J'apprends le décès de Marc Ogeret. C'est dans son interprétation qui reprenait la musique d'Hélène Martin, que le texte de Jean Genet Le condamné à mort avait pris pour moi toute sa dimension nostalgique. Cette interprétation m'a longtemps accompagné, prêtant à Genet une voix que je ne connaissais pas encore. Mais Marc Ogeret avait donné à la chanson française, revendicative, anarchiste, toute sa force. Il avait quatre-vingt six ans. Que le temps a passé !
Je pense à lui, je pense également à Hélène Martin qui en a quatre-vingt dix. Les années vont et il semble qu'on ne gagne rien, ni en liberté, ni en partage d'humanité. Il y a ce poème de Guillevic qui me revient en mémoire :
La vie augmente
Quand on nous dit :
La vie augmente, ce n'est pas
Que le corps des femmes
Devient plus vaste, que les arbres
Se sont mis à monter
Par dessus les nuages,
Que l'on peut voyager
Dans la moindre des fleurs,
Que les amants
Peuvent des jours entiers rester à s'épouser.
Mais c'est tout simplement,
Qu'il devient difficile
De vivre simplement.
(Gagner, Gallimard, 1949)
Ce qui a augmenté, c’est le nombre des saisons, la capacité à asservir le moindre espace de terre, de mer, et court dans les esprits, déjà, la conquête de Mars. Mon cher Leonard chantait :
Oh, they’ll never, never, ever reach the moon, at least not the one that we’re after…
La seule conquête qui vaille est celle que l’on mène chaque jour vers son effacement du monde, ne laissant que les images de ceux que l’on a aimés, filles et garçons, leur regard tendre ou malicieux définitivement posé dans la mémoire des âges.
J'espère bien que jamais aucun engin spatial piloté par un Hal 9000 (2001, L'Odyssée de l'espace, c'était il y a cinquante ans !) ne laissera poser un pied sur Mars tant que la Terre n'aura pas été rendue à son état initial, sans plastique, ni glyphosate, sans nicotinoïde, sans OGM, sans avion de guerre, ni mines anti-personnel, ni militaires, ni fachos de tout poil, ni flics de toute nature...
L'un de ces chanteurs dits "engagés" pour lesquels on nourrit une éternelle tendresse (je pense aussi à François Béranger). Ce matin, sur France Inter, hommage lui fut rendu avec sa Marseillaise anticléricale d'anthologie.
RépondreSupprimerJe vais écouter cette version du "Condamné à mort" qui m'était inconnue.
Vous allez entendre, Silvano, un très beau solo de guitare basse. J'espère que vous l'aimerez : il donne envie d'enchaîner quelques notes au piano pour inviter à l'évasion d'une insupportable cellule... "Les assassins du mur s'enveloppent d'aurore [...]"
RépondreSupprimerde Hal à l'halali et à l'Halal , un petit pas pour l'homme….comme a dit un jour de 69 un américain posant le pied sur la lune, après les héros de Méliès et ceux d'Hergé!
RépondreSupprimerC'était une année érotique, 1969 ! De plus atteindre la lune, quel fantasme !
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