L'auberge des orphelins

mercredi 30 septembre 2015

Verres progressifs

Garçon à lunettes, ça a déjà été fait comme titre...


Un philosophe selon mon coeur



Miguel Benasayag - Eloge du conflit

Voilà un bon philosophe, un penseur nécessaire, malheureusement trop peu présent sur les ondes du service public. Il y officia voici quelques années, sur France Culture, à une époque où la patronne de cette radio, Laure Adler, était plus préoccupée de plaire aux beaux esprits de l'ultra libéralisme. Miguel Benasayag avait présenté un billet, un matin, qui n'avait pas eu l'heur de plaire à cette dame. Il fut remercié aussitôt, avec un mouvement de regret de Geneviève Fraisse, mais sans un mot de de Nicolas Demorand, alors jeune loup montant des ondes, encore fraîchement sorti de Normale Sup', l'une des boîtes à petits chiens des différents pouvoirs. L'excellent Pierre Marcelle, chroniqueur à Libération, n'avait pas manqué d'écrire que Nicolas Demorand était le « petit caniche » de Laure Adler. Il est des silences coupables. Depuis on entend assez peu Miguel Benasayag, que j'ai croisé un jour dans une fac, brillant, lumineux, engagé, amical, chaleureux.

Je n'en dirai pas autant de ces autres philosophes pénibles qui squattent les ondes de France Culture depuis des temps immémoriaux : Alain Finkielkraut, le plus ancien, qui nous aura tout fait en matière de « c'était mieux avant » en faisant l'éloge de tous les déclinistes islamophobes qui de Zemmour à Houellebecq en passant par Renaud Camus et Robert Redecker n'en finissent pas de faire du copier-coller de leurs idées détestables. Depuis Alain Finkielkraut est devenu académicien français. Comme à la Samaritaine, on trouve tout à l'Académie française. Surtout du pitoyable.

Autre philosophe squatter des ondes, mais plus doué intellectuellement, le Grand précieux, Raphaël Enthoven ; tout aussi réac derrière une façade enjôleuse, cet érudit (mais si, je sais en convenir ! mais on peut lire les auteurs dans le sens qui vous convient, ce qui ruine à peu près la notion d'érudition), grand lecteur, a appris la philosophie avec son papa, Jean-Paul Enthoven qui a produit ainsi une sorte de bête à concours capable de vous réciter par cœur de larges extraits de La République de Platon. Invitez Raphaël Enthoven si vous prévoyez une soirée mondaine : succès garanti auprès des vieilles dames qui se toquent de philosophie et de beaux-arts.

 Last but not least, hélas, Michel Onfray, roi de l'entourloupe intellectuelle, empereur de la confusion conceptuelle. J'ai vérifié : cela fait maintenant treize ans qu'il nous inflige ses barbantes conférences recyclées, pompeusement intitulées « Contre-histoire de la philosophie », où en fait de contre-histoire[1], il se contente de résumer à grands traits les philosophes et leurs visions du monde depuis l'Antiquité grecque en y ajoutant quelques commentaires insipides de son cru. Il nous aura expliqué qu'il était hédoniste épicurien, que sa pensée était critique alors qu'il prouve à chaque intervention qu'il n'a pas deux sous de sens logique. Dans son Traité d'athéologie, qui paraissait à priori sympathique, il explique que les religions révélées pêchent précisément par le principe de la révélation, contraire à l'esprit critique (merci, mais ça s'appelle enfoncer les portes ouvertes), et que de toute façon, il n'y a pas de dieu. C'est là que le bât blesse. Ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit : à aucun moment, je ne saurais défendre l'idée d'un être suprême, de quelque couleur qu'il soit, de quelque sexe qu'il soit. Sauf que, par définition, l'idée d'un être suprême est indéterminable philosophiquement, c'est à dire à l'aide d'une logique formelle établissant des causalités multiples et des conséquences reproductibles. Il est ainsi, logiquement impossible de déterminer ou non l'existence de dieu et aucune preuve ne peut y parvenir, ni dans un sens, ni dans l'autre.

Voici un exemple, reproduit de multiples fois dans l’histoire : la terre connaît des séismes ; on les explique par la tectonique des plaques, théorie mise en avant au début du XXe  siècle par Alfred Wegener. Comme beaucoup de théories scientifiques, il fallut beaucoup de temps pour admettre qu’elles sont fondées, et comme toujours, ce sont les théories créationnistes et fixistes qui font preuve d’inertie, même chez les scientifiques. Aujourd’hui, sauf chez les créationnistes militants, on sait que la terre bouge, que les plaques tectoniques se déplacent, occasionnant la collision des continents et donc, créant des tremblements de terre. Hormis ceux qui croient encore que la terre ne serait qu’un paradis irénique, tout n’est que chaos, concurrence pour la vie et destruction d’une partie du vivant pour qu’une autre partie y trouve son profit. Ainsi les séismes sont monnaie courante et phénomènes banals de la vie de la terre. 

