(suite du billet du 3 septembre 2015)
Le seul dieu auquel j’accorde un quelconque crédit reste
décidément un personnage infréquentable. Je ne suis pas sûr qu’on pourrait en
trouver ici une trace archéologique, mais qu’importe ? Est-il besoin en
permanence de donner des légitimités ? Quand il ne serait qu’au fond d’une
cuve où se fait l’âpre vin cévenol, son rire éclaterait dans les myriades de
bulles qui montent à la surface de la tine pour s’épanouir d’étourdissement. Ses
avatars peuvent revêtir de nombreuses formes, et je joue à l’incarner lorsque
mon humeur m’y incite. Ma folie d’enfant caché ne se plaît parfois qu’à jouer
entourloupes, défaire ce que l’on a patiemment construit pour proposer d’autres
voies à la raison, penser de nouvelles logiques qui me sont toutes plus utiles
que la raison raisonnante des chercheurs d’un soleil confus, où ils croient
trouver la lumière.
Savent-ils seulement que la lumière ne se découvre vraiment que dans l’ombre, la noirceur la plus totale ? C’est le plus petit lumignon, la plus petite luciole voletant au-dessus d’un ruisseau qui sait indiquer le bon chemin, un chemin de détours, zigzagant entre rochers et broussailles, où l’ivresse de l’esprit comme celle du corps sont en mesure de laisser entrevoir les grâces du monde comme celles de l’enfer.
Savent-ils seulement que la lumière ne se découvre vraiment que dans l’ombre, la noirceur la plus totale ? C’est le plus petit lumignon, la plus petite luciole voletant au-dessus d’un ruisseau qui sait indiquer le bon chemin, un chemin de détours, zigzagant entre rochers et broussailles, où l’ivresse de l’esprit comme celle du corps sont en mesure de laisser entrevoir les grâces du monde comme celles de l’enfer.
Qui n’a pas suivi ce chemin ne connaît que peu la fragilité des choses : savoir comment il fut détruit par les Titans, déchiré vivant de leurs dents féroces, dévoré dans un sacrifice sans concession, permet d’apprécier sa douceur auprès des êtres les plus humbles, du plus petit fétu de paille. Il fallait qu’il fût deux fois né et mort au moins une fois pour comprendre les mystères de la vie. Je raconterai sa fidélité, passant à Lerne, auprès de Polymnos qui aima sa beauté. Y eut-il, en effet, amant plus assidu, dispensateur de désir, désir toujours plus dévorant lui-même au point tel qu’il fallut l’allier à la folie ?
Je relis le courrier de G. Je sais qu’il y a eu ce temps que
lui comme moi, avons su occuper, remplir de trop de fatras, peut-être. Il me
rappelle quelques moments où dans les rues de Cannes et de Grasse, nous
parlions, enflammés, de théâtre, de cinéma ; des moments d’humour partagés
et des anecdotes que notre vie commune éphémère avait su engendrer. Il ne me
précise pas si sa vie si bien construite a pu parfois s’émanciper de trop de
sagesse. Je m’interroge à ce sujet, moi qui, touché un jour par le dieu de
l’ivresse, ai toujours pris la part de la déraison, seule qui me soit restée. À
ce titre, et pour le prix à payer, je conserve le droit du sourire.
Je lui confirme que j’existe encore, que je sais aimer et
trancher dans le vif. Et si j’avais à n’y être plus, il pourra sans doute
encore écrire à la même adresse. Le Dionysos caché au plus profond de la Maison
des Cévennes pourra encore lui répondre dans le chant d’un oiseau, la musique
du ruisseau et dans le vent des grands frênes.
J'aime beaucoup merci pour ce morceau de soleil,de végétation odorante, de bruissement d'insectes, de chuchotement de satires et de faunes, de pensées et de souvenir de magie qui relie deux terres ou les dieux s'amusent rient et se chamaillent.deux terres d'hydromel.
RépondreSupprimerMerci Unnu !
RépondreSupprimerTexte très inspiré et inspirant.
RépondreSupprimerSuivi du commentaire de unnu qui l'est tout autant.
Voila qui fait naître, en nous, un sourire (qui restera invisible) avant d'entrer dans un monde sagement rangé où nous pourrons entendre les éclats de rire de l'enfant qui nous habite..
Marie
Heureux de vous procurer ce sourire, Marie.
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