Putain, Xavier, c’est quoi cette merde ?!
Ciel, je suis grossier! A la mesure de mon énervement d’avoir vu ce soir ce film dont j’attendais tellement mieux après Mommy, où j’avais vraiment l’impression que Xavier maîtrisait parfaitement ce qu’on appelle la « grammaire » du cinéma, les plans carrés, etc.
Là, le truc, c’est les plans très serrés, gros plans, utilisés en champ – contrechamp, plongée, contreplongée pour susciter ce que certains critiques ont fort bien analysé, du désir ou du repoussoir dans les détails du visage. J’avais visionné, à sa sortie à Cannes, une vidéo de Gaspard (Ulliel), dont j’aime la qualité d’acteur, le côté réservé. Et j’avoue que j’avais très envie de voir ce film. Le même Gaspard était invité chez Augustin Trapenard lundi dernier, et, là encore, il s’est fait bon vendeur du texte tout d’abord, adapté de Jean-Luc Lagarce, et de la mise en scène et du filmage de Xavier Dolan.
Il avait défendu d’abord le côté « langage vernaculaire » de Jean-Luc Lagarce, et la manière « spontanée » de filmer de Xavier, spontanéité à laquelle je ne crois pas. Il faut avouer que c’est vraiment raté.
Le texte est sans doute difficile à mettre en scène : texte de théâtre qui ne passe pas forcément très facilement au cinéma. On saisit alors trop nettement les séquences « sorties de scène », les jeux de gré à gré entre le personnage que joue Gaspard, Louis, et chacun des protagonistes.
Il faut revenir au prétexte de Jean-Luc Lagarce, homme de théâtre qui se savait atteint par le sida. Cet homme de théâtre, Louis dans le film, vient faire ses adieux à sa famille qu’il n’a pas revue depuis douze ans. C’est laisser supposer à quel point la famille est pathogène, et ça ne manque pas : la mère Martine (Nathalie Baye), hystérique à souhait, le frère, Antoine (Vincent Cassel), plus hystérique encore que sa mère, qui refait du Vincent Cassel, violent, haineux, misogyne, la sœur Suzanne (Léa Seydoux), que Louis a quittée lorsqu’elle n’était qu’une petite fille, et la belle-sœur Catherine (Marion Cotillard) plus nunuche que jamais. Louis vient donc annoncer qu’il va mourir. Il est gay. Faut pas le dire. Faut rien dire d’ailleurs, et comme il ne faut rien dire, les dialogues insupportables sont une série de phrases tronquées, incompréhensibles puisque les gens ont décidé de ne pas communiquer, mais de rester groupés dans ce huis-clos. Quelques moments peuvent toutefois laisser entrevoir des pistes intéressantes : dialogue avec Martine, la mère, qui rompt avec son côté superficiel pour dire deux ou trois choses à son fils prodigue, dont le fait qu’elle ne le comprend pas, mais qu’elle l’aime ; ça ne va pas plus loin. Autre scène dans la voiture que conduit Antoine, à qui Louis a envie de lui communiquer peut-être ce qu’il n’a pas pu lui dire pendant sa jeunesse. Antoine est fermé à toute communication. On n’en saura pas davantage.
J’en garde l’impression d’un travail qui s’est fourvoyé dans une esthétique appauvrie, jouant sur quelques trucs de mise en scène dont ces fameux gros plans. La belle gueule de Gaspard Ulliel, taillé en lame de couteau, en prend un peu pour son grade : la cicatrice de la joue gauche devient presque obsédante, de même que ce petit relief que Gaspard porte sur une aile du nez. Quant à Vincent Cassel, je n’en retiens que le profil néandertalien aux bourrelets sus orbitaux associé à un débit logorrhéique abondant et une débauche de testostérone. On croirait que l’agressivité est sa seconde nature. Faut-il en retenir autre chose ? Que les familles, de manière générale, sont pathologiques et qu’il vaut mieux les fuir à tout jamais. Ça, on le savait. Quoi d’autre ? La bonne nouvelle, c’est quand on rate un film et qu’il faut se remettre à l’ouvrage pour en faire un bon. Les sujets ne manquent pas.