Si, au contraire, on s’imagine qu’ils sont exceptionnels et ne sont que contravention à la vie ordinaire, il faut trouver une cause à ces phénomènes. On s’imagine alors un schéma de type familial : la règle du patriarche a été enfreinte, et le patriarche fait retentir l’une de ses colères ; le retour à la normale ne sera possible que s’y l’on reconnaît la transgression de la faute, si l’on accepte la punition du père qui permet alors, par l’équilibre des choses, de retrouver la quiétude antérieure.

Prenez le tremblement de terre de Lisbonne (1755), les inondations en France (1890) ou le tsunami de Thaïlande (2004). Dans les trois cas, qui ne sont isolés ici que pour la démonstration, les religions locales interprétèrent la colère des éléments comme une punition divine pour châtier les contrevenants aux préceptes moraux : à Lisbonne,  les juifs firent l’objet d’un autodafé, en France, les mécréants pourfendeurs du cléricalisme furent accusés d’avoir provoqué l’ire du dieu catholique et en Thaïlande, où bouddhisme et islam se disputent le terrain des croyances, on accusa les dépravés sexuels d’avoir des relations hors mariage.Alors, quelle est la causalité des ces séismes, la colère de dieu, ou un faisceau de probabilités permettant que le phénomène se produise ? Les plus tordus, oscillant entre la possibilité de la grâce divine et le libre arbitre humain qui éloigne la divinité de toute causalité humaine collective établiront que l’être suprême n’intervient pas dans ce qui touche aux affaires des hommes ; les plus primaires continueront à penser que le père fouettard ou ses sbires interviennent directement pour punir les impies.

Et la philosophie dans tout ça ? Eh bien un principe philosophique logique établit qu’il ne peut y avoir de causalité entre des principes moraux, par nature extrêmement variables, et des phénomènes physiques qui, si on ne peut les prédire avec exactitude, sont programmés dans l’organisation naturelle du monde physique.

Aussi, le pauvre Onfray aurait dû préciser que l’existence d’un dieu ou non ne relevait pas de la logique philosophique, et que si précisément l’histoire de la philosophie s’était séparée de l’histoire des religions, c’était que justement la philosophie ne pouvait rien en dire : c’est l’anthropologie qui permet de mieux saisir, en appréhendant les structures complexes des sociétés, comment elles arrivent à créer l’idée d’êtres immatériels et de divinités.
Je vais essayer de ne pas être trop long, et de résumer la plus grande partie de cette approche anthropologique.

On partira comme d’un postulat que la conscience de soi et la conscience de la mort sont deux états importants qui ont permis l’évolution des sociétés d’hominidés. Si je prends conscience que l’autre me ressemble, et que, me ressemblant, je peux mourir comme lui, alors sa mort m’est insupportable comme ma propre mort m’est insupportable, ayant pris conscience également que la vie s’établit dans un cycle de naissance, d’enfance, de vie adulte, de vieillesse et de mort. Les êtres humains jouent alors à un jeu de chaises musicales : ceux qui s’en vont doivent être remplacés. Mais certaines personnes, qui jouent un rôle d’autorité, sont particulièrement difficiles à remplacer, tant leur charisme et leur empreinte positive sur le groupe vont être ressentis comme un manque. Aussi leur mort, considérée comme incompréhensible, est palliée par l’idée que leur vie continue ailleurs, dans un autre monde inaccessible aux autres humains. On accompagne cette mort de tout le nécessaire matériel, symboles des marques et honneurs immatériels dont les morts ont besoin dans l’autre monde. 

Et c’est bien évidemment la figure d’un patriarche (parfois matriarche) qui prend alors une présence aussi prégnante dans le monde des vivants. Les patriarches se parent également de tous les pouvoirs sur la nature : ils deviennent, par la chasse qu’ils ont pratiquée, des dieux chasseurs ; ils maîtrisent la foudre, les éléments. Les chamanes guérisseurs conservent leurs vertus dans l’autre monde, et on leur apporte des offrandes pour concilier leur bonne volonté. Ainsi, progressivement se constituent des panthéons, jusqu’au jour où la concurrence des dieux aidant, on en arrive à créer un monothéisme qui ruine ainsi le polythéisme. C’est ainsi qu’Aton détrône Amon : le dieu soleil est seul tout puissant, sans lequel la vie sur terre n’est plus que nuit et plus rien ne peut y pousser. 

On trouve toutefois des inerties, des résistances au changement. Les prêtres d’Amon reviennent sur Aton, le chassant jusqu’à ce qu’un peuple soumis aux Égyptiens épousent la foi de ce dieu Aton pour en faire le sien propre en se libérant du joug de leurs dominateurs : il devient le dieu des Hébreux, précédant celui des chrétiens et des musulmans.[2]
C’est, à quelque chose près, sans doute ainsi que les monothéismes successifs, religions jalouses et implacables, se sont érigés en systèmes. Bien évidemment, cette présentation est un raccourci qui mériterait des développements beaucoup plus importants, mais l’essentiel est dit.

