L'auberge des orphelins

samedi 30 septembre 2017

Soutien à la Catalogne

J'ai déjà dans ces pages manifesté mes réserves quant aux mouvements séparatistes qui s'expriment aujourd'hui. Celui de la Catalogne n'échappe pas à ce principe. Il est clair que pour la Grande Bretagne, le Brexit est une stupidité dont tous les Européens auront à supporter les conséquences. De même pour la Catalogne, qui n'a rien à gagner d'une séparation d'avec l'Espagne. Sauf que. Sauf qu'on est obligé de faire un retour en arrière pour essayer de comprendre la complexité d'une situation devenue insupportable à beaucoup de Catalans.


En premier lieu, je m'insurge contre la réaction de l'Etat espagnol qui fait remonter les vieux comportements franquistes de la répression et du goût jamais abandonné de la droite espagnole pour la dictature : en déployant un tel dispositif de policiers pour empêcher l'expression démocratique, c'est le fantôme de Franco que l'on laisse s'exprimer. Les vieux démons n'ont jamais vraiment quitté l'Espagne, et l'argument selon lequel le référendum de la Catalogne ne serait pas constitutionnel est à mourir de rire : avec le pronunciamiento de Franco en 1936 et le coup d'Etat contre la République espagnole, démocratique, c'est le régime actuel de l'Espagne qui est anticonstitutionnel, et, alors que l'Espagne était redevenue une république, une monarchie fantoche règne maintenant depuis plusieurs décennies. il s'en est suivi que les fondements de la démocratie espagnole, si tant est que l'Espagne aurait pu connaître une fédération de régions, se trouve notamment en Catalogne qui a été bien souvent à l'avant-garde des idées progressistes. Je ne vais pas faire un rappel historique, et on se référera à toutes les bonnes sources de l'histoire de l'Espagne et de la guerre civile atroce que les populations ont subie.

Je voudrais simplement faire ici quelques remarques qui concernent davantage le présent : lorsque l'Espagne et le Portugal entrent dans l'Europe en 1986, le vieux Franco est mort, mais ses cendres fument encore. Si la société espagnole évolue, c'est davantage par l'obligation de prendre en compte l'évolution globale des sociétés en Europe que par le goût pour la démocratie: le Pays basque, l'Euskadi, la Catalogne, Calalunya, connaissent suffisamment ce que c'est que la répression, les geôles et la torture de la police. Ce n'est pas un hasard si la langue et les institutions fonctionnent ensemble. On aurait pu espérer que l'Espagne évolue vers davantage de démocratie, prenant en compte l'ouverture de la péninsule ibérique sur le monde méditerranéen et européen. Hélas, les systèmes patriarcaux sont trop solides, et leurs vieux démons haineux et totalitaires continuent d'exercer leurs effets néfastes sur l'ensemble de la société. Encore une fois, l'Europe a joué un rôle très dommageable en jouant sur les effets du tourisme, en encourageant l'augmentation absurde du parc immobilier. L'entrée de l'Espagne dans la CEE a fortement déstabilisé l'économie agricole du Sud de la France qui espérait en contrepartie voir le tourisme compenser les disparitions des productions agricoles. Ce fut un échec et le désert rural n'a fait que davantage s'installer dans ce qui est aujourd'hui l'Occitanie et le sud du Massif Central. Du côté espagnol, on est autour des 20 % de chômage, même si en 2017 le taux a baissé, dû principalement aux emplois très précaires des services et du tourisme qui a amplifié son activité. La baisse des chiffres du chômage n'est pas pour autant un progrès : on sait justement que ce tourisme est néfaste, destructeur, génère une spéculation immobilière qui a des effets délétères sur la répartition démographique des villes touristiques. Barcelone en est un bel exemple.

