Dans le billet consacré samedi dernier à Alexandros Grigoropoulos/Αλέξανδρος Γρηγορόπουλος, j'ignorais que le même jour, le rappel des événements de 2008 allait embraser une nouvelle fois la cité.
Aux côtés d'Alexandre, quand il fut assassiné, se trouvait son ami, Nikos Romanos/Νίκος Ρωμανός, qui avait le même âge que lui. Nikos a porté le cercueil de son ami. On peut imaginer ce qui signifie cette mort pour les Athéniens, et encore plus pour Nikos. Cette mort a déterminé son engagement à lutter contre l’État grec qui a fait une fois de plus la démonstration qu'il agissait contre son propre peuple. Terrible histoire de la Grèce moderne, depuis qu'elle a pris son autonomie en luttant contre la domination ottomane, qui est tombée sous la dépendance organisée des nations occidentales (France, Grande-Bretagne, Prusse et Russie) et en ont fait délibérément un rempart contre la puissance turque et musulmane, et un laboratoire politique et social.
Admirables Grecs ! qui ont supporté, j'y reviendrai, les pires tourments y compris la guerre civile, à l'issue de la Seconde Guerre mondiale, que les pays occidentaux (menés notamment par Churchill, peu soucieux de faire verser "du sang et des larmes" aux Grecs), inquiets de voir un régime communiste risquer de s'installer, ont fomentée en armant les groupes fascistes. Aris Fakinos témoignait que cette guerre civile fut aussi atroce que la guerre civile d'Espagne.
Laboratoire pour les intérêts financiers, la Grèce l'est restée. Aujourd'hui la misère a dépassé toute limite, et la manière dont l'austérité a été organisée ressemble à un génocide. Suicides, hôpitaux sans médicaments, malades abandonnés sans soins, etc. sont le quotidien des Grecs.
Nikos, submergé par l'inacceptable meurtre de son ami, s'est lancé, sans doute de manière inconséquente, dans une lutte marginale en braquant une banque, à la manière des anarchistes de Jules Bonnot quatre ans plus tard. Arrêté par la la police, tabassé, il purge une peine de quinze ans de prison. La loi grecque lui permettait de reprendre des études, ce qu'il souhaitait. Devant le refus des autorités judiciaires, il se met en grève de la faim, grève qui a duré 29 jours. Une immense et formidable solidarité s'est étendue dans la population d'Athènes, lui apportant un soutien sans faille. Devant cette mobilisation, le parlement grec vient d'adopter une loi généralisant cette possibilité d'étudier pour les détenus.
On trouvera les détails de l'histoire en anglais dans l'article suivant : clic
et en français sur le site Basta ! : clic
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Ne nous y trompons pas : l'histoire de la Grèce moderne est également la nôtre. Les forces obscures sont à l’œuvre, qui exploitent la misère, la haine des étrangers, des homosexuels, des femmes. La distance géographique de ce pays ne doit pas nous faire oublier que chez nous également, les mêmes processus de destruction du ciment social nous mettent tous et toutes en danger. A nous de réaffirmer notre sens de la fraternité.
Nikos pendant son arrestation
Après le tabassage
Billet passionnant.
RépondreSupprimerMerci Silvano.
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