Au mois de juin, avec ces chaleurs, on se surprend à observer la nature, à humer les odeurs suaves des fleurs, des arbres. Les lis sont en pleine floraison, et les châtaigniers commencent à se couvrir de chatons jaunes qui m'interpellent de leur fragrance particulière. Et le Divin Marquis, qui s'y connaissait, avait même raconté comment le châtaignier, si proche de l'homme par ses caractéristiques nourricières, par la beauté des fibres de son bois, par la douceur de ses châtaignes au moment de l'automne, était encore plus proche de la nature de l'homme qu'on ne le supposerait...
« On prétend, je ne l'assurerais pas, mais quelques savants
nous persuadent que la fleur de châtaignier a positivement la même odeur
que cette semence prolifique qu'il plut à la nature de placer dans les reins de
l'homme pour la reproduction de ses semblables. Une jeune demoiselle d'environ
quinze ans, qui n'était jamais sortie de sa maison paternelle, se promenait un
jour avec sa mère et un abbé coquet dans une allée de châtaigniers dont
l'exhalaison de fleurs parfumait l'air dans le sens suspect que nous venons de
prendre la liberté d'énoncer.
— Oh mon Dieu, maman, la singulière odeur, dit la jeune
personne à sa mère, ne s’apercevant pas d’où elle venait… mais sentez-vous,
maman, c’est une odeur que je connais.
— Taisez-vous donc, mademoiselle, ne dites pas de ces
choses-là, je vous en prie.
— Et pourquoi donc, maman, je ne vois pas qu’il y ait de mal
à vous dire que cette odeur ne m’est point étrangère, et très assurément, elle
ne me l’est pas.
— Mais, mademoiselle…
— Mais, maman, je la connais, vous dis-je ; monsieur
l’abbé, dites-moi donc, je vous prie, quel mal je fais d’assurer maman que je
connais cette odeur-là.
— Mademoiselle, dit l’abbé en pinçant son jabot et flûtant
le son de sa voix, il est bien certain que le mal est en lui-même peu de
chose ; mais nous sommes ici sous des châtaigniers, et que nous autres
naturalistes, nous admettons en botanique que la fleur de châtaignier…
— Eh bien, la fleur de châtaignier ?
— Eh bien, mademoiselle, c’est que ça sent le f… »
De toute évidence, il n'y a pas que les chatons (les fleurs) qui évoquent l'anatomie masculine... |
C'est avéré. Je cherche désespérément dans le commerce un désodorisant à base de cette fragrance...
RépondreSupprimerMerci pour ce texte. Mes châtaigniers sont en fleurs depuis peu, je vais dès demain en vérifier cette fragrance dont le mâle caractère m'avait échappé !
RépondreSupprimer@ Silvano : c'est commercialisé parfois sous un autre nom que "fleur de châtaignier", mais quelques vieux mouchoirs peuvent faire l'affaire...
RépondreSupprimer@ Estèf : en tout cas, vers chez moi c'est frappant : les vallées sont en rut dès qu'il fait chaud !
Certes, mais la bogue pique...
RépondreSupprimerMarie
@ Marie, tous les fruits savent se laisser déguster, pourvu qu'on ait pris le soin de les approcher avec doigté !
RépondreSupprimerJe ne suis pas une enfant, ni prude mais je ne comprends pas à quoi il fait référence dans la phrase " Eh bien, mademoiselle, c’est que ça sent le f… "
RépondreSupprimerÀ la fin du XVIIIe siècle, on n'écrit pas, dans un livre de contes, le mot "foutre", Annaëlle. Le texte paraît bien innocent aujourd'hui !
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