Bref, encore une fois, l'Europe a failli dans le domaine économique. Il ne faut donc pas s'étonner de son silence quant au projet de référendum sur la détermination des Catalans à gérer leurs propres institutions. On ne s'étonne pas non plus que le gouvernement Macron soit évidemment du côté des institutions espagnoles devant le risque qu'une scission de la Catalogne ferait courir aux autres Etats-nations : car la Catalogne n'est pas seule à refuser les incapacités d'un gouvernement central à gérer leur pays. Dans la mesure où l'on sait que les intérêts privés sont maintenant les seuls véritables décideurs, l'impuissance des gouvernements centralistes ne met que trop en lumière les appauvrissements généralisés de la population européenne ; lorsque les gouvernements ne jouent plus leur rôle d'arbitre, régulant comme il le faut les disparités territoriales, assurant la justice nécessaire pour compenser ce que la mauvaise économie a détruit, les risques d'embrasements deviennent inévitables. Le mouvement Podemos en Espagne est muet sur ce type de problèmes, montrant l'immaturité actuelle de nombre d'organisations politiques. Regardons du côté de l'Italie : le 22 octobre prochain s'organise un référendum sur une plus grande autonomie de la Lombardie et de la Vénétie, permettant selon les desiderata de la Ligue du Nord, mouvement politique proche de l'extrême droite, une «meilleure gestion╗ des ressources produites dans ces régions. Curieusement, la presse française n'en parle que très peu, préférant se concentrer sur la Catalogne.

Et, justement, parce que la Catalogne, malgré les tentations nationalistes détestables qui ne manquent pas à son histoire, est aussi ce lieu d'une utopie démocratique qui s'est réalisée pendant la république espagnole, je souhaite que les voix puissent s'exprimer vers une autre manière de concevoir l'organisation de la société. Après, l'expression ayant été donnée, rien n'empêche dans une perspective de fédérations de régions, ce qui avait un temps été la vision de certains européistes, de réaffirmer les liens naturels, c'est-à-dire culturels avec l'Espagne qui vaut mieux que ce qu'en donne à voir le gouvernement Rajoy.

N'oublions cependant pas un principe démocratique fondamental : le droit des peuples à décider de leur propre sort. En l'occurrence, le peuple catalan existe, de même que les autres peuples d'Espagne, d'abord dans le refus du gouvernement central de lui reconnaître les libertés fondamentales, la langue étant l'une de ces libertés, systématiquement déniée sous le régime franquiste et ses avatars.

Voici L'Estaca dans une version récente de Lluis Llach. Et pour ne pas oublier que la Catalogne fut ce lieu où s'exprimèrent les formations les plus progressistes de la République espagnole, une photographie signée Agustí Centelles montre l'engagement de George Orwell dans les milices du Parti ouvrier d'unification marxiste (POUM) qui est finalement marginalisé par les staliniens en 1937. Dans Homage to Catalonia, paru en 1938, George Orwell raconte les journées qu'il a vécues en 1936 et 1937 à Barcelone, combattant auprès du POUM en montrant ce que les innovations sociales et tout l'horizon des possibles pourraient laisser envisager pour l'avenir d'une meilleure Espagne.

Agustí Centelles - Le POUM, Caserne Nin, 1937.
(George Orwell est l'homme de très grande taille, 6ème à partir de la gauche)



vendredi 29 septembre 2017

Queer art

La Tate British présente jusqu'au 1er octobre (c'est presque fini) l'exposition Queer british art (1861-1967). Il s'agit de mettre en évidence la manière dont l'art a pu exprimer, souvent de manière cryptée, la célébration des corps d'une autre manière que les conventions l'acceptaient jusqu'alors. Dans cette peinture de Frederic Leighton évoquant la manière dont Dédale procure des ailes à Icare, on note la féminisation d'Icare par la couleur de la peau, et des formes corporelles d'un érotisme évident. Dédale, son père, a la peau sombre et reste, dans cette peinture, le faire-valoir de l'objet érotique qu'Icare est ainsi devenu.