Xavier, si tu me lis…
J'hésitais à aller le voir, les critiques sont euphoriques mais j'en ai soupé des huis clos familiaux, et puis tombe la tienne.... On verra...
RépondreSupprimerJe n'ai lu que le début. Je reviendrai quand je l'aurai vu.
RépondreSupprimerIl n'y a donc pas que les frères Dardenne qui se plantent...., maigre consolation mais restons optimistes ,c'est pour mieux se ressaisir!
RépondreSupprimerquitte à passer pour un misanthrope, ça fait des années que je ne fréquente plus les salles obscures et le cinetoche ne me manque absolument pas. à chaque sortie de film, les interprètes et réalisateur font une promotion en expliquant pourquoi ils ont fait ce film, à quoi ça correspond, à qui ça s'adresse.
RépondreSupprimermerde et re-merde : quand les mecs sont obligés d'expliquer un film avant de le voir, c'est que le film en question pêche dans sa conception... bref, y'a queuqu' chose qui colle pas ! alors, pas envie de les voir.
regardez Metropolis plutôt, d'une telle actualité ! de 1927 : alors tous ces réalisateurs qui croient inventer... qu'ils fassent autre chose, mais pas de l'Art.
là aussi, on est dans un putain creux de vague !
sur ce, je retourne faire de l'aquarelle parmi mes bretons et la baie de morlaix : le plus beau film et là, putain la Lumière j'vous dis pas. et... pas de prise de tête à la con psycho-socio-polito... chose.
Je vous rejoins dans l'idée que le cinéma - Fritz Lang en particulier à produit des chefs-d'oeuvres inoubliables. Mais il n'est pas mort, et il y a parfois de très belles choses à voir sur grand écran. Vive le cinoche qui nous fera encore de beaux films, j'en suis sûr. Pour votre mauvaise foi, Yves, vous êtes prié de regarder Le voyage des comédiens, de Théo Angelopoulos. D'une seule traite.
RépondreSupprimerOh l'ambiance de schnoks ! Bon je vais aller le voir, finalement à tous vous l'avez donné envie, et puis Eva Bettan a aimé, voir dans le masque la plume à partir de la minute 74 , mais Eva aime les gens.
RépondreSupprimerbon, je bats ma coulpe.
RépondreSupprimerestèf, schnok vous-même.
décidément, Silvano et vous, vous êtes insupportables de mépris.
dès que quelqu'un n'accède pas à vos points de vue, hop... on a droit à un catalogue d'insultes et autres gros mots...
je vous en retourne donc un : vous êtes de splendides bobos.
Je sais qu'Eva a un faible pour Xavier. Moi j'ai un fort, et c'est pour ça que ma barre est plus haute (si j'ose dire !)
RépondreSupprimerPas compris, Yves.
RépondreSupprimerLe mot "schnok" sous la plume d'estèf concerne l'ambiance que le film renvoie !
Yves, ne le prenez pas mal, chacun ses mots, les vôtres sont souvent négatifs et du style "c'était mieux avant", et je peux bien me moquer sans pour autant vous insulter, notez d'ailleurs que j'ai écrit "schnocks" et pas "vieux schnocks" ce qui eût été bien pire...
RépondreSupprimerCeleos, toujours ce sens de la répartie qui fait qu'on a toujours plaisir à te lire même pour des aigreurs, cependant tu n'as pas de mal à avoir la barre plus haute que celle d'Eva (et ne me dis pas que tu n'y avais pas pensé...).
La gaule, euh, la barre ? Je ne vois vraiment pas ce que tu veux dire, estèf...
RépondreSupprimerALORS LA comme quoi les gouts et les couleurs. Sur l'avenue on a A D O R E ! et on vas se précipiter sur la pièce de théâtre qui devrait nous donner un autre éclairage.
RépondreSupprimerVive la diversité des points de vue, Guillome. Je crois que ce n'est pas la pièce qui est en cause, mais bien le filmage de Xavier. Ce commentaire est trop court pour développer, mais j'essaierai d'en parler dans un nouveau billet.
RépondreSupprimerMoi, depuis "L'arrivée d'un train en gare de La Ciotat", des frères Lumière, je ne vais plus au spectacle cinématographique.
RépondreSupprimerBobos ! Ah, le terme passe-partout est lâché.
