L'auberge des orphelins
▼
mercredi 30 septembre 2015
Un philosophe selon mon coeur
Miguel Benasayag - Eloge du conflit
Voilà un bon philosophe, un penseur nécessaire,
malheureusement trop peu présent sur les ondes du service public. Il y officia
voici quelques années, sur France Culture, à une époque où la patronne de cette
radio, Laure Adler, était plus préoccupée de plaire aux beaux esprits de
l'ultra libéralisme. Miguel Benasayag avait présenté un billet, un matin, qui
n'avait pas eu l'heur de plaire à cette dame. Il fut remercié aussitôt, avec un
mouvement de regret de Geneviève Fraisse, mais sans un mot de de Nicolas
Demorand, alors jeune loup montant des ondes, encore fraîchement sorti de
Normale Sup', l'une des boîtes à petits chiens des différents pouvoirs.
L'excellent Pierre Marcelle, chroniqueur à Libération, n'avait pas manqué
d'écrire que Nicolas Demorand était le « petit caniche » de Laure Adler. Il est
des silences coupables. Depuis on entend assez peu Miguel Benasayag, que j'ai
croisé un jour dans une fac, brillant, lumineux, engagé, amical, chaleureux.
Je n'en dirai pas autant de ces autres philosophes pénibles
qui squattent les ondes de France Culture depuis des temps immémoriaux : Alain
Finkielkraut, le plus ancien, qui nous aura tout fait en matière de « c'était
mieux avant » en faisant l'éloge de tous les déclinistes islamophobes qui de Zemmour
à Houellebecq en passant par Renaud Camus et Robert Redecker n'en finissent pas
de faire du copier-coller de leurs idées détestables. Depuis Alain Finkielkraut
est devenu académicien français. Comme à la Samaritaine, on trouve tout à
l'Académie française. Surtout du pitoyable.
Autre philosophe squatter des ondes, mais plus doué
intellectuellement, le Grand précieux, Raphaël Enthoven ; tout aussi réac
derrière une façade enjôleuse, cet érudit (mais si, je sais en convenir ! mais
on peut lire les auteurs dans le sens qui vous convient, ce qui ruine à peu
près la notion d'érudition), grand lecteur, a appris la philosophie avec son
papa, Jean-Paul Enthoven qui a produit ainsi une sorte de bête à concours
capable de vous réciter par cœur de larges extraits de La République de Platon.
Invitez Raphaël Enthoven si vous prévoyez une soirée mondaine : succès garanti
auprès des vieilles dames qui se toquent de philosophie et de beaux-arts.
Last but not least, hélas, Michel Onfray, roi de
l'entourloupe intellectuelle, empereur de la confusion conceptuelle. J'ai
vérifié : cela fait maintenant treize ans qu'il nous inflige ses barbantes
conférences recyclées, pompeusement intitulées « Contre-histoire de la
philosophie », où en fait de contre-histoire[1],
il se contente de résumer à grands traits les philosophes et leurs visions du
monde depuis l'Antiquité grecque en y ajoutant quelques commentaires insipides
de son cru. Il nous aura expliqué qu'il était hédoniste épicurien, que sa
pensée était critique alors qu'il prouve à chaque intervention qu'il n'a pas
deux sous de sens logique. Dans son Traité d'athéologie, qui paraissait à
priori sympathique, il explique que les religions révélées pêchent précisément
par le principe de la révélation, contraire à l'esprit critique (merci, mais ça
s'appelle enfoncer les portes ouvertes), et que de toute façon, il n'y a pas de
dieu. C'est là que le bât blesse. Ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit
: à aucun moment, je ne saurais défendre l'idée d'un être suprême, de quelque
couleur qu'il soit, de quelque sexe qu'il soit. Sauf que, par définition,
l'idée d'un être suprême est indéterminable philosophiquement, c'est à dire à
l'aide d'une logique formelle établissant des causalités multiples et des
conséquences reproductibles. Il est ainsi, logiquement impossible de déterminer ou non l'existence de dieu et aucune preuve ne peut y parvenir, ni dans un sens, ni dans l'autre.
Voici un exemple, reproduit de multiples fois dans
l’histoire : la terre connaît des séismes ; on les explique par la tectonique
des plaques, théorie mise en avant au début du XXe siècle par Alfred Wegener. Comme beaucoup de
théories scientifiques, il fallut beaucoup de temps pour admettre qu’elles sont
fondées, et comme toujours, ce sont les théories créationnistes et fixistes qui
font preuve d’inertie, même chez les scientifiques. Aujourd’hui, sauf chez les
créationnistes militants, on sait que la terre bouge, que les plaques
tectoniques se déplacent, occasionnant la collision des continents et donc,
créant des tremblements de terre. Hormis ceux qui croient encore que la terre
ne serait qu’un paradis irénique, tout n’est que chaos, concurrence pour la vie
et destruction d’une partie du vivant pour qu’une autre partie y trouve son
profit. Ainsi les séismes sont monnaie courante et phénomènes banals de la vie
de la terre.
Si, au contraire, on s’imagine qu’ils sont exceptionnels et
ne sont que contravention à la vie ordinaire, il faut trouver une cause à ces
phénomènes. On s’imagine alors un schéma de type familial : la règle du
patriarche a été enfreinte, et le patriarche fait retentir l’une de ses colères ;
le retour à la normale ne sera possible que s’y l’on reconnaît la transgression
de la faute, si l’on accepte la punition du père qui permet alors, par
l’équilibre des choses, de retrouver la quiétude antérieure.