Frederic Leighton (1830-1896) - Daedalus and Icarus, 1869

Davantage d'informations sur l'exposition sur le site de Marcus Bunyan Art Blart, auquel je me réfère souvent : cliquez ici.

jeudi 28 septembre 2017

Act up

Une archive de l'INA, avec de vraies réactions, et quelques instants d'interview de Didier Lestrade.



mercredi 27 septembre 2017

Senza paura

Une vidéo courte, très italienne...



mardi 26 septembre 2017

Achille bene veduto

Collaboratore di Simon Vouet - Achille riconosciuto alla corte del re Licomede - ca 1650 (détail)

lundi 25 septembre 2017

San Giovanni Battista

Daniel Seyter, San Giovanni Battista, ca 1680

dimanche 24 septembre 2017

Chaconne

Une chaconne de Telemann par l'ensemble Nevermind.

Bon dimanche !



samedi 23 septembre 2017

Arte nuova, Torino






Dans un café où on peut déguster un aperitivo pour 10 euros, Via Po


vendredi 22 septembre 2017

I Vitelloni

La très belle et très sobre scène finale des Vitelloni, de Federico Fellini, dont le très beau Franco Interlenghi qui joue le rôle de Moraldo. Est-il besoin de préciser que la musique est celle de Nino Rota ?



jeudi 21 septembre 2017

mercredi 20 septembre 2017

Αναπαράσταση/La reconstitution

Un miroloi du premier long métrage de Theo Angelópoulos, Αναπαράσταση/La reconstitution, très beau film que l'on peut retrouver dans le coffret consacré aux œuvres du cinéaste.



mardi 19 septembre 2017

Roma ancora

Je suis parti quelques jours pour Rome. «Vous avez finalement pris le train pour mieux mesurer la distance qui vous sépare de cette ville.» Aurait pu écrire Michel Butor. Je n'en ferai pas le même usage, pas tout à fait, tout au moins. J'y vais avec la volonté d'avoir l'esprit le plus libre possible, bien que tout, au contraire, semble vouloir dire que rien n'est simple si ce ne sont les apparences.

Je laisse Véhèmes quelques jours. J'y sème quelques pensées que le cinéma nous a offertes.
Passez  une bonne semaine.

Réflexions d'Henri Langlois sur Rossellini.


lundi 18 septembre 2017

120 battements par minute est un film raté

Vlan, allez, je me lâche. J'étais resté sur un sentiment mitigé à la sortie du cinéma où j'ai vu le film, sans trop vouloir chercher à élucider les raisons de mon malaise, tant j'étais entré avec un a priori favorable, et ne pensais trouver dans la narration du film qu'une présentation de l'histoire qui a fait d'Act up une association en pointe dans la lutte sociale contre le sida, qui a permis une meilleure visibilité et des pratiques homosexuelles, de leur place dans la société française, de la manière dont tout cela s'est passé, et de l'échec, finalement d'un discours politique issu du monde gay.
Le film, finalement, reste très loin de tout ça. Il faut le recevoir comme un hommage à l'action d'Act up, et rien que cela. Car derrière le film, je garde le sentiment d'un repli qu'on ne peut même pas appeler communautaire tant la «communauté» gay redevient, petit à petit, de plus en plus invisible. Je ne le regretterais pas si, par ailleurs, la société française intégrait réellement le fait homosexuel comme une composante parmi d'autres des pratiques et des relations entre personnes. Force est de constater qu'hormis quelques lieux précis, que l'on «tolère», comme il existait autrefois des «maisons de tolérance», on assiste à un étonnant paradoxe : les écrivains homosexuels ou crypto-homosexuels sont sans doute de plus en plus nombreux ; pour autant, ils sont de moins en moins gays, au sens où ce terme sous-entend une relative combativité ou revendication dont on sait qu'elle s'oppose, qu'on le veuille ou non, à la norme hétérosexuelle. C'est ainsi, je fais un constat. Je partage assez certains points de vue de Didier Lestrade constatant une perte de valeurs que le fait d'être gay mettait en mouvement : la solidarité avec d'autres groupes minorisés, dominés, mis à mal par une société sans compassion. Or le malaise que j'ai ressenti après avoir vu le film tient sans doute beaucoup à cela : tout se passe comme si le film prenait acte de la chose en ne donnant à voir qu'un aspect de ce que fut l'action d'Act up en quelques lieux que Robin Campillo a sans doute volontairement théâtralisés pour n'en donner qu'un point de vue partiel. Je crois que je n'aime vraiment pas son scénario. Thibaud Croisy en a fait une critique encore plus dure dans Le Monde (ici), déniant le contenu qualitatif et intellectuel de l’intention de Robin Campillo. Je ne le suis pas totalement sur ce terrain. S’il est vrai que certaines scènes sont stéréotypées, sexe y compris, c’est tout le cinéma qui est judiciable de ce type de critique, et après tout, que l’on revoie des scènes qui se répètent, c’est la vie elle-même qu’il faudrait bouleverser pour jeter aux orties les routines qui bordent nos façons d’être. Je crois que la nécessité critique est ailleurs : en ce qui me concerne, ce qui me paraît dommageable est l’occultation d’une parole politique par ce qui pouvait paraître comme une revendication consumériste. Je m’explique. Le film raconte, grosso modo, comment une association de gays et lesbiennes, certains contaminés, d’autres non, se battent pour faire accélérer la recherche, la connaissance de cette recherche contre la maladie, par les laboratoires, soupçonnés pour d’obscures raisons, de ne pas aller assez vite. Le film magnifie les méthodes d’action, l’aspect spectaculaire des interventions avec du faux sang, les manifs de rue. On semble, dans le film, redécouvrir les vertus des débats d’assemblée générale en amphithéâtres, ce que, cependant, une grande majorité de gens ont vécu. 