Ainsi, si Michel Onfray avait voulu réellement déconstruire les religions dont les monothéismes représentent la part la plus contraignante, il aurait dû faire appel à Freud qui a procédé, dans sa réflexion, comme dans une enquête policière. Non seulement il ne l’a pas fait, mais, de plus, quelques années plus tard, il lance un réquisitoire implacable contre Freud, l’accusant de tous les maux, dont des sympathies pour le régime nazi, ce qui est, pour le moins, une accusation infâme. Elizabeth Roudinesco a cru devoir répondre à Onfray, mais la faiblesse de l’argumentation du philosophe ne le méritait pas. Freud pouvait être ainsi l’allié très objectif d’Onfray dans une logique intellectuelle où Onfray s’inscrivait dans ce que Freud lui-même avait dénoncé, très longtemps avant lui, dans un opuscule qu’il avait intitulé L’avenir d’une illusion[3] : toute croyance est une illusion dont l’objectif est de fuir la réalité.

La méthode de Michel Onfray, qui consiste alors à dégommer ses prédécesseurs, se présente à la fois comme une succession de sophismes, par définition invalides, et comme une sorte d’autovalidation de sa propre pensée, s’appuyant sur quelques grands noms, dont Pierre Bourdieu, qui n’a jamais eu que faire du « travail » d’essayiste d’Onfray.

Étant tombé sur France Culture, sur une énième conférence de Michel Onfray, je reste stupéfait de constater que sa méthode ne change pas : que ce soit Michel Foucault, Gilles Deleuze ou Vladimir Jankélévitch, personne ne trouve grâce à ses yeux, et sa méthode consiste à invalider la pensée de quelque penseur que ce soit par les faiblesses morales (et qui n’en a pas ?) de ce même penseur. Je ne l’ai pas entendu parler de Karl Marx, mais suis à peu près sûr que le travail colossal de Marx sur l’analyse du capital économique a dû être invalidée, selon Onfray, par le constat de l’aide intellectuelle et financière que lui a apportée Friedrich Engels, que Marx a fait un enfant à sa bonne, etc.

Voilà ainsi le constat : des philosophes aigris, salonards, imposteurs squattent les ondes d’une radio de service public, confortant l’idée que la philosophie ne serait pas un outil pour déconstruire le monde et les systèmes de pensée qui l’accompagnent, mais une sorte de gymnastique de l’esprit où tous les narcissismes s’en donnent à cœur joie dès lors que leur place peut être justifiée par un système de show médiatique que dénonçait déjà, voici fort longtemps, Guy Debord dans La société du spectacle.
Pour en terminer avec Michel Onfray, consultez le site de SPINOZA, et vous rirez aux éclats des bourdes de ce philosophe bien ancré en son temps : ici http://lmsi.net/Proposition-de-loi-pour-l

Revenons à Miguel Benasayag : sa pensée, comme celle de Pierre Bourdieu, et de bien d’autres bons philosophes, s’articule dans le constat que le discours, le langage, plus largement la pensée, ne sont pas des éléments neutres, mais servent un système de domination. Le déconstruire est déjà une façon de se libérer de cette doxa, de cette pensée dominante.

Bon visionnage !

 [J’ai écrit ce texte début août ; depuis l’inénarrable Onfray fait encore parler de lui dans le show médiatique par le fait qu’il se rapprocherait encore, par ses prises de positions confuses, populistes, du Front national, qui fait feu de tout bois en matière d’ « intellectuels » en mesure de conforter ses thèses. Le journal Libération le 15 septembre mettait en effet en cause notamment ses déclarations concernant le doute qu’il avait d’un fake en matière de photo du petit Aylan. Le journal Le Monde du 20-21 septembre donne la parole à Michel Onfray où il se justifie. On y lira avec davantage d’intérêt l’article de François Cusset rappelant que la tradition de générosité de la philosophie est dans la capacité de voir dans les réfugiés ses semblables, démontant avec Emmanuel Lévinas, Daniel Bensaïd, Gilles Deleuze, et même Emmanuel Kant le curieux concept d’ « étranger » dans lequel se réfugient les pauvres en esprit. ]


[1] François Châtelet s’y était essayé voici fort longtemps, dans un essai intitulé La philosophie des professeurs (1970) où il fustigeait l’enseignement de la philosophie, moquant ce qu’il appelait la PSU (philosophie scolaire et universitaire).
[2] Dans l’ordre : Sigmund Freud, Totem et tabou, L’Homme de Michel Onfray Moïse et la religion monothéiste. Dans Totem et tabou, Freud fait intervenir le parricide comme événement fondateur de la mythologie, et du partage des femmes permis dès lors par ce meurtre fondateur. Le même « parricide » est commis sur la personne du premier Moïse, lui donnant, par le truchement de la culpabilité, la figure tutélaire incontournable de cette nouvelle religion monothéiste des Hébreux.
[3] J’ai évoqué François Furet dans mon billet concernant le dernier livre de Fred Vargas ; François Furet, plus respectueux de la pensée intellectuelle que Michel Onfray, a rendu hommage à Freud en empruntant une partie de son titre à Freud, intitulant son regard sur l’aventure communiste Le passé d’une illusion.




