L'auberge des orphelins

samedi 14 mai 2016

Le chant de l'anaphore

Après avoir dégainé le 49.3 pour faire passer sans vaseline la loi « travail », il est toujours délicieux de se repasser en boucle cette vaste fumisterie à laquelle certains ont cru, comme on peut croire en une religion. En politique, comme en religion, point de salut. Le système, vicié dès lors qu'il n'est que représentatif, crée une classe de spécialistes dont l'objectif unique est l'obtention du pouvoir. Parce que l'obtention du pouvoir est une sublimation de la sexualité, une autre forme de perversion que Sade avait décrite dans son œuvre et que Pier Paolo a illustrée au cinéma. Cette perversion, comme dans toute forme de totalitarisme, mène au chaos et à la mort. J'avais été repris, voici quelques temps, par certains me disant en substance que j'exagérais lorsque, constatant le choix par un gouvernement de gauche de la déchéance de nationalité, mesure par nature d'extrême droite, je considérais que François Hollande s'était rapproché de l'extrême droite. C'était pourtant un fait objectif. Voici maintenant que les mesures prises avec cet article 49.3 de la Constitution française est une atteinte manifeste au Code du travail et aux avancées sociales telles qu'elles ont été réalisées sous l'action des luttes des classes populaires. S'agit-il d'un nouveau fascisme ? Sans hésiter, oui, très différent de ce qu'il a été sous Mussolini, Hitler, Franco, Salazar, Pétain, et j'en passe. Il s'agit maintenant de se laisser manipuler par un système qui, sous couvert d'une démocratie représentative – la Grèce en est un exemple patent – travaille à détruire tous les acquis sociaux, à déposséder les gens de leurs biens, jusque dans la non garantie de leurs avoirs bancaires. Qui décide de cela ? Personne nommément. C'est un système qui fonctionne en autoallumage, sans autre contrôle que celui de la violence légitime (les institutions régaliennes : justice, police, et, lorsque cela devient plus important, l'armée). N'est-ce pas ironique de constater que les abrutis responsables des attentats, mus par une logique de mort – comme les légions nazies, franquistes et autres, d'ailleurs, les mêmes causes produisant les mêmes effets – ont ainsi fait le jeu de ce pouvoir qui agit contre le peuple ?

Comment résister à cela ? En refusant de faire le jeu des institutions pseudo-démocratiques. Pire que Hollande, ce serait la droite et  l'extrême droite ? C'est déjà le cas : l'extrême droite a fait la preuve qu'elle ne savait gouverner que dans le chaos économique, social et culturel. Nous y sommes déjà en plein. Les jeunes gens qui sont arrivés sur le marché du travail, commençant à cotiser à 27 ou 28 ans doivent déjà renoncer à toute retraite : la durée de cotisation étant de 42 ans au moins, cela fait un départ à la retraite à 70 ans. Autant dire que l'ensemble de la population devra subsister avec des minimas sociaux, sans capacité à se soigner, sans perspective de bénéficier d'une fin de vie décente et heureuse. Est-ce en cela que la gauche présidentielle considère que « ça va mieux » ? L'absence de revenu décent interdira ainsi la possibilité de posséder quelque bien que ce soit, qui servira alors de garantie pour compenser les frais occasionnés par la vieillesse.
Tout ce qui s'est passé en matière d'orientation politique choisie par le parti prétendûment socialiste au pouvoir, on le savait à l'avance. J'ai passé il y a quelques mois sur ce blog la vidéo d'un banquier qui racontait très cyniquement les négociations et la mise au pas de ce que déciderait le Président de la République, que cela soit François Hollande ou tout autre, après l'élection présidentielle de 2012.
Quatre ans ont passé, et tout ce qui était prévu s'est réalisé, continue à se réaliser, de plus maintenant sous l'état « d'urgence » qui permet toutes les turpitudes.

Dans un an auront lieu de nouvelles élections. Je ne suis pas un tribun, mais je sais que mes idées sont partagées par davantage de gens qu'on ne croit et notamment par la jeunesse qui s'est montrée magnifique, bordélique, organisée, sur toutes les places de la république du pays. Il faut maintenant convaincre que l'heure n'est plus à la croyance en une pseudo démocratie représentative, mais qu'il faut pratiquer une démocratie directe. Elle ne sera pas plus bordélique que les lois contradictoires que les professionnels de la politique nous assènent à longueur d'absence parlementaire. Oui, je fais ainsi de l'antiparlementarisme. Que personne n'ose prétendre qu'il me représente : c'est bien ce qu'ont dit les gens de la Place de la République à Paris. D'ores et déjà, il faut refuser d'aller voter pour quiconque ose se présenter à la présidence de la république l'an prochain, et prôner un abstentionnisme total.
J'y reviendrai. En attendant, c'est toujours un plaisir d'écouter le chant de l'anaphore !