Tout cela paraît bien naïf. Le film occulte les relations avec les pouvoirs publics, les campagnes de prévention contre le sida ne sont qu’à peine abordées, de même que le scandaleux refus de Pierre Bérégovoy, premier ministre de François Miterrand craignant par pudibonderie de financer en 1992 une nouvelle campagne contre le sida. La contamination des hémophiles n’est qu’à peine évoquée, alors que ce fut un énorme scandale.
Bref, le film n’est pas un documentaire. Quant à la fiction, on peut se demander ce qui fait l'intérêt du film. Ce sont bien évidemment les excellents acteurs que sont Nahuel Perez Biscayart et Arnaud Valois qui sauvent le film du désastre par deux prestations, l’une toute en énergie et en énervement, l’autre toute de réserve et de présence plus discrète.

Que va-t-il rester de ce film quasiment calamiteux ? Pas grand-chose. Qu’Act up ne compte pas là-dessus pour un témoignage de son action ; le «mouvement gay» n’en ressort pas moins opaque dont l’essentiel se réduit à quelques pratiques sexuelles entre garçons. Sans lendemain.

Allez, je vais faire un peu de comparatisme avec un autre film, grand et réussi, le seul d’ailleurs de Romain Goupil, qui par ailleurs a toujours fait preuve d’un crétinisme avancé — c’est assez consternant, d’ailleurs de constater que la plupart des anciens trotskystes sont devenus de vrais réacs.

En 1982, Goupil se rappelle l’un de ses potes, très engagé dans le mouvement de mai 1968, Michel Recanati. Il en fait Mourir à trente ans. Je ne vais pas le résumer, et on trouvera sur la toile les références qui s’imposent. Je vais simplement passer une vidéo courte. Mais là, justement, on n’est pas dans le même registre, qui renvoie dans le dérisoire le sujet de Robin Campillo. Le sujet que posait le cataclysme du sida, c’était « qu’est-ce que la société fait de la mort qui se projette sur la jeunesse qui a voulu jouir, et même sur celle qui, au passage n’est victime que d’une fatalité dont les hommes politiques ne veulent pas entendre parler ». C’est cela dont il fallait parler. D’une certaine manière, Robin Campillo a instrumentalisé Act up. Il n’y a plus grand monde aujourd’hui pour le lui reprocher. Le monde gay est assez bien réparti aujourd’hui dans le monde politique où, de manière planquée, on s’imagine que chacun, de l’extrême droite à la gauche couille molle, a le pouvoir faire avancer la cause homosexuelle. C’est peut-être également ce que dit le succès du film. Dans un monde voué au consumérisme, le prix du plaisir entre garçons se paye par l’absence d’une réflexion, et, peut-être pire, de la conscience qu’aimer les garçons dans une société occidentale devrait être une opposition sans concession au vieux monde patriarcal. Vieux monde dont, aujourd’hui, même quelques pédés se font les défenseurs.