Prenez le tremblement de terre de Lisbonne (1755), les
inondations en France (1890) ou le tsunami de Thaïlande (2004). Dans les trois
cas, qui ne sont isolés ici que pour la démonstration, les religions locales
interprétèrent la colère des éléments comme une punition divine pour châtier
les contrevenants aux préceptes moraux : à Lisbonne, les juifs firent l’objet d’un autodafé, en
France, les mécréants pourfendeurs du cléricalisme furent accusés d’avoir
provoqué l’ire du dieu catholique et en Thaïlande, où bouddhisme et islam se
disputent le terrain des croyances, on accusa les dépravés sexuels d’avoir des
relations hors mariage.Alors, quelle est la causalité des ces séismes, la
colère de dieu, ou un faisceau de probabilités permettant que le phénomène se
produise ? Les plus tordus, oscillant entre la possibilité de la grâce
divine et le libre arbitre humain qui éloigne la divinité de toute causalité
humaine collective établiront que l’être suprême n’intervient pas dans ce qui
touche aux affaires des hommes ; les plus primaires continueront à penser
que le père fouettard ou ses sbires interviennent directement pour punir les
impies.
Et la philosophie dans tout ça ? Eh bien un principe
philosophique logique établit qu’il ne peut y avoir de causalité entre des
principes moraux, par nature extrêmement variables, et des phénomènes physiques
qui, si on ne peut les prédire avec exactitude, sont programmés dans
l’organisation naturelle du monde physique.
Aussi, le pauvre Onfray aurait dû préciser que l’existence
d’un dieu ou non ne relevait pas de la logique philosophique, et que si
précisément l’histoire de la philosophie s’était séparée de l’histoire des
religions, c’était que justement la philosophie ne pouvait rien en dire :
c’est l’anthropologie qui permet de mieux saisir, en appréhendant les
structures complexes des sociétés, comment elles arrivent à créer l’idée
d’êtres immatériels et de divinités.
Je vais essayer de ne pas être trop long, et de résumer la
plus grande partie de cette approche anthropologique.
On partira comme d’un postulat que la conscience de soi et
la conscience de la mort sont deux états importants qui ont permis l’évolution
des sociétés d’hominidés. Si je prends conscience que l’autre me ressemble, et
que, me ressemblant, je peux mourir comme lui, alors sa mort m’est
insupportable comme ma propre mort m’est insupportable, ayant pris conscience
également que la vie s’établit dans un cycle de naissance, d’enfance, de vie
adulte, de vieillesse et de mort. Les êtres humains jouent alors à un jeu de
chaises musicales : ceux qui s’en vont doivent être remplacés. Mais
certaines personnes, qui jouent un rôle d’autorité, sont particulièrement
difficiles à remplacer, tant leur charisme et leur empreinte positive sur le
groupe vont être ressentis comme un manque. Aussi leur mort, considérée comme
incompréhensible, est palliée par l’idée que leur vie continue ailleurs, dans
un autre monde inaccessible aux autres humains. On accompagne cette mort de
tout le nécessaire matériel, symboles des marques et honneurs immatériels dont
les morts ont besoin dans l’autre monde.
Et c’est bien évidemment la figure d’un patriarche (parfois
matriarche) qui prend alors une présence aussi prégnante dans le monde des
vivants. Les patriarches se parent également de tous les pouvoirs sur la
nature : ils deviennent, par la chasse qu’ils ont pratiquée, des dieux
chasseurs ; ils maîtrisent la foudre, les éléments. Les chamanes
guérisseurs conservent leurs vertus dans l’autre monde, et on leur apporte des
offrandes pour concilier leur bonne volonté. Ainsi, progressivement se
constituent des panthéons, jusqu’au jour où la concurrence des dieux aidant, on
en arrive à créer un monothéisme qui ruine ainsi le polythéisme. C’est ainsi
qu’Aton détrône Amon : le dieu soleil est seul tout puissant, sans lequel
la vie sur terre n’est plus que nuit et plus rien ne peut y pousser.
On trouve toutefois des inerties, des résistances au
changement. Les prêtres d’Amon reviennent sur Aton, le chassant jusqu’à ce
qu’un peuple soumis aux Égyptiens épousent la foi de ce dieu Aton pour en faire
le sien propre en se libérant du joug de leurs dominateurs : il devient le
dieu des Hébreux, précédant celui des chrétiens et des musulmans.[2]
C’est, à quelque chose près, sans doute ainsi que les
monothéismes successifs, religions jalouses et implacables, se sont érigés en
systèmes. Bien évidemment, cette présentation est un raccourci qui mériterait
des développements beaucoup plus importants, mais l’essentiel est dit.
Ainsi, si Michel Onfray avait voulu réellement déconstruire
les religions dont les monothéismes représentent la part la plus contraignante,
il aurait dû faire appel à Freud qui a procédé, dans sa réflexion, comme dans
une enquête policière. Non seulement il ne l’a pas fait, mais, de plus,
quelques années plus tard, il lance un réquisitoire implacable contre Freud,
l’accusant de tous les maux, dont des sympathies pour le régime nazi, ce qui
est, pour le moins, une accusation infâme. Elizabeth Roudinesco a cru devoir
répondre à Onfray, mais la faiblesse de l’argumentation du philosophe ne le
méritait pas. Freud pouvait être ainsi l’allié très objectif d’Onfray dans une
logique intellectuelle où Onfray s’inscrivait dans ce que Freud lui-même avait
dénoncé, très longtemps avant lui, dans un opuscule qu’il avait intitulé L’avenir d’une illusion[3] : toute
croyance est une illusion dont l’objectif est de fuir la réalité.
