état !