dimanche 17 septembre 2017

Lo stato è un lupo di pietra

Cette semaine me sera romaine. Je n'ai pas mis les pieds à Rome depuis plus d'un an. Je retrouverai avec plaisir les plaisirs et les tracas de la Ville éternelle dont de nombreux mystères me restent à découvrir. Vado, vedrò...

Le grand, l'immense, et regretté Matteo Salvatore nous le dit : l'Etat est un loup de pierre, un loup sans dents, mais il reste un loup.

J'ai parlé quelquefois de Matteo Salvatore. L'excellente collection blanche Harmonia Mundi avait publié autrefois le Lamento dei Mendicanti, toujours disponible, me semble-t-il. Ces chansons sont de purs chefs-d'oeuvre et la voix et la guitare de Matteo Salvatore sont un transport dans l'âme de la Méditerranée des Pouilles : cette même région où Pier Paolo Pasolini tourna Il Vangelo secondo Matteo. L'italien des Pouilles a cette résonance d'une langue que les Toscans méprisent un peu, à tort bien sûr : c'est une langue toute de relief, chargée d'humanité, d'une beauté à pleurer !

Bon dimanche.




samedi 16 septembre 2017

Fête de l'Huma

C'est la fête de l'Humanité aujourd'hui à la Courneuve. 
Je me souviens : il y avait eu cette réunion antimilitariste rue de Vaugirard, à laquelle participait Daniel Guérin. Daniel Guérin explique que le terme «antimilitarisme» est à rejeter en ce qu'il exprimerait un courant d'idées, une idéologie, ce que n'est pas l'opposition à la militarisation de la société. Comme dans beaucoup de réunions, les idées fusent, se perdent dans des débats sans grand lendemain
 Tout cela me paraît un peu surréaliste. L'un de nous, à la peau sombre, se fait contrôler par un flic devant le Sénat. Pas les autres, dans cette France raciste depuis toujours. Les participants à la réunion s'égaillent dans ce gris Paris sans beaucoup d'attrait.
Le soir j'ai décidé d'aller à la fête de l'Humanité. Je conserve du respect pour ces militants communistes, malgré les dérives staliniennes qui les ont amenés trop souvent en des lieux impossibles, dont les pensées se sont figées à celles qu'une confiance aveugle leur a permis de croire. Il y a néanmoins souvent de la chaleur dans la volonté de témoigner leur solidarité. Je les rejoins dans cette attitude qui préexiste à toute tentative de changement de société pour un plus grand partage.
Le programme de ce soir est consacré à deux spectacles dont je sais qu'ils seront extraordinaires : Mikis Théodorakis, et ses musiciens, Maria Farantouri donnent El canto general, d'après le poème de Pablo Neruda, décédé l'année précédente, peu après le coup d'Etat qui a tué Salvador Allende, et qui a bouleversé toute la gauche mondiale. Plus que jamais, les militaires sont à combattre. En Grèce, les colonels sont encore au pouvoir. Le spectacle est magnifique ; l'émotion est à son comble. La Grèce et le Chili communient dans leur aspiration à la liberté, au refus de toutes les dominations.
C'est Leonard Cohen qui succède à Mikis Theodorakis, pareil qu'en lui-même. La poésie est ce soir à l'honneur, et je suis abreuvé de cette grâce dont leur musique et leurs textes enveloppent chaque être présent à cette nuit d'automne. «Like a bird on a wire, [...] I have tried in my way to be free...»
Le lendemain matin, je me promène dans les rues de Saint-Germain-des-Prés. Quelques joueurs de bouzouki, présents dans l'orchestre de Mikis Théodorakis, se produisent sur le trottoir, pour le simple plaisir de jouer et de partager cette musique.