La ballade de Narayama

« Le Japon du XIXe siècle. Dans les hautes montagnes du Shinshu vit une famille fidèle aux traditions. Orin, la mère, a soixante-neuf ans. Selon la coutume, elle doit, accompagnée de son fils aîné Tatsuhei, faire un ultime pèlerinage à la montagne de Narayama pour y mourir. Malgré les protestations de son fils Tatsuhei, qui aimerait garder sa mère auprès de lui, Orin ne cède pas. Pendant l'année qu'il lui reste à vivre, elle organise son départ. Elle trouve une nouvelle épouse à son fils, une veuve du village voisin, et marie également son petit-fils. La famille de la femme de ce dernier est convaincue de vol. Elle sera donc punie par la communauté avant le départ d'Orin... »
Plus d'informations sur le site de Télérama : clic



Saint Sébastien (suite 10)

Très influencé par Andrea Mantegna, Liberale da Verona réussit ici une belle synthèse dont Sébastien est le prétexte : le corps du saint est traité en contreplongée, et on peut y voir la même influence de Mantegna que chez Melozzo da Forli (voir mon billet Cercare gli angeli ici : clic). Les conventions sont respectées, et le corps est magnifié dans son apparence propre à la statuaire gréco-romaine, d'une beauté conventionnelle, évidemment, corps musculeux et lisse. L'autre aspect de cette synthèse réside dans le paysage (Vérone ? Venise ?) composé de badauds indifférents au supplice de Sébastien. La perspective y est traitée de façon moderne et c'est le corps qui s'oppose, au premier plan, à la ligne de fuite.

Liberale da Verona, San Sebastiano, fin XVe s.
Les détails montrent en effet quelques scènes de la vie quotidienne, admirablement traitées avec un grand souci du détail. On pourra s'amuser de ces femmes à la fenêtre qui sont peut-être sœurs ; mais cela donne un aspect humoristique à une scène qui, encore une fois, pour hagiographique qu'elle soit, n'est qu'un prétexte à mêler image érotique et sécularisation des thèmes religieux.



















Photos Celeos





Le clathre rouge. Une fidélité de Dionysos

Décidément, Zeus est en colère. Lorsque les pluies cévenoles se déchaînent, que le tonnerre résonne entre les crêtes des montagnes, on croit venue la fin du monde. Les ruisseaux qui ne laissent courir qu’un maigre filet à la fin du mois d’août deviennent des torrents enragés qui balaient tout sous leur passage. Terminées pour un temps les riantes vallées où le soleil se
complaît à jouer avec les frondaisons des arbres. Sous le grondement du tonnerre, les oiseaux se taisent, et on n’entend que le bruit des pierres qui s’entrechoquent, poussées par l’eau du chemin qui s’est transformé en une masse boueuse et caillouteuse. L’air s’est chargé de milliers de fines gouttelettes qui ont rebondi depuis la terre et les mousses en répandant des fragrances que l’on ne reconnaît que dans ces moments-là. Les signes sont dans le ciel, zébrant le jour autant que la nuit d’illuminations qui réjouissent l’œil.

Non, ce n’est pas raisonnable de se réjouir ainsi de ce déchaînement, de ce désordre qui va mettre sens dessus dessous ce qu’on avait jusque là patiemment arrangé. Les béalières, ces conduites d’eau reconstruites indéfiniment, vont repartir dans le flot du courant, et il faudra une fois de plus retrouver les pierres, les mottes de terre, pour redonner à nouveau son chemin à l’eau, retrouver l’ordre éphémère qui permet aux hommes de négocier une petite place dans ce grand chaos qu’est la nature, auquel lui-même prend une grande part.

Le clathre rouge
Le lendemain, je passe près du mûrier, où j’avais laissé encore un tas de vieilles branches desséchées  dans l’attente de les débiter en de plus courts tronçons. Entre les branches, sur le sol, je vois une espèce de chiffon de couleur rouge que je ne reconnais pas immédiatement. De plus près, je m’étonne et m’extasie: c’est un clathre rouge, que je n’avais pas encore vu en nos contrées.