La méthode de Michel Onfray, qui consiste alors à dégommer
ses prédécesseurs, se présente à la fois comme une succession de sophismes, par
définition invalides, et comme une sorte d’autovalidation de sa propre pensée,
s’appuyant sur quelques grands noms, dont Pierre Bourdieu, qui n’a jamais eu
que faire du « travail » d’essayiste d’Onfray.
Étant tombé sur France Culture, sur une énième conférence de
Michel Onfray, je reste stupéfait de constater que sa méthode ne change
pas : que ce soit Michel Foucault, Gilles Deleuze ou Vladimir
Jankélévitch, personne ne trouve grâce à ses yeux, et sa méthode consiste à
invalider la pensée de quelque penseur que ce soit par les faiblesses morales
(et qui n’en a pas ?) de ce même penseur. Je ne l’ai pas entendu parler de
Karl Marx, mais suis à peu près sûr que le travail colossal de Marx sur
l’analyse du capital économique a dû être invalidée, selon Onfray, par le
constat de l’aide intellectuelle et financière que lui a apportée Friedrich
Engels, que Marx a fait un enfant à sa bonne, etc.
Voilà ainsi le constat : des philosophes aigris,
salonards, imposteurs squattent les ondes d’une radio de service public,
confortant l’idée que la philosophie ne serait pas un outil pour déconstruire
le monde et les systèmes de pensée qui l’accompagnent, mais une sorte de
gymnastique de l’esprit où tous les narcissismes s’en donnent à cœur joie dès
lors que leur place peut être justifiée par un système de show médiatique que
dénonçait déjà, voici fort longtemps, Guy Debord dans La société du spectacle.
Pour en terminer avec Michel Onfray, consultez le site de
SPINOZA, et vous rirez aux éclats des bourdes de ce philosophe bien ancré en
son temps : ici http://lmsi.net/Proposition-de-loi-pour-l
Revenons à Miguel Benasayag : sa pensée, comme celle de
Pierre Bourdieu, et de bien d’autres bons philosophes, s’articule dans le
constat que le discours, le langage, plus largement la pensée, ne sont pas des
éléments neutres, mais servent un système de domination. Le déconstruire est
déjà une façon de se libérer de cette doxa, de cette pensée dominante.
Bon visionnage !
[J’ai écrit ce texte
début août ; depuis l’inénarrable Onfray fait encore parler de lui dans le
show médiatique par le fait qu’il se rapprocherait encore, par ses prises de
positions confuses, populistes, du Front national, qui fait feu de tout bois en
matière d’ « intellectuels » en mesure de conforter ses thèses. Le
journal Libération le 15 septembre
mettait en effet en cause notamment ses déclarations concernant le doute qu’il
avait d’un fake en matière de photo du petit Aylan. Le journal Le Monde du 20-21 septembre donne la
parole à Michel Onfray où il se justifie. On y lira avec davantage d’intérêt
l’article de François Cusset rappelant que la tradition de générosité de la
philosophie est dans la capacité de voir dans les réfugiés ses semblables, démontant avec
Emmanuel Lévinas, Daniel Bensaïd, Gilles Deleuze, et même Emmanuel Kant le
curieux concept d’ « étranger » dans lequel se réfugient les pauvres
en esprit. ]
[1] François Châtelet s’y
était essayé voici fort longtemps, dans un essai intitulé La philosophie des professeurs (1970) où il fustigeait
l’enseignement de la philosophie, moquant ce qu’il appelait la PSU (philosophie
scolaire et universitaire).
[2] Dans l’ordre :
Sigmund Freud, Totem et tabou, L’Homme de Michel Onfray Moïse et la religion monothéiste. Dans Totem et tabou, Freud fait intervenir le
parricide comme événement fondateur de la mythologie, et du partage des femmes
permis dès lors par ce meurtre fondateur. Le même « parricide » est
commis sur la personne du premier Moïse, lui donnant, par le truchement de la
culpabilité, la figure tutélaire incontournable de cette nouvelle religion
monothéiste des Hébreux.
[3] J’ai évoqué François Furet
dans mon billet concernant le dernier livre de Fred Vargas ; François
Furet, plus respectueux de la pensée intellectuelle que Michel Onfray, a rendu
hommage à Freud en empruntant une partie de son titre à Freud, intitulant son
regard sur l’aventure communiste Le passé
d’une illusion.
mardi 29 septembre 2015
lundi 28 septembre 2015
La ballade de Narayama
« Le Japon du XIXe siècle. Dans les hautes montagnes du Shinshu vit une
famille fidèle aux traditions. Orin, la mère, a soixante-neuf ans. Selon
la coutume, elle doit, accompagnée de son fils aîné Tatsuhei, faire un
ultime pèlerinage à la montagne de Narayama pour y mourir. Malgré les
protestations de son fils Tatsuhei, qui aimerait garder sa mère auprès
de lui, Orin ne cède pas. Pendant l'année qu'il lui reste à vivre, elle
organise son départ. Elle trouve une nouvelle épouse à son fils, une
veuve du village voisin, et marie également son petit-fils. La famille
de la femme de ce dernier est convaincue de vol. Elle sera donc punie
par la communauté avant le départ d'Orin... »
Plus d'informations sur le site de Télérama : clic
dimanche 27 septembre 2015
Saint Sébastien (suite 10)
Très influencé par Andrea Mantegna, Liberale da Verona réussit ici une belle synthèse dont Sébastien est le prétexte : le corps du saint est traité en contreplongée, et on peut y voir la même influence de Mantegna que chez Melozzo da Forli (voir mon billet Cercare gli angeli ici : clic). Les conventions sont respectées, et le corps est magnifié dans son apparence propre à la statuaire gréco-romaine, d'une beauté conventionnelle, évidemment, corps musculeux et lisse. L'autre aspect de cette synthèse réside dans le paysage (Vérone ? Venise ?) composé de badauds indifférents au supplice de Sébastien. La perspective y est traitée de façon moderne et c'est le corps qui s'oppose, au premier plan, à la ligne de fuite.