J'ai le cœur léger. Je sais que mes pas me mèneront bientôt en Grèce.

jeudi 14 septembre 2017

L'âme slave

Un regard tourné vers la Russie, notamment pour s'inquiéter du harcèlement envers Kirill Serebrennikov dont le travail de dramaturge et d'artiste semble ne pas plaire au pouvoir et aux religieux orthodoxes. Kirill Serebrennikov est assigné à résidence, et le pouvoir a trouvé le prétexte d'un détournement d'argent (!)
Soutien à lui, à son travail dont le rôle est de déranger les routines traditionnelles.
Télérama lui consacre une brève et le lien vers la pétition de soutien ici.

Nicolas Kovarik/IP3; Paris,  France  10 Septembre 2017

des personnalites posent lors d une  action en soutien au metteur en scene et realisateur russe Kirill Serebrennikov inculpe pour detournement de fonds publics et assigne a residence en presence notamment du dramaturge Olivier Py  Le directeur du Theatre National de Chaillot Didier Deschamps l animateur Alex Goude la journaliste Claire Chazal l actrice Isabelle Carre Jack Lang l acteur Jean Michel Ribes
© Nicolas Kovarik/IP3


Et comme nous sommes tournés vers l'Est, le chemin n'est pas loin de la Russie à l'Ukraine, qui nous offre cette belle prestation tirée de Turandot «Nessun dorma». 


Этот молодой человек очень красивый !

Tu parles, qu'il est beau ! Ce garçon, qui s'appelle Alexandre Ioupatov, a tous les talents. Après avoir fait X-Factor en Ukraine en 2016, il est maintenant mannequin chez NBM à Milan. Je vous mets deux photographies après la vidéo de Youtube. Je suis sûr que je vais le croiser un de ces jours à Milan...





mercredi 13 septembre 2017

Sang impur

Le sens aigu des discriminations...

Une pétition est en ligne pour dénoncer cette absurdité sur Change.org : ici



mardi 12 septembre 2017

Métamorphose

Je n'ai pas vu l'exposition, mais je fais un peu de copinage : les manifestations LGBTQ sont plutôt rares en Languedoc...




© Nicolas Rigaux - Soeurs - 4-13

lundi 11 septembre 2017

Bella ciao, me gusta si !

Une version espagnole par Manu Chao (un très beau mec, faut-il le préciser ?).


dimanche 10 septembre 2017

Δημήτρης Μυστακίδης - Στην Υπογα/Dimitrís Mistakídis - Au sous-sol

Un rebetiko de Κωνσταντίνος Μπέζος,/ Constantinos Bézos (1905-1938), musicien, parolier et journaliste au sens un peu hermétique que je préfère ne pas traduire : les sens cachés du rebetiko ne sont parfois compréhensibles que dans le contexte précis où il a été créé. Cette chanson dont je n'ai pas la date de création est sans doute issue d'un fait divers où des soldats s'ennuyaient dans une caserne en fumant le narguilé...

Belle interprétation de Dimítris Mistakídis.

Bon dimanche !


Ρε ν’ από πι- ρε ν’ από πίσω στη στρατώνα
βαρέσαν μα- βαρέσαν μάγκα στην υπόγα

Μπαίνει `νας μπα- μπαίνει `νας μπάτσος με το κούφιο
Και ρίχνει μου- και ρίχνει μούσμουλα στο ρούφο

Και κατρακύ- και κατρακύλισε το φέσι
μας σβήνει ο  να- μας σβήνει ο ναργιλές στη μέση

Ωωωωωώχ ωωχ!

