Je m'aperçois qu'on arrive déjà au temps de Pâques. Ceci explique-t-il cela ? Le billet que j'avais fait au sujet du Vangelo secondo Matteo de Pier Paolo Pasolini resurgit des consultations de mon blog. Je ne cherche pas à connaître précisément les motivations de mes lecteurs. Ils auront remarqué que je suis actuellement un peu plongé dans quelques regards sur le cinéma du XXe siècle qui me semble - c'est l'âge sans doute - infiniment plus créatif, plus porteur de sens que les productions industrielles actuelles. Je ne vous ferai pas pour autant, le « avant c'était mieux» puisque, justement, ce n'était pas mieux. C'était pareil.
En tout cas, cela me donne l'occasion de revenir quelques instants sur Pier Paolo. J'ai suffisamment parlé de lui dans ces pages pour ne pas réitérer une fois de plus mon intérêt pour lui, pour son travail qui m'agace parfois (oui, pour moi son travail est présent) autant que je peux partager ses émotions.
Il reste de ce présent, de cette actualité, dont nous sommes.
J'avais donc présenté en 2015 Il Vangelo. Voici le film qui lui a directement précédé : La Ricotta de 1963. Le film valut un procès à PPP par l'Eglise catholique, qui fut interrompu par le succès du Vangelo. La Ricotta est en effet une farce burlesque que PPP reprend à la manière de la tradition populaire. Il caricature les postures religieuses de l'âge baroque de la peinture italienne et plonge les comportements dans la trivialité des contingences quotidiennes. Bref il donne un regard profane à ce qui est sacré pour l'Eglise catholique, donc il profane, ou blasphème comme on dirait plus facilement aujourd'hui.
Est-ce parce que, parallèlement, il préparait Il Vangelo, qu'il donna autant de trivialité à La Ricotta ? Il faut rappeler que La Ricotta est le troisième sketch de Rogopap (abréviation de Rossellini, Godard, Pasolini et Gregoretti, associés pour l'occasion dans une déconstruction par le cinéma de la vision classique des arts sur la société), ce qui explique la durée plus courte - mais il n'était pas nécessaire de faire forcément plus long - du film.
Pour revoir mon billet sur Il Vangelo, c'est ici.
En tout cas, cela me donne l'occasion de revenir quelques instants sur Pier Paolo. J'ai suffisamment parlé de lui dans ces pages pour ne pas réitérer une fois de plus mon intérêt pour lui, pour son travail qui m'agace parfois (oui, pour moi son travail est présent) autant que je peux partager ses émotions.
Il reste de ce présent, de cette actualité, dont nous sommes.
J'avais donc présenté en 2015 Il Vangelo. Voici le film qui lui a directement précédé : La Ricotta de 1963. Le film valut un procès à PPP par l'Eglise catholique, qui fut interrompu par le succès du Vangelo. La Ricotta est en effet une farce burlesque que PPP reprend à la manière de la tradition populaire. Il caricature les postures religieuses de l'âge baroque de la peinture italienne et plonge les comportements dans la trivialité des contingences quotidiennes. Bref il donne un regard profane à ce qui est sacré pour l'Eglise catholique, donc il profane, ou blasphème comme on dirait plus facilement aujourd'hui.
Est-ce parce que, parallèlement, il préparait Il Vangelo, qu'il donna autant de trivialité à La Ricotta ? Il faut rappeler que La Ricotta est le troisième sketch de Rogopap (abréviation de Rossellini, Godard, Pasolini et Gregoretti, associés pour l'occasion dans une déconstruction par le cinéma de la vision classique des arts sur la société), ce qui explique la durée plus courte - mais il n'était pas nécessaire de faire forcément plus long - du film.
Pour revoir mon billet sur Il Vangelo, c'est ici.
Intéressant. J'ai écrit tout récemment la synthèse qui suit pour aider un étudiant qui me demandait un coup de pouce "cinéphile". Je parle d'amadouer l'église : la référence à la "Ricotta" avait échappé à mon souvenir. Peut-être trouverez-vous que Théorème est plus "catholique" qu'il n'y paraît. Merci, je vais lui transférer votre billet.
RépondreSupprimer[À des années-lumières des superproductions hollywoodiennes en Technicolor, le film de Pasolini résulte d'un paradoxe éminemment "italien" de l'époque : se disant marxiste, admirateur de Gramsci, mais fidèle à ses racines chrétiennes, le cinéaste-poète-écrivain donne une vision épurée, austère, de l’Évangile, exprimant, pour qui sait lire entre les images, les doutes qui l'assaillent et illustrent le paradoxe.
Contrairement à ce que l'on a pu voir depuis, de Scorsese à Mel Gibson, le film est au plus proche du texte original, et obtint - on imagine la jubilation de l'auteur ! - le prix de l'Office Catholique du Cinéma, autre paradoxe quand on pense que Pasolini fut l'auteur du paillard Décaméron, de Porcherie, de Théorème et, en fin de parcours, de Salo ou les 120 journées de Sodome, films aussi peu catholiques que possible !
Il choisit de faire interpréter le rôle du Christ par un inconnu, Enrique Izaroqui, lequel s'éloigne physiquement des représentations auxquelles le cinéma américain avait habitué le public (à la même époque, c'est un acteur blond aux yeux bleus, Jeffrey Hunter, qui incarne Jésus dans Le roi des rois de Nicholas Ray). Ici, le fils de l'homme est un homme comme les autres, la photo est en noir et blanc, la musique est de Bach, mais Pasolini illustre aussi les images par des negro-spirituals dont on dit qu'ils furent choisis par Elsa Morante (la grande écrivaine était l'une de ses meilleures amies).
S'impriment également dans la mémoire du spectateur les arides paysages des Pouilles et de Calabre choisis pour leur ressemblance avec la Palestine où le cinéaste ne put tourner.
Est-ce malice ou réelle admiration, PPP dédia son "Évangile" au pape Jean XXIII ; peut-être pour amadouer une Église peu suspecte d'indulgence à son égard ?
Il n'en demeure pas moins que L'Evangile selon Saint Matthieu est un authentique chef-d’œuvre, devenu référence en la matière.]