Les détails montrent en effet quelques scènes de la vie quotidienne, admirablement traitées avec un grand souci du détail. On pourra s'amuser de ces femmes à la fenêtre qui sont peut-être sœurs ; mais cela donne un aspect humoristique à une scène qui, encore une fois, pour hagiographique qu'elle soit, n'est qu'un prétexte à mêler image érotique et sécularisation des thèmes religieux.
Liberale da Verona, San Sebastiano, fin XVe s. |
Photos Celeos |
samedi 26 septembre 2015
Le clathre rouge. Une fidélité de Dionysos
Décidément, Zeus est en colère. Lorsque les pluies cévenoles
se déchaînent, que le tonnerre résonne entre les crêtes des montagnes, on croit
venue la fin du monde. Les ruisseaux qui ne laissent courir qu’un maigre filet
à la fin du mois d’août deviennent des torrents enragés qui balaient tout sous
leur passage. Terminées pour un temps les riantes vallées où le soleil se
complaît à jouer avec les frondaisons des arbres. Sous le grondement du tonnerre, les oiseaux se taisent, et on n’entend que le bruit des pierres qui s’entrechoquent, poussées par l’eau du chemin qui s’est transformé en une masse boueuse et caillouteuse. L’air s’est chargé de milliers de fines gouttelettes qui ont rebondi depuis la terre et les mousses en répandant des fragrances que l’on ne reconnaît que dans ces moments-là. Les signes sont dans le ciel, zébrant le jour autant que la nuit d’illuminations qui réjouissent l’œil.
complaît à jouer avec les frondaisons des arbres. Sous le grondement du tonnerre, les oiseaux se taisent, et on n’entend que le bruit des pierres qui s’entrechoquent, poussées par l’eau du chemin qui s’est transformé en une masse boueuse et caillouteuse. L’air s’est chargé de milliers de fines gouttelettes qui ont rebondi depuis la terre et les mousses en répandant des fragrances que l’on ne reconnaît que dans ces moments-là. Les signes sont dans le ciel, zébrant le jour autant que la nuit d’illuminations qui réjouissent l’œil.
Non, ce n’est pas raisonnable de se réjouir ainsi de ce
déchaînement, de ce désordre qui va mettre sens dessus dessous ce qu’on avait
jusque là patiemment arrangé. Les béalières, ces conduites d’eau reconstruites
indéfiniment, vont repartir dans le flot du courant, et il faudra une fois de
plus retrouver les pierres, les mottes de terre, pour redonner à nouveau son
chemin à l’eau, retrouver l’ordre éphémère qui permet aux hommes de négocier
une petite place dans ce grand chaos qu’est la nature, auquel lui-même prend
une grande part.
Le clathre rouge |
Le lendemain, je passe près du mûrier, où j’avais laissé
encore un tas de vieilles branches desséchées
dans l’attente de les débiter en de plus courts tronçons. Entre les
branches, sur le sol, je vois une espèce de chiffon de couleur rouge que je ne
reconnais pas immédiatement. De plus près, je m’étonne et m’extasie: c’est un
clathre rouge, que je n’avais pas encore vu en nos contrées.
Aucun doute, je n’y voyais que la signature de son passage :
dans de vieilles légendes, on prétend que le clathre naît de la semence de Dionysos
qui a ici pris son plaisir. Dois-je m’en étonner alors ? Il est venu,
sollicité par mes sens aussi bien que par ceux de cette nature sans retenue et
l’a prise comme on prend parfois un amant, avec voracité, dans la chaleur et le
bruit d’un orage qui accompagne le désir de jouissance, avec les cris et la
férocité de l’étreinte où la tension des muscles accroît la montée du plaisir
jusqu’à la venue de cette force qui déchire les reins et se transmet au peos.
Dans ce moment final, les grondements du tonnerre peuvent rouler d’une crête à
l’autre, faire dévaler les rochers, fendre la terre, s’abattre les arbres,
faire surgir toutes les eaux et submerger l’ensemble des vallées : rien ne
peut distraire la jouissance qui reste la sève de toute vie, et de la raison de
continuer à occuper, le reste du temps, des tâches bien secondaires que l’on
effectue au grand jour, n’attendant que le repos de la lumière pour retrouver
le sens d’exister.
Ces derniers temps, il m’était arrivé de le retrouver à
plusieurs reprises. J’avais basculé dans l’Hadès, et m’étais retrouvé environné
de brumes, de vapeurs saumâtres issues de l’Achéron. Le sol se dérobait sous
mes pieds et, à cent reprises, je manquais défaillir aux assauts d’un vent
glacial, aux brûlures de torchères qui se retournaient sur mon visage, manquant
me défigurer. Pas de cris, mais des soupirs, des souffles où l’on entend la
difficulté à respirer qui me prenait à mon tour. Quand je pensai soudain me
dissoudre dans l’impossible milieu où je me trouvais, je sentis une main se
poser sur mon épaule, me saisir puissamment sous les bras et me tirer de la
gangue où j’avais commencé à glisser. Reposé sur un sol ferme, je sentis un
baiser au goût de vin mêlé de myrrhe qui caressait mes lèvres. L’enfant
Dionysos était à mes côtés, soudain vêtu de seule lumière ; son corps se
fit kouros où je retrouvais les marques de mon désir. Alors le garçon s’occupa
avec fougue de mon plaisir aussi vivement que je m’étais retrouvé chez Hadès,
passant sur chaque recoin de ma peau, m’ôtant toute trace des éclaboussures et
de la moiteur de l’Achéron. Je sentais revenir en moi cette force qui m’avait
quitté, luttant contre les gifles de langues de glace qui me frappaient le
visage, contre les excès de chaleur qui me brûlaient les pieds, le poids des
habits de plomb dont je me retrouvais lesté.