Και τον ανά- και τον ανάβει η Κυριακούλα
ρε που `χει τάλιρα και τσιγαριές στη ζούλα

Γεια σου ρε Μή- γεια σου ρε Μήτσο στραβοκάνη
που `σαι μαστού- που `σαι μαστούρι απ’ το ντουμάνι


samedi 9 septembre 2017

Jupiter et Ganymède

Anton Raphaël Mengs (1728-1779), peintre allemand fasciné par la civilisation gréco-romaine, se plaisait à imiter les peintures antiques en s'inspirant notamment de celles d'Herculanum. Celle-ci se trouve au Palazzo Corsini, à Rome, à la Galleria Nazionale d’Arte Antica.

Anton Raphaël Mengs Jupiter et Ganymède, ca 1760

vendredi 8 septembre 2017

Beauté des Grecs

Emmanuel Macron est venu en Grèce faire le beau sur la Pnyx. Ira-t-il dans les rues d'Athènes mesurer le taux de pauvreté, la misère dont sont frappés les Grecs depuis trop de temps?

Face à ce cataclysme, les Grecs conservent leur beauté, leur sens de la solidarité, le sentiment que la civilisation qu'ils ont contribué à forger demeure. Leur situation est un éloge à leur sens de la poésie qui les a créés. Toutes mes pensées vont vers eux que j'aime.



jeudi 7 septembre 2017

Μιρολοι/Miroloi

Les Moires sont les trois fées grecques que les Romains appellent les Parques, filant, tissant et finalement coupant le fil de la vie. Ces trois divinités du destin sont devenues des fées dans l'imaginaire occidental, avec la même origine du fatum, du destin. Au Portugal, ce destin devient le fado, et on voit que cette même pratique culturelle est bien commune à l'ensemble des cultures. Il s'agit de chanter le destin d'une vie souvent tragique - mais on peut, on doit aussi chanter la joie quand elle se manifeste ! La tradition grecque a véhiculé les mirolói - μοιρολόι, chantés dans les fêtes et les veillées.

Voici ainsi un mirolói, qu'on peut traduire par «complainte», chanté par Liseta Kaliméri :


Μανούλα μου, ήθελα να πάω, να φύγω, να μισέψω
του ριζικού μου από μακριά τη θύρα ν`αγναντέψω.
Στο θλιβερό βασίλειο της Μοίρας να πατήσω
κι εκεί να βρω τη μοίρα μου και να την ερωτήσω.

Mon homme, je voudrais partir, fuir ce destin que je hais
pour aller loin vers la porte qui me permettra de contempler un autre horizon
que ce triste royaume de la fatalité dans lequel j'avance
et là je trouverai mon destin et je l'interrogerai.

Les paroles sont d'Αλέξανδρος Παπαδιαμάντης/Alexandros Papadiamantis et la musique de Κώστας Πανταζής/Kostas Pantazis.

Au moment où le président jupitérien va s'adresser aux Grecs, une certaine ironie se dégage de l'attitude méprisante envers tous ceux « qui ne sont rien » et de la situation de la Grèce aujourd'hui qui pourrait peut-être montrer à ce garçon ambitieux le sens du tragique. Il est possible que Zeus (le vrai) ou que Dionysos le moqueur lui renvoient sa véritable image...



mercredi 6 septembre 2017

Là-bas

L'autre jour, évoquant Hervé Guibert, les amis Silvano et Joseph ont rappelé également la figure de Cyril Collard, ces moments d'une intense émotion après sa mort lors de la cérémonie des César pendant laquelle Romane Bohringer parlait du film et des conditions du tournage au-dessus duquel planait l'ombre de la maladie et de la mort. Je n'ai jamais revu le film, vu comme beaucoup au cinéma, et je n'ai jamais eu envie de lire le livre de Cyril Collard d'où était tiré le film Les nuits fauves.

Comment dire ? Ce qui m'a retenu de me sentir plus près de Cyril Collard est, peut-être, cette espèce d'affectation, cette volonté trop démonstrative présente dans le film, où la violence réelle est aussi présente que la violence symbolique. Néanmoins, qui aurait pu ne pas se sentir concerné par les sujets évoqués par Cyril Collard ? Cette incertitude de l'orientation sexuelle, la belle gueule de Cyril et cette terrible problématique du déni de la maladie qui a entraîné des contaminations épouvantables à un moment où les thérapies n'en étaient qu'à leurs balbutiements...