Aucun doute, je n’y voyais que la signature de son passage : dans de vieilles légendes, on prétend que le clathre naît de la semence de Dionysos qui a ici pris son plaisir. Dois-je m’en étonner alors ? Il est venu, sollicité par mes sens aussi bien que par ceux de cette nature sans retenue et l’a prise comme on prend parfois un amant, avec voracité, dans la chaleur et le bruit d’un orage qui accompagne le désir de jouissance, avec les cris et la férocité de l’étreinte où la tension des muscles accroît la montée du plaisir jusqu’à la venue de cette force qui déchire les reins et se transmet au peos. Dans ce moment final, les grondements du tonnerre peuvent rouler d’une crête à l’autre, faire dévaler les rochers, fendre la terre, s’abattre les arbres, faire surgir toutes les eaux et submerger l’ensemble des vallées : rien ne peut distraire la jouissance qui reste la sève de toute vie, et de la raison de continuer à occuper, le reste du temps, des tâches bien secondaires que l’on effectue au grand jour, n’attendant que le repos de la lumière pour retrouver le sens d’exister.
Ces derniers temps, il m’était arrivé de le retrouver à plusieurs reprises. J’avais basculé dans l’Hadès, et m’étais retrouvé environné de brumes, de vapeurs saumâtres issues de l’Achéron. Le sol se dérobait sous mes pieds et, à cent reprises, je manquais défaillir aux assauts d’un vent glacial, aux brûlures de torchères qui se retournaient sur mon visage, manquant me défigurer. Pas de cris, mais des soupirs, des souffles où l’on entend la difficulté à respirer qui me prenait à mon tour. Quand je pensai soudain me dissoudre dans l’impossible milieu où je me trouvais, je sentis une main se poser sur mon épaule, me saisir puissamment sous les bras et me tirer de la gangue où j’avais commencé à glisser. Reposé sur un sol ferme, je sentis un baiser au goût de vin mêlé de myrrhe qui caressait mes lèvres. L’enfant Dionysos était à mes côtés, soudain vêtu de seule lumière ; son corps se fit kouros où je retrouvais les marques de mon désir. Alors le garçon s’occupa avec fougue de mon plaisir aussi vivement que je m’étais retrouvé chez Hadès, passant sur chaque recoin de ma peau, m’ôtant toute trace des éclaboussures et de la moiteur de l’Achéron. Je sentais revenir en moi cette force qui m’avait quitté, luttant contre les gifles de langues de glace qui me frappaient le visage, contre les excès de chaleur qui me brûlaient les pieds, le poids des habits de plomb dont je me retrouvais lesté.

J’étais nu, le corps serré contre celui du kouros, et doucement le plaisir venait en moi aussi sûrement qu’il me disait le sien à nos caresses réciproques. Nous fûmes alors portés par le plaisir intense où une grande lumière se fit. Nous étions rendus dans une clairière aux douces lueurs, abritée de trop de vent, où murmurait une source. L’un contre l’autre la douceur de nos corps était un tendre sommeil dans lequel j’entendais, tout au loin, le chant de l’aulos. Lorsque je fus revenu à moi, le kouros me regardait, moqueur. Je ne savais si j’étais en mesure de rire avec lui ou de me laisser aller à cette mélancolie dont se nourrit mon esprit. Mais le rire de Dionysos est toujours le plus fort : il me ramena vers des ports plus lumineux où j’oubliai l’Hadès. Des navires, plus beaux et appareillés les uns que les autres arrivaient, repartaient vers des horizons qui m’appelaient, et parfois m’y transportaient. Les matelots, parés de leurs voiles, chantaient mieux que sirènes. Je m’abandonnais auprès d’eux qui connaissent la consolation.

Maintes fois, ayant basculé dans l’Hadès où d’autres figures hideuses m’apparaissaient, je crus disparaître, enlevé par les griffes de chimères grimaçantes. Chaque fois je retrouvai le garçon, son chant puissant et harmonieux ayant fait s’effacer les femmes-oiseaux promptes à déchirer des chairs vivantes sous les coups de becs, de griffes qu’elles donnaient. Chaque fois Dionysos revenait, insufflait la semence de son esprit aussi bien que celle de son corps. Je finis par connaître chaque parcelle de son être qui m’apparaissait chaque fois sous une forme différente. Chaque fois nous nous retrouvions à la lumière près de la source, et l’apaisement, la tendresse du garçon étaient un hymne à la vie et à la renaissance.
 
Gustave Moreau, L'hydre de Lerne, dernier quart du XIXe s.
Nous parlions entre deux baisers. Nous nous racontions nos aventures respectives, nos batailles, les fuites devant le danger, il me disait ses métamorphoses ; je lui disais les jeux de personnages auxquels j’empruntais leur figure, les expressions de leurs corps, leurs paroles. Dans le grand jeu d’Epidaure, il racontait la chorale qu’il préférait, celle des boucs, où dans le concert disharmonieux, dans l’odeur pestilentielle de leur semence, il était capable de faire apparaître les plus beaux garçons, les plus belles filles, et dans les parfums les plus enivrants se jouaient les jeux de la mort et de la vie.

Chaque fois que je me retrouvais ainsi dans l’Hadès, je le savais venir me rechercher, et aujourd’hui encore ne crains plus de basculer si une harpie, une méduse ou toute autre créature me fait un croche-pied et me précipite dans le gouffre des enfers. Dionysos est d’une fidélité sans pareille. Il me raconta un jour comment, plus jeune, il était à la recherche de Déméter, sa mère, qui était totalement résolue de vivre auprès d’Hadès. Si les chemins de l’Hadès sont multiples et souvent terribles, le chemin le plus court passe par Lerne. On sait que là sont les marais, et le trajet vers l’Hadès change continûment. Après son périple au Zagrée, et sans connaître le chemin pour retourner vers sa mère, Dionysos s’était retrouvé errant dans les brumes. Il allait renoncer à son projet quand apparut devant lui un homme qui depuis longtemps vivait dans cette plaine d’Argolide.

Prosymnos était son nom, et, le temps des rites, il allait au devant des dieux et des déesses, chantant leurs louanges, annonçant les fêtes et les événements des saisons que les dieux et déesses avaient décidé dans leurs caprices.

Lorsque Prosymnos vit Dionysos, un reflet de soleil paraissait sur son torse. Son visage était celui encore d’un enfant, et devant une telle beauté, le désir s’empara de Prosymnos. Dionysos demanda à Prosymnos de lui indiquer le chemin vers l’Hadès. L’occasion était inespérée pour Prosymnos, qui accepta d’indiquer à Dionysos ce parcours. Il lui dit son goût pour la beauté, et le désir qu’il avait de lui et du plaisir qu’il aurait à jouir avec lui. Dionysos se mit à rire, un beau rire de plaisir du désir qu’on avait de lui. Il accepta que Prosymnos jouisse de lui, mais il voulut d’abord aller saluer Déméter
 Et Prosymnos lui dit qu’il l’attendrait, quel que soit le temps que Dionysos devait passer dans l’Hadès.

Dionysos s’entretint avec sa mère, qui lui raconta qu’elle l’avait élevé en son sein, alors qu’il était d’abord le fils de Sémélé. Qu’il avait dû affronter les Titans, ce dont il ne se souvenait pas, et qu’en fin de compte, poursuivi et rattrapé par eux avec l’aide d’Héra, il avait fini par être dévoré par eux, laissé pour mort. Dans sa colère, Zeus intervint, récupéra les restes de Dionysos, dont il ne restait que le cœur, battant encore. Zeus ouvrit alors sa cuisse, y introduisit le cœur de Dionysos, et le fit grandir avant de le confier à Déméter. Ainsi revint celui qui était deux fois né.


Atelier de Leonardo da Vinci, Dionysos, 1510-1515
Déméter lui raconta bien d’autres histoires et de celles qu’aucun être humain, aucun héros n’a le droit de connaître, sous peine d’être foudroyé, ou pétrifié. Et quand Dionysos eut le cœur et l’esprit plein de ces histoires, il laissa Déméter et repartit sur terre. Arrivé à la lumière, il connaissait la promesse qu’il avait faite à Prosymnos. Il se dirigea vers sa demeure, l’appela. Personne ne répondit. Au dehors, près de la maison, une stèle était dressée, avec ces mots gravés sur la pierre : « Ici gît l’ombre de Prosymnos, qui chanta les louanges des dieux. Passant, chante avec lui l’hymne au soleil et à la lune, qu’il n’est plus en mesure de voir aujourd’hui ».


Lisant ces mots, Dionysos pleura des larmes sincères, et chanta les louanges de celui qui chantait les louanges des dieux. Puis il décida de tenir la promesse faite à Prosymnos : près de la maison, un figuier à l’ombre bleue étendait ses branches, et ses fruits étaient goûteux comme le miel, lourds comme les bourses des garçons. Dionysos coupa à bonne longueur une branche de ce figuier ; la dimension était imposante, comme celle qu’il se rappelait du peos de Prosymnos. Et de cette branche de figuier, Dionysos fit le peos disparu de Prosymnos. Il fixa le peos sur la stèle, et dans la forme d’un peos de belle dimension, tendu à souhait, Dionysos se fit pénétrer afin qu’au-delà de la mort, Prosymnos puisse jouir de lui, et Dionysos jouit également du peos retrouvé de Prosymnos.


C’est, ainsi, l’histoire que m’a raconté lui-même Dionysos, un jour où nous avions joui également, lui avec moi, et moi avec lui. C’est ainsi que je sais sa fidélité, avec moi comme il fut fidèle à Prosymnos.


Et tenant en main le clathre rouge, je le portai à mes narines et y reconnus le parfum de la semence de Dionysos. C’est ainsi que je sais qu’il est passé. Il reviendra, et s’il le veut il m’apparaîtra, et je serai devant lui. Nous aurons beaucoup à rire.

©Celeos

Venezia ancora




Johann Passini (1823-1903), Anna Passini on the balcony of Palazzo Priuli, Venice

‘);

Venise moderne

Oui, enfin Venise se met à l'heure contemporaine et oublie ces vieilles maisons décrépies et croulantes, définitivement trop vieilles pour notre monde en plein essor.
Félicitons-nous que les grands navires de croisière arrivent à proximité des maisons, faisant la joie des touristes qui accèdent plus facilement à la place San Marco. 

Grâce à son maire actuel, Luigi Brugnaro, homme d'un esprit d'une grande ouverture, il serait question d'élargir le Grand canal pour permettre aux grands paquebots de venir encore plus près. 

Vive la modernité et les tramezzini !

 
Les photos sont de Gianni Berengo Gardin dont l'exposition a été déprogrammée par le maire de Venise, Luigi Brugnaro, exposition prévue initialement au Palais des Doges.

mercredi 23 septembre 2015

Un vingt-trois septembre

Rien, pas de garçon à l'horizon. 