J’étais nu, le corps serré contre celui du kouros, et
doucement le plaisir venait en moi aussi sûrement qu’il me disait le sien à nos
caresses réciproques. Nous fûmes alors portés par le plaisir intense où une
grande lumière se fit. Nous étions rendus dans une clairière aux douces lueurs,
abritée de trop de vent, où murmurait une source. L’un contre l’autre la
douceur de nos corps était un tendre sommeil dans lequel j’entendais, tout au
loin, le chant de l’aulos. Lorsque je fus revenu à moi, le kouros me regardait,
moqueur. Je ne savais si j’étais en mesure de rire avec lui ou de me laisser
aller à cette mélancolie dont se nourrit mon esprit. Mais le rire de Dionysos
est toujours le plus fort : il me ramena vers des ports plus lumineux où
j’oubliai l’Hadès. Des navires, plus beaux et appareillés les uns que les
autres arrivaient, repartaient vers des horizons qui m’appelaient, et parfois
m’y transportaient. Les matelots, parés de leurs voiles, chantaient mieux que
sirènes. Je m’abandonnais auprès d’eux qui connaissent la consolation.
Maintes fois, ayant basculé dans l’Hadès où d’autres figures
hideuses m’apparaissaient, je crus disparaître, enlevé par les griffes de
chimères grimaçantes. Chaque fois je retrouvai le garçon, son chant puissant et
harmonieux ayant fait s’effacer les femmes-oiseaux promptes à déchirer des
chairs vivantes sous les coups de becs, de griffes qu’elles donnaient. Chaque
fois Dionysos revenait, insufflait la semence de son esprit aussi bien que
celle de son corps. Je finis par connaître chaque parcelle de son être qui
m’apparaissait chaque fois sous une forme différente. Chaque fois nous nous
retrouvions à la lumière près de la source, et l’apaisement, la tendresse du
garçon étaient un hymne à la vie et à la renaissance.
Nous parlions entre deux baisers. Nous nous racontions nos
aventures respectives, nos batailles, les fuites devant le danger, il me disait
ses métamorphoses ; je lui disais les jeux de personnages auxquels
j’empruntais leur figure, les expressions de leurs corps, leurs paroles. Dans le grand jeu
d’Epidaure, il racontait la chorale qu’il préférait, celle des boucs, où dans
le concert disharmonieux, dans l’odeur pestilentielle de leur semence, il était
capable de faire apparaître les plus beaux garçons, les plus belles filles, et
dans les parfums les plus enivrants se jouaient les jeux de la mort et de la
vie.
Chaque fois que je me retrouvais ainsi dans l’Hadès, je le
savais venir me rechercher, et aujourd’hui encore ne crains plus de basculer si
une harpie, une méduse ou toute autre créature me fait un croche-pied et me
précipite dans le gouffre des enfers. Dionysos est d’une fidélité sans
pareille. Il me raconta un jour comment, plus jeune, il était à la recherche de
Déméter, sa mère, qui était totalement résolue de vivre auprès d’Hadès. Si les
chemins de l’Hadès sont multiples et souvent terribles, le chemin le plus court
passe par Lerne. On sait que là sont les marais, et le trajet vers l’Hadès
change continûment. Après son périple au Zagrée, et sans connaître le chemin
pour retourner vers sa mère, Dionysos s’était retrouvé errant dans les brumes. Il
allait renoncer à son projet quand apparut devant lui un homme qui depuis
longtemps vivait dans cette plaine d’Argolide.
Prosymnos était son nom, et, le temps des rites, il allait
au devant des dieux et des déesses, chantant leurs louanges, annonçant les
fêtes et les événements des saisons que les dieux et déesses avaient décidé dans
leurs caprices.
Lorsque Prosymnos vit Dionysos, un reflet de soleil paraissait
sur son torse. Son visage était celui encore d’un enfant, et devant une telle
beauté, le désir s’empara de Prosymnos. Dionysos demanda à Prosymnos de lui
indiquer le chemin vers l’Hadès. L’occasion était inespérée pour Prosymnos, qui
accepta d’indiquer à Dionysos ce parcours. Il lui dit son goût pour la beauté,
et le désir qu’il avait de lui et du plaisir qu’il aurait à jouir avec lui.
Dionysos se mit à rire, un beau rire de plaisir du désir qu’on avait de lui. Il
accepta que Prosymnos jouisse de lui, mais il voulut d’abord aller saluer
Déméter
Et Prosymnos lui dit qu’il l’attendrait, quel que soit le temps que Dionysos devait passer dans l’Hadès.
Et Prosymnos lui dit qu’il l’attendrait, quel que soit le temps que Dionysos devait passer dans l’Hadès.
Dionysos s’entretint avec sa mère, qui lui raconta qu’elle
l’avait élevé en son sein, alors qu’il était d’abord le fils de Sémélé. Qu’il
avait dû affronter les Titans, ce dont il ne se souvenait pas, et qu’en fin de
compte, poursuivi et rattrapé par eux avec l’aide d’Héra, il avait fini par
être dévoré par eux, laissé pour mort. Dans sa colère, Zeus intervint, récupéra
les restes de Dionysos, dont il ne restait que le cœur, battant encore. Zeus
ouvrit alors sa cuisse, y introduisit le cœur de Dionysos, et le fit grandir
avant de le confier à Déméter. Ainsi revint celui qui était deux fois né.