Ce n'est pas excessif que de dire que le film  Les nuits fauves, sorti en 1992, a marqué la génération des trentenaires d'alors, avec cette tempête culturelle sur la sexualité que ce film avait permise, et autorisant une prise de conscience sur une maladie incompréhensible dont parlaient fort les artistes et les intellectuels.

Quant au film, il n'était pas d'une immense qualité, peut-être un peu trop exhibitionniste dans sa volonté de dire les choses, et rompant avec l'intention d'une esthétique plus importante. Aujourd'hui, il reste sans doute marqué par son époque ; Cyril Collard a un peu disparu des mémoires, et le revoyant interpréter cette chanson du film, je conserve le sentiment que tout cela était très surjoué.

Ce qui n'était pas surjoué, c'était le sida, ses manifestations biologiques, le sarcome de Kaposi et autres joyeusetés que la maladie entraînait dans l'affaiblissement de l'organisme. Cyril Collard laisse cette impression mitigée d'une geste au romantisme sans doute excessif dans un monde qui recherchait sa liberté. Par une terrible et amère ironie du destin, les événements traduisaient que la recherche de liberté devait être payée d'un prix insupportable.


lundi 4 septembre 2017

William Gedney - Lonely

Le Pavillon populaire à Montpellier expose encore jusqu'au 17 septembre les photographies de William Gedney sous le titre Only the lonely 1955-1984.

William Gedney est né en 1932 aux Etats-Unis d'Amérique et mort en 1989, victime du sida. Son nom est peu connu et c'est une belle idée de proposer ses photographies d'une période qui a construit le XXe siècle américain, fait des images marquantes de moments d'une grande intensité le plus souvent. Le regard de William Gedney se pose sur ceux qui constituent la marge, et on peut rattacher son travail à celui effectué par Walker Evans, dont j'ai signalé l'exposition récente au Centre Pompidou à Paris.

Dans son cas également il faut noter le très beau travail de construction de l'image : il s'appuie sur une parfaite organisation de sa lecture qui reste ainsi très classique. C'est peut-être ce qui fait sa force : choisir un mode d'expression dans lequel les conventions sont parfaitement respectées pour exprimer des sujets beaucoup moins convenus...



©William Gedney - Kentucky 1972 (gauche) 1964 (droite)

©William Gedney / Duke University Rare Book, Manuscript,
and Special Collections Library, Entire Cornett family on porch, 1964

©William Gedney - San Francisco 1975

dimanche 3 septembre 2017

Addio Lugano bella

Hommage en ce dimanche à Pietro Gori avec cette superbe archive de la RAI, dont Giorgio Gaber reste une figure marquante de ce document. Giorgio Gaber nous a quittés en 2003. C'était une belle voix de l'Italie.

Bon dimanche !



samedi 2 septembre 2017

Banquette arrière

Mathieu Rosaz - Banquette arrière

vendredi 1 septembre 2017

Eddy - Kid

Eddy de Pretto, dont j'ai passé il y a quelque temps le titre Fête de trop, a dû s'amuser dans ce décor décalé. Je ne sais quel château XVIIIe a été emprunté pour l'arrière plan de ses chansons. Tout ça a dû être tourné le même jour, j'imagine. De ce fait, Eddy est toujours aussi mal fringué : quelle horreur que ce t-shirt, ce futal de jogging, ces pompes Nike que même les vieux à Turin portent avec le souci d'être de ce temps ! Allez, peu importe, le texte est beau : la fabrication de la virilité abusive est une description de la manière dont beaucoup de garçons construisent leur vision d'eux-mêmes, façon de se rassurer avec les stéréotypes. Ce garçon sait écrire et possède une manière percutante de le faire. Il faudra suivre sa carrière qui débute de manière très intéressante.