 « Le Président doit être à la hauteur de tous ces sujets-là, mais il doit aussi être proche du peuple, être capable de le comprendre... »


12 commentaires:

  1. boui boui boui ! nous sommes sur la même longueur d'onde. voilà pourquoi je me suis pointé à ma mairie pour me faire radier de la liste électorale. ça n'a pas été sans peine pour faire comprendre pourquoi un tel acte.
    certains se sont fait tuer pour avoir le droit de vote. aujourd'hui, ce droit - ça n'engage que moi - n'a plus aucune signification.
    je refuse d'utiliser les procédés mensongers de tous ces élus qui ne représentent qu'eux-mêmes.

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  2. Soyons nombreux, Yves ! Nous le sommes déjà !

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  3. Je suis d'accord sur presque tout, et notamment sur le concept de la démocratie directe.
    Mais j'ai du mal à me faire à l'idée de la fille Le Pen présidente l'an prochain : ce qui ne manquera pas d'arriver si - comme l'envie me taraude - nous nous abstenons en masse.

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  4. Ah ! Mais il ne s'agit pas de se faire à l'idée de la blondasse à la présidence de la république ! Il s'agit de faire en sorte que l'élection présidentielle, légale, mais déjà illégitime, devienne de fait illégale, de démontrer, par tous les moyens acceptables, que l'élection est une violence inacceptable, et que toute élection dès lors devient illégale : l'insoumission est la seule méthode. Mais elle n'est pas encore élue : des "affaires" de financements poutiniens ou d'ailleurs risquent de resurgir...

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  5. Cela induit un changement de constitution et/ou... la révolution. Mais rendre l'élection illégale, reviendrait à la dictature du peuple, voire du prolétariat : vous connaissez l'Homme, n'est-ce-pas ? Vous savez ce qu'il fait des idées les plus généreuses.
    Je crois que la blondasse arrivera au pouvoir, et que s'ensuivra un cataclysme dont on ne peut prévoir les conséquences.
    Je suis allé voir les "Nuit debout". Rien à espérer de ce côté non plus. Une impasse, en fait.

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  6. Oui, c'est sans doute vers un changement de constitution que nous amène le chaos actuel. La 4ème République empêtrée dans un embrouillamini parlementaire à induit un système de retour à une oligarchie fondée sur les bases de l'Ancien régime. Il faut retrouver des assemblées locales, des circuits courts de décisions locales et un système fédéraliste qui soit l'expression de l'intérêt général. Bref, tout ce que les institutions françaises nostalgiques de l'Ancien régime se sont acharnées à combattre depuis toujours...

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  7. L 'Europe politique est construite , que le gouvernement soit de droite ou de gauche, les méthodes employées sont quasi identiques et toutes avec une seule ambition: garder le cap dicté par les instances européennes et ou la banque centrale !

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  8. Cela veut dire aussi Joseph, qu'il faut réformer l'Europe, virer la Commission européenne à la solde des lobbies et commencer enfin à faire l'Europe de la culture de manière prioritaire.

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  9. vaste programme ! mais irréalisable selon moi. la seule manière - peu recommandable : l'assassinat pur et simple d'un paquet de mecs aux postes clés. trop de monde, trop de boulot, pas de personnel.

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  10. je rejoindrais presqu'Yves dans son expression de la quasi-impossibilité d'agir sans mettre au placard cette idée qu'aucune cause au monde ne vaut qu'on tue pour elle .

    D'ailleurs dans une de ses "Tranches de vie"(4) Lauzier en 1978 faisait dire à un de ses protagonistes " La victoire de la gauche signifierait simplement la prise de pouvoir d'une certaine élite possédant à la fois le langage économique et le langange idéologique permettant de manipuler les masses" et à la question : -Et qu'est ce que la nouvelle gauche se propose de faire ?" ,répond :-certainement pas prendre le pouvoir..;mais vous empêcher; tous, de gouverner en rond!"

    Rien de nouveau sous le soleil alors il reste la nuit pour nous porter conseil et si possible dans les bras de qui on aime!

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  11. Bien vu, Joseph. Toutefois il ne faut pas renoncer à la seule chose qui vaille en société: vivre ensemble sans la volonté de domination.

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Généralement, je préfère qu'on m'écrive au stylographe à plume et à l'encre bleue... L'ordinateur n'a pas intégré encore ce progrès-là !