Atelier de Leonardo da Vinci, Dionysos, 1510-1515 |
Lisant ces mots, Dionysos pleura des larmes sincères, et
chanta les louanges de celui qui chantait les louanges des dieux. Puis il
décida de tenir la promesse faite à Prosymnos : près de la maison, un
figuier à l’ombre bleue étendait ses branches, et ses fruits étaient goûteux
comme le miel, lourds comme les bourses des garçons. Dionysos coupa à bonne
longueur une branche de ce figuier ; la dimension était imposante, comme
celle qu’il se rappelait du peos de Prosymnos. Et de cette branche de figuier,
Dionysos fit le peos disparu de Prosymnos. Il fixa le peos sur la stèle, et
dans la forme d’un peos de belle dimension, tendu à souhait, Dionysos se fit
pénétrer afin qu’au-delà de la mort, Prosymnos puisse jouir de lui, et Dionysos
jouit également du peos retrouvé de Prosymnos.
C’est, ainsi, l’histoire que m’a raconté lui-même Dionysos,
un jour où nous avions joui également, lui avec moi, et moi avec lui. C’est
ainsi que je sais sa fidélité, avec moi comme il fut fidèle à Prosymnos.
Et tenant en main le clathre rouge, je le portai à mes
narines et y reconnus le parfum de la semence de Dionysos. C’est ainsi que je
sais qu’il est passé. Il reviendra, et s’il le veut il m’apparaîtra, et je
serai devant lui. Nous aurons beaucoup à rire.
©Celeos
vendredi 25 septembre 2015
jeudi 24 septembre 2015
Venise moderne
Oui, enfin Venise se met à l'heure contemporaine et oublie ces vieilles maisons décrépies et croulantes, définitivement trop vieilles pour notre monde en plein essor.
Félicitons-nous que les grands navires de croisière arrivent à proximité des maisons, faisant la joie des touristes qui accèdent plus facilement à la place San Marco.
Grâce à son maire actuel, Luigi Brugnaro, homme d'un esprit d'une grande ouverture, il serait question d'élargir le Grand canal pour permettre aux grands paquebots de venir encore plus près.
Vive la modernité et les tramezzini !
Félicitons-nous que les grands navires de croisière arrivent à proximité des maisons, faisant la joie des touristes qui accèdent plus facilement à la place San Marco.
Grâce à son maire actuel, Luigi Brugnaro, homme d'un esprit d'une grande ouverture, il serait question d'élargir le Grand canal pour permettre aux grands paquebots de venir encore plus près.
Vive la modernité et les tramezzini !
Les photos sont de Gianni Berengo Gardin dont l'exposition a été déprogrammée par le maire de Venise, Luigi Brugnaro, exposition prévue initialement au Palais des Doges. |
mercredi 23 septembre 2015
Un vingt-trois septembre
Rien, pas de garçon à l'horizon.
Gone with the wind, the rain and my tears.
Gone with the wind, the rain and my tears.
mardi 22 septembre 2015
Un vingt-deux septembre
Un vingt-deux de septembre au diable vous partites,
Et, depuis, chaque année, à la date susdite,
Je mouillais mon mouchoir en souvenir de vous...
Et, depuis, chaque année, à la date susdite,
Je mouillais mon mouchoir en souvenir de vous...
Greeeece ! A so wonderful country, but unfortunately full of Greek people... |
Or, nous y revoilà, mais je reste de pierre,
Plus une seule larme à me mettre aux paupières:
Le vingt-deux de septembre, aujourd'hui, je m'en fous.
On ne reverra plus au temps des feuilles mortes,
Cette âme en peine qui me ressemble et qui porte
Le deuil de chaque feuille en souvenir de vous...
Que le brave Prévert et ses escargots veuillent
Bien se passer de moi pour enterrer les feuilles:
Le vingt-deux de septembre, aujourd'hui, je m'en fous.
Jadis, ouvrant mes bras comme une paire d'ailes,
Je montais jusqu'au ciel pour suivre l'hirondelle
Et me rompais les os en souvenir de vous...
Le complexe d'Icare à présent m'abandonne,
L'hirondelle en partant ne fera plus l'automne:
Le vingt-deux de septembre, aujourd'hui, je m'en fous.
Pieusement noué d'un bout de vos dentelles,
J'avais, sur ma fenêtre, un bouquet d'immortelles
Que j'arrosais de pleurs en souvenir de vous...
Je m'en vais les offrir au premier mort qui passe,
Les regrets éternels à présent me dépassent:
Le vingt-deux de septembre, aujourd'hui, je m'en fous.
Désormais, le petit bout de coeur qui me reste
Ne traversera plus l'équinoxe funeste
En battant la breloque en souvenir de vous...
Il a craché sa flamme et ses cendres s'éteignent,
A peine y pourrait-on rôtir quatre châtaignes:
Le vingt-deux de septembre, aujourd'hui, je m'en fous.
Et c'est triste de n'être plus triste sans vous
(Tellement sûr qu'on aurait reconnu les vers du grand Georges que j'ai oublié d'apposer sa signature. Celeos n'a pas le talent de Brassens.)
Plus une seule larme à me mettre aux paupières:
Le vingt-deux de septembre, aujourd'hui, je m'en fous.
