En écho au billet sur Joselito présenté récemment, voici un documentaire de Luis Buñuel, Tierra sin pan. Las Hurdes, tourné en 1932. Il n'est pas possible, évidemment, de proposer la lecture de ce film sans l'assortir d'un minimum de commentaires.
Présenté au public en 1937, ce documentaire est une réalité-fiction au sens où il s'agit, en s'appuyant sur une thèse de géographie humaine, d'illustrer la situation sociale et économique dans une petite région d'Estrémadure, en Espagne. Si le propos du cinéaste est de montrer, tout en la dénonçant, la pauvreté et la misère du milieu rural de cette période qui vit arriver la République et la démocratie en Espagne, ce propos s'accompagne également d'une volonté de mettre l'accent sur une situation que la bourgeoisie et la monarchie espagnole ont laissé se dégrader : c'était également une situation semblable qui se retrouvait, en Italie et peut-être de manière moins accentuée, mais à peine, en France.
Il s'agit donc à travers ce film de justifier l'action de la République et de montrer à quel point la société espagnole, vivant de fatalité, de pratiques rituelles traditionnelles parfois contestables et cruelles, doit changer pour permettre à chacun d'évoluer dans ses droits, dans son mode de vie.
Pour les besoins du film, il fallut tuer un âne et une chèvre ; ces éléments nous heurtent aujourd'hui. Ils renforcent le sentiment de cruauté voulu par Luis Buñuel. L'équivalent français de ce documentaire qui comporte, rappelons-le, des parties de mises en scène, fut le célèbre film de Georges Rouquier, Farrebique, sorti en France en 1946, et qui n'a pas tout à fait la même intention que celle de Buñuel.
Ce film est donc à voir avec toute la distance du temps, et il faut dépasser quelques images qui nous choquent aujourd'hui pour prendre la mesure des difficultés qui ont été celles d'une population rurale abandonnée. Bien évidemment le film fut longtemps censuré, à différentes périodes. On ne peut voir ce film sans se référer également au travail de l'anthropologue Colin Turnbull sur les Iks, société de l'Ouganda qui, déstructurée par des raisons externes, se sert de la pratique de la cruauté pour survivre.
En 1975, Peter Brook utilisa le travail de Colin Turnbull pour étendre la réflexion de cette notion de cruauté dans un monde déstructuré pour l'appliquer à nos sociétés contemporaines. Quarante ans après, on peut concevoir que cette réflexion soit toujours d'une cuisante actualité.
Présenté au public en 1937, ce documentaire est une réalité-fiction au sens où il s'agit, en s'appuyant sur une thèse de géographie humaine, d'illustrer la situation sociale et économique dans une petite région d'Estrémadure, en Espagne. Si le propos du cinéaste est de montrer, tout en la dénonçant, la pauvreté et la misère du milieu rural de cette période qui vit arriver la République et la démocratie en Espagne, ce propos s'accompagne également d'une volonté de mettre l'accent sur une situation que la bourgeoisie et la monarchie espagnole ont laissé se dégrader : c'était également une situation semblable qui se retrouvait, en Italie et peut-être de manière moins accentuée, mais à peine, en France.
Il s'agit donc à travers ce film de justifier l'action de la République et de montrer à quel point la société espagnole, vivant de fatalité, de pratiques rituelles traditionnelles parfois contestables et cruelles, doit changer pour permettre à chacun d'évoluer dans ses droits, dans son mode de vie.
Pour les besoins du film, il fallut tuer un âne et une chèvre ; ces éléments nous heurtent aujourd'hui. Ils renforcent le sentiment de cruauté voulu par Luis Buñuel. L'équivalent français de ce documentaire qui comporte, rappelons-le, des parties de mises en scène, fut le célèbre film de Georges Rouquier, Farrebique, sorti en France en 1946, et qui n'a pas tout à fait la même intention que celle de Buñuel.
Ce film est donc à voir avec toute la distance du temps, et il faut dépasser quelques images qui nous choquent aujourd'hui pour prendre la mesure des difficultés qui ont été celles d'une population rurale abandonnée. Bien évidemment le film fut longtemps censuré, à différentes périodes. On ne peut voir ce film sans se référer également au travail de l'anthropologue Colin Turnbull sur les Iks, société de l'Ouganda qui, déstructurée par des raisons externes, se sert de la pratique de la cruauté pour survivre.
En 1975, Peter Brook utilisa le travail de Colin Turnbull pour étendre la réflexion de cette notion de cruauté dans un monde déstructuré pour l'appliquer à nos sociétés contemporaines. Quarante ans après, on peut concevoir que cette réflexion soit toujours d'une cuisante actualité.
Y aurait il ainsi des documentaires véristes?
RépondreSupprimerVous me posez une colle, Joseph ! J'ai toujours un peu de mal avec les typologies qui sont forcément réductrices. S'il y a un genre de rattachement, il concernerait davantage le misérabilisme qui fut souvent pratiqué pour rehausser le regard du commentateur.
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