RépondreSupprimerMoi, des bobos comme ceux de Véhème et de Gay Culte, j'en veux tous les jours, même si je ne commente pas à tort et à travers.
Sacha
C'est gentil Sacha. Merci de vous faire connaître. Mais notre Yves, que je commence à connaître, a parfois des humeurs. Ça m'arrive aussi. Rien qui vaille qu'on se mette la rate au court-bouillon !
RépondreSupprimerL'essentiel étant que la rate puisse se dilater le plus fréquemment possible.
RépondreSupprimerEt que le pylore puisse également se colorer.
RépondreSupprimerpersonnellement, je déteste le travail de Dolan après "les amours imaginaires". ce qu'il avait évité dans les deux premiers, c'est à dire les tics auteuristes adolescents sont omniprésents... je ne voulais pas voir "mommy" mais on m'y "forcé", ça n'a fait que confirmer ce que je pensais... alors là, Lagarce ? franchement, je refuse d'aller le voir... d'autant que le film existe, signé Ducastel et Martineau (excusez du peu)... (co)produit par la Comédie Française suite à la splendide mise en scène d'il y a quelques années... tout y est, millimétré... le texte est là, au cordeau... on peut ne pas aimer... Lagarce c'est du théâtre avant tout... pas un scénario... certains vantent les gros plans... mon expérience de cinéphile (à l'acception originelle du terme) me pousse à penser que les gros plans sont exactement ce qu'il ne faut pas faire au cinéma... à moins d'être Dreyer ou Godard... Pouah... Dolan est charmant mais d'un intérêt qui ne concernent que ceux pour qui la jeunesse est autre chose qu'une étape dans la chronologie... on confond souvent la jeunesse et l'adolescence... je connais de jeunes gens de 70 ans et des vieillards de 24...
RépondreSupprimerJ'avais beaucoup aimé Mommy où je crois qu'une vraie fraîcheur s'était installée, due notamment aux excellents comédiens. Là, je crois qu'on est bien d'accord sur ce côté artificiel, chichiteux dans la forme (le fait d'insister lourdement sur le coucou kitsch etc. Effectivement, il manque là à Xavier Dolan ce qui faisait la fraîcheur et la spontanéité de ses débuts : de la culture tout simplement, des autres cinéastes et de la littérature en général, car l'écriture du film est pitoyable. Je ne connais pas le film de Ducastel et Martineau, mais je vais essayer de combler cette lacune. Merci Pépito pour l'info.
RépondreSupprimer" je connais de jeunes gens de 70 ans et des vieillards de 24..." : pareil !
RépondreSupprimerJ'ai aimé, car ce film m'a ému, malgré les défauts évidents : un Vincent Cassel insupportable (par moment, je croyais qu'il voulait imiter Jean-Pierre Bacri), une Léa Seydoux tête à claque et une musique omniprésente. Nathalie Baye est splendide.
RépondreSupprimerFinalement, ce film est un peu une auberge espagnole ! J'ai réécouté le Masque et la plume de la soirée de jury de Cannes. Bien sûr, il y a des côtés émouvants, notamment du jeu de Gaspard Ulliel. Nathalie Baye reste une immense comédienne. Mais tout ça ne fait pas une ensemble très goûteux. Je crois que Xavier Dolan doit vraiment se ressaisir.
RépondreSupprimerpas vu, aucune envie de le voir d'ailleurs...
RépondreSupprimerJ'ai une trop grande passion pour le théâtre de Jean-Luc Lagarce pour voir son travail haché, malaxé, tronqué... (j'ai demandé autour de moi ce qui restait du verbe de Lagarce : "Rien" m'a-t-on répondu unanimement).
Quant au joli Dolan, bof... j'ai cessé d'apprécier son cinéma clinquant et vieux comme mes robes après les très pop "amours imaginaires"...
Lagarce a été un de nos derniers très grands auteurs de théâtre... son "j'étais dans la maison et attendais que la pluie vienne", récemment montée au Vieux Colombier est un joyaux (dommage que la mise en scène ait été aussi prétentieuse et les actrices aussi inégales...
Hélas quand on n'est pas à Paris, c'est compliqué de voir du théâtre...
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