On ne reverra plus au temps des feuilles mortes,
Cette âme en peine qui me ressemble et qui porte
Le deuil de chaque feuille en souvenir de vous...
Que le brave Prévert et ses escargots veuillent
Bien se passer de moi pour enterrer les feuilles:
Le vingt-deux de septembre, aujourd'hui, je m'en fous.
Jadis, ouvrant mes bras comme une paire d'ailes,
Je montais jusqu'au ciel pour suivre l'hirondelle
Et me rompais les os en souvenir de vous...
Le complexe d'Icare à présent m'abandonne,
L'hirondelle en partant ne fera plus l'automne:
Le vingt-deux de septembre, aujourd'hui, je m'en fous.
Pieusement noué d'un bout de vos dentelles,
J'avais, sur ma fenêtre, un bouquet d'immortelles
Que j'arrosais de pleurs en souvenir de vous...
Je m'en vais les offrir au premier mort qui passe,
Les regrets éternels à présent me dépassent:
Le vingt-deux de septembre, aujourd'hui, je m'en fous.
Désormais, le petit bout de coeur qui me reste
Ne traversera plus l'équinoxe funeste
En battant la breloque en souvenir de vous...
Il a craché sa flamme et ses cendres s'éteignent,
A peine y pourrait-on rôtir quatre châtaignes:
Le vingt-deux de septembre, aujourd'hui, je m'en fous.
Et c'est triste de n'être plus triste sans vous
(Tellement sûr qu'on aurait reconnu les vers du grand Georges que j'ai oublié d'apposer sa signature. Celeos n'a pas le talent de Brassens.)
lundi 21 septembre 2015
dimanche 20 septembre 2015
Bach/Kremer - Chaconne
Jean-Sébastien Bach et Gidon Kremer associés dans une Chaconne.
Καλή Κυριακή ! Bon dimanche !
Καλή Κυριακή ! Bon dimanche !
samedi 19 septembre 2015
vendredi 18 septembre 2015
jeudi 17 septembre 2015
Fabio Pante - Le mie nazioni
Passage à Turin, il y a quelques semaines. Via Po, marchant en direction du Museo del Cinema, un poème de Fabio Pante est affiché. Je ne vous ferai pas l'affront de vous le traduire : je sais mes lectrices/lecteurs avisés et capables de chercher sur la toile une traduction décente.
Hélas, lorsque j'y suis moi-même passé, des mains imbéciles avaient largement complété la mutilation de l'affiche. L'Italie est-elle mieux lotie que la France en matière d'attitudes rétrogrades ? Je ne sais pas. Mon impression est que l'art de vivre italien permet de cacher un peu les comportements d'intolérance. Et l’État italien, toujours tenté par la répression de groupes spontanéistes, n'hésite pas à réprimer sans relâche les personnes qui osent s'élever contre les décisions injustes, contre les projets fous (notamment le fameux projet de ligne grande vitesse dans la vallée de Susa) ainsi que le soutien aux réfugiés.
Le poème de Fabio Pante n'était plus que réduit à une désolante affiche privée du sens premier de son affichage. Elle devenait toutefois le symbole de cette parole qui, depuis toujours, peine à conquérir l'espace public pour exprimer que la vision de l'ordre, ordre qui se prétend toujours nouveau, n'est que la caricature d'une société fondamentalement séparée entre dominés et dominants.
Belle ironie de l'actualité : dans ces jours-là, un parrain maffieux, Vittorio Casamonica, eut de somptueuses funérailles, avec un lâcher de pétales de roses au-dessus du cortège et du cercueil, contrevenant aux rites catholiques encore très présents à Rome, évidemment. Les télévisions italiennes passèrent en boucle l'information et les images, affirmant qu'elles étaient choquées de cette monstration ostentatoire et de défiance envers les autorités italiennes. Mais il est difficile de mettre un mort en examen. Les autres maffieux sont aux affaires, notamment dans le financement de la ligne du train à grande vitesse.
Hélas, lorsque j'y suis moi-même passé, des mains imbéciles avaient largement complété la mutilation de l'affiche. L'Italie est-elle mieux lotie que la France en matière d'attitudes rétrogrades ? Je ne sais pas. Mon impression est que l'art de vivre italien permet de cacher un peu les comportements d'intolérance. Et l’État italien, toujours tenté par la répression de groupes spontanéistes, n'hésite pas à réprimer sans relâche les personnes qui osent s'élever contre les décisions injustes, contre les projets fous (notamment le fameux projet de ligne grande vitesse dans la vallée de Susa) ainsi que le soutien aux réfugiés.
Le poème de Fabio Pante n'était plus que réduit à une désolante affiche privée du sens premier de son affichage. Elle devenait toutefois le symbole de cette parole qui, depuis toujours, peine à conquérir l'espace public pour exprimer que la vision de l'ordre, ordre qui se prétend toujours nouveau, n'est que la caricature d'une société fondamentalement séparée entre dominés et dominants.
Belle ironie de l'actualité : dans ces jours-là, un parrain maffieux, Vittorio Casamonica, eut de somptueuses funérailles, avec un lâcher de pétales de roses au-dessus du cortège et du cercueil, contrevenant aux rites catholiques encore très présents à Rome, évidemment. Les télévisions italiennes passèrent en boucle l'information et les images, affirmant qu'elles étaient choquées de cette monstration ostentatoire et de défiance envers les autorités italiennes. Mais il est difficile de mettre un mort en examen. Les autres maffieux sont aux affaires, notamment dans le financement de la ligne du train à grande vitesse.
mercredi 16 septembre 2015
mardi 15 septembre 2015
lundi 14 septembre 2015
dimanche 13 septembre 2015
samedi 12 septembre 2015
Thodoris Marandinis - Délirant tatouage/Μεθυσμένο Τατουάζ
Je reprends ici la vidéo présentée il y a quelques jours : Μεθυσμένο Τατουάζ (methisméno tatouaz).