Gone with the wind, the rain and my tears.

mardi 22 septembre 2015

Un vingt-deux septembre

Un vingt-deux de septembre au diable vous partites,
Et, depuis, chaque année, à la date susdite,
Je mouillais mon mouchoir en souvenir de vous...

Greeeece ! A so wonderful country, but unfortunately full of Greek people...
Or, nous y revoilà, mais je reste de pierre,
Plus une seule larme à me mettre aux paupières:
Le vingt-deux de septembre, aujourd'hui, je m'en fous.

On ne reverra plus au temps des feuilles mortes,
Cette âme en peine qui me ressemble et qui porte
Le deuil de chaque feuille en souvenir de vous...
Que le brave Prévert et ses escargots veuillent
Bien se passer de moi pour enterrer les feuilles:
Le vingt-deux de septembre, aujourd'hui, je m'en fous.

Jadis, ouvrant mes bras comme une paire d'ailes,
Je montais jusqu'au ciel pour suivre l'hirondelle
Et me rompais les os en souvenir de vous...
Le complexe d'Icare à présent m'abandonne,
L'hirondelle en partant ne fera plus l'automne:
Le vingt-deux de septembre, aujourd'hui, je m'en fous.

Pieusement noué d'un bout de vos dentelles,
J'avais, sur ma fenêtre, un bouquet d'immortelles
Que j'arrosais de pleurs en souvenir de vous...
Je m'en vais les offrir au premier mort qui passe,
Les regrets éternels à présent me dépassent:
Le vingt-deux de septembre, aujourd'hui, je m'en fous.

Désormais, le petit bout de coeur qui me reste
Ne traversera plus l'équinoxe funeste
En battant la breloque en souvenir de vous...
Il a craché sa flamme et ses cendres s'éteignent,
A peine y pourrait-on rôtir quatre châtaignes:
Le vingt-deux de septembre, aujourd'hui, je m'en fous.

Et c'est triste de n'être plus triste sans vous


(Tellement sûr qu'on aurait reconnu les vers du grand Georges que j'ai oublié d'apposer sa signature. Celeos n'a pas le talent de Brassens.)

lundi 21 septembre 2015

Bacchino malato


Caravage - Le jeune Bacchus malade - 1593-1594

Bach/Kremer - Chaconne

Jean-Sébastien Bach et Gidon Kremer associés dans une Chaconne.

Καλή Κυριακή ! Bon dimanche !



Angeli musicanti


Bartolomeo Montagna (Cincani) - Madonna col Bambino in trono, i santi Andrea, Monica, Orsola, Sigismondo i angeli musicanti - 1499 (détail)

jeudi 17 septembre 2015

Fleur d'automne

Qui n'a bien sûr rien à voir avec celle que chantait Georges B. Mais si, cherchez !

Fabio Pante - Le mie nazioni

Passage à Turin, il y a quelques semaines. Via Po, marchant en direction du Museo del Cinema, un poème de Fabio Pante est affiché. Je ne vous ferai pas l'affront de vous le traduire : je sais mes lectrices/lecteurs avisés et capables de chercher sur la toile une traduction décente.


Hélas, lorsque j'y suis moi-même passé, des mains imbéciles avaient largement complété la mutilation de l'affiche. L'Italie est-elle mieux lotie que la France en matière d'attitudes rétrogrades ? Je ne sais pas. Mon impression est que l'art de vivre italien permet de cacher un peu les comportements d'intolérance. Et l’État italien, toujours tenté par la répression de groupes spontanéistes, n'hésite pas à réprimer sans relâche les personnes qui osent s'élever contre les décisions injustes, contre les projets fous (notamment le fameux projet de ligne grande vitesse dans la vallée de Susa) ainsi que le soutien aux réfugiés.


Le poème de Fabio Pante n'était plus que réduit à une désolante affiche privée du sens premier de son affichage. Elle devenait toutefois le symbole de cette parole qui, depuis toujours, peine à conquérir l'espace public pour exprimer que la vision de l'ordre, ordre qui se prétend toujours nouveau, n'est que la caricature d'une société fondamentalement séparée entre dominés et dominants.

Belle ironie de l'actualité : dans ces jours-là, un parrain maffieux, Vittorio Casamonica, eut de somptueuses funérailles, avec un lâcher de pétales de roses au-dessus du cortège et du cercueil, contrevenant aux rites catholiques encore très présents à Rome, évidemment. Les télévisions italiennes passèrent en boucle l'information et les images, affirmant qu'elles étaient choquées de cette monstration ostentatoire et de défiance envers les autorités italiennes. Mais il est difficile de mettre un mort en examen. Les autres maffieux sont aux affaires, notamment dans le financement de la ligne du train à grande vitesse.


Il grande Napò

Antonio Canova - Napoléon en Mars pacificateur - 1811 (d'après le marbre de 1802-1806) ©Celeos

San Bartolomeo scorticato


Marco d'Agrate, Saint Barthélémy écorché - 1562 - Duomo di Milano

dimanche 13 septembre 2015

Victor Hugo - L'Enfant.

A propos d'un enfant, retrouvé mort sur une plage.

samedi 12 septembre 2015

Le sommeil d'Endymion*

* Ce titre est complètement bateau, je vous l'accorde.


Thodoris Marandinis - Délirant tatouage/Μεθυσμένο Τατουάζ

Je reprends ici la vidéo présentée il y a quelques jours : Μεθυσμένο Τατουάζ (methisméno tatouaz).

J'ai, à mon grand regret, négligé de la présenter. Il s'agit d'une performance du chanteur Thodoris Marandinis, dirigé par le réalisateur de ce clip, Konstantinos Rigos. Thodoris Marandinis illustre sa chanson, Μεθυσμένο Τατουάζ, dans une chorégraphie où ses propres tatouages sont l'expression de son rapport à l'autre de l'amour (femme ? homme ? Ceci lui appartient).

J'ai donc traduit, très maladroitement, cette chanson ci-dessous. Comme bien des chansons d'amour, elle dit les difficultés d'être avec la personne qu'on aime, les maladresses, les imperfections, les incertitudes, mais également les liens créés qui semblent indéfectibles.
Onirama est son groupe de musique, qu'on pourrait traduire en français par «La fabrique des rêves ».





Σ΄αγαπώ σε μισώ, δεν αντέχω άλλο να΄μαι κοντά σου
Σ΄αγαπώ σε μισώ, δεν υπάρχει οξυγόνο μακρυά σου
Σ΄αγαπώ σε μισώ, σαν τον ήλιο κυνηγάω τι σκιά σου
Σ΄αγαπώ σε μισώ, μεθυσμένο τατουάζ στην καρδιά σου
Πως φτάσαμε΄δω
Καρδιά μου απορώ
Σ΄αγαπώ σε μισώ, και σε νοιάζομαι μέχρι θανάτου
Σ΄αγαπώ σε μισώ, κι ο κακός μου εαυτός τα δικά του
Σ΄αγαπώ σε μισώ, κι όλο πίνω στην υγειά τη δικιά σου
Σ΄αγαπώ σε μισώ, μεθυσμένο τατουάζ στην καρδιά σου
Πως φτάσαμε΄δω
Καρδιά μου απορώ

Εδώ να μείνεις όσο κι αν σε τρομάζει
Εδώ κι ας μας βγει σε κακό
Εδώ να δούμε αυτός ο δρόμος που βγάζει
Εδώ έστω λίγο εδώ

Σ΄αγαπώ σε μισώ, κι όταν πέφτω
Τα φτερά μου δικά σου
Προσπαθώ να κρυφτώ μα σα παιδάκι
Τρέχω στην αγκαλιά σου

Σ΄αγαπώ σε μισώ, δεν αντέχω άλλο να΄μαι μακρυά σου
Σ΄αγαπώ σε μισώ, μεθυσμένο τατουάζ στην καρδιά σου

Πως φτάσαμε΄δω
Καρδιά μου απορώ

Εδώ να μείνεις όσο κι αν σε τρομάζει
Εδώ κι ας μας βγει σε κακό
Εδώ να δούμε αυτός ο δρόμος που βγάζει
Εδώ έστω λίγο εδώ

(Paroles et musique de Thodoris Marandinis).

 
Je t’aime, je te hais, je ne supporte personne quand je suis à tes côtés
Je t’aime, je te hais, il n’y a pas d’oxygène loin de toi
Je t’aime, je te déteste, comme le soleil je poursuis ton ombre
Je t’aime, je te hais, tatouage délirant dans ton cœur
Comment en sommes-nous arrivés là ?
Mon cœur s’en étonne.
Je t’aime, je te hais, et je te suis lié jusqu’à la mort
Je t’aime, je te hais, et mon mauvais côté est celui de tous
Je t’aime, je te hais, et je bois toujours à ta santé
Je t’aime, je te hais, tatouage délirant dans ton cœur
Comment en sommes-nous arrivés là ?
Mon cœur s’en étonne

Ici, que tu puisses rester si tu as peur
Ici, et s’il te vient du mal
Ici, on peut voir cette route qui s’en va
Ici, même si c’est un petit ici

Je t’aime, je te hais, et quand je tombe
Mes ailes sont tes propres ailes
Je tente de me cacher comme le fait une enfant et je cours dans tes bras

Je t’aime, je te hais, je ne supporte personne quand je suis à tes côtés
Je t’aime, je te hais, tatouage délirant dans ton cœur

Comment en sommes-nous arrivés là ?
Mon cœur s’en étonne.

Ici, que tu puisses rester si tu as peur
Ici, et s’il te vient du mal
Ici, on peut voir cette route qui s’en va
Ici, même si c’est un petit ici.

 

Tu marcheras sur l'eau

Eytan Fox - Tu marcheras sur l'eau (2004)

 Rien ne vaut le mode autoreverse...

Fast forward

Une réflexion sur les chemises à carreaux. C'est mauvais pour la santé.



Youth

On doit à Paolo Sorrentino le magnifique La grande belleza, sorti en 2013. Ce dernier film, Youth, fut présenté au Festival de Cannes  cette année. Jeunesse à voir, donc...