J'ai, à mon grand regret, négligé de la présenter. Il s'agit d'une performance du chanteur Thodoris Marandinis, dirigé par le réalisateur de ce clip, Konstantinos Rigos. Thodoris Marandinis illustre sa chanson, Μεθυσμένο Τατουάζ, dans une chorégraphie où ses propres tatouages sont l'expression de son rapport à l'autre de l'amour (femme ? homme ? Ceci lui appartient).
J'ai donc traduit, très maladroitement, cette chanson ci-dessous. Comme bien des chansons d'amour, elle dit les difficultés d'être avec la personne qu'on aime, les maladresses, les imperfections, les incertitudes, mais également les liens créés qui semblent indéfectibles.
Onirama est son groupe de musique, qu'on pourrait traduire en français par «La fabrique des rêves ».
J'ai, à mon grand regret, négligé de la présenter. Il s'agit d'une performance du chanteur Thodoris Marandinis, dirigé par le réalisateur de ce clip, Konstantinos Rigos. Thodoris Marandinis illustre sa chanson, Μεθυσμένο Τατουάζ, dans une chorégraphie où ses propres tatouages sont l'expression de son rapport à l'autre de l'amour (femme ? homme ? Ceci lui appartient).
J'ai donc traduit, très maladroitement, cette chanson ci-dessous. Comme bien des chansons d'amour, elle dit les difficultés d'être avec la personne qu'on aime, les maladresses, les imperfections, les incertitudes, mais également les liens créés qui semblent indéfectibles.
Onirama est son groupe de musique, qu'on pourrait traduire en français par «La fabrique des rêves ».
Σ΄αγαπώ σε μισώ,
δεν αντέχω άλλο να΄μαι κοντά σου
Σ΄αγαπώ σε μισώ,
δεν υπάρχει οξυγόνο μακρυά σου
Σ΄αγαπώ σε μισώ, σαν
τον ήλιο κυνηγάω τι σκιά σου
Σ΄αγαπώ σε μισώ, μεθυσμένο
τατουάζ στην καρδιά σου
Πως φτάσαμε΄δω
Καρδιά μου απορώ
Σ΄αγαπώ σε μισώ, και
σε νοιάζομαι μέχρι θανάτου
Σ΄αγαπώ σε μισώ, κι
ο κακός μου εαυτός τα δικά του
Σ΄αγαπώ σε μισώ, κι
όλο πίνω στην υγειά τη δικιά σου
Σ΄αγαπώ σε μισώ, μεθυσμένο
τατουάζ στην καρδιά σου
Πως φτάσαμε΄δω
Καρδιά μου απορώ
Εδώ να μείνεις
όσο κι αν σε τρομάζει
Εδώ κι ας μας
βγει σε κακό
Εδώ να δούμε
αυτός ο δρόμος που βγάζει
Εδώ έστω λίγο εδώ
Σ΄αγαπώ σε μισώ, κι
όταν πέφτω
Τα φτερά μου δικά
σου
Προσπαθώ να κρυφτώ
μα σα παιδάκι
Τρέχω στην
αγκαλιά σου
Σ΄αγαπώ σε μισώ,
δεν αντέχω άλλο να΄μαι μακρυά σου
Σ΄αγαπώ σε μισώ,
μεθυσμένο τατουάζ στην καρδιά σου
Πως φτάσαμε΄δω
Καρδιά μου απορώ
Εδώ να μείνεις
όσο κι αν σε τρομάζει
Εδώ κι ας μας
βγει σε κακό
Εδώ να δούμε
αυτός ο δρόμος που βγάζει
Εδώ έστω λίγο εδώ
(Paroles et musique de Thodoris Marandinis).
Je t’aime, je te hais, je ne supporte personne quand je suis
à tes côtés
Je t’aime, je te hais, il n’y a pas d’oxygène loin de toi
Je t’aime, je te déteste, comme le soleil je poursuis ton
ombre
Je t’aime, je te hais, tatouage délirant dans ton cœur
Comment en sommes-nous arrivés là ?
Mon cœur s’en étonne.
Je t’aime, je te hais, et je te suis lié jusqu’à la mort
Je t’aime, je te hais, et mon mauvais côté est celui de tous
Je t’aime, je te hais, et je bois toujours à ta santé
Je t’aime, je te hais, tatouage délirant dans ton cœur
Comment en sommes-nous arrivés là ?
Mon cœur s’en étonne
Ici, que tu puisses rester si tu as peur
Ici, et s’il te vient du mal
Ici, on peut voir cette route qui s’en va
Ici, même si c’est un petit ici
Je t’aime, je te hais, et quand je tombe
Mes ailes sont tes propres ailes
Je tente de me cacher comme le fait une enfant et je cours
dans tes bras
Je t’aime, je te hais, je ne supporte personne quand je suis
à tes côtés
Je t’aime, je te hais, tatouage délirant dans ton cœur
Comment en sommes-nous arrivés là ?
Mon cœur s’en étonne.
Ici, que tu puisses rester si tu as peur
Ici, et s’il te vient du mal
Ici, on peut voir cette route qui s’en va
Ici, même si c’est un petit ici.
Tu marcheras sur l'eau
Eytan Fox - Tu marcheras sur l'eau (2004)
Rien ne vaut le mode autoreverse...
Rien ne vaut le